(Montréal) Le constructeur québécois de semi-remorques commerciales Manac pourrait devoir mettre à pied jusqu’à 200 employés d’ici les prochains mois en raison d’un ralentissement dans l’industrie.

C’est ce qu’a indiqué le président et chef de la direction de l’entreprise en marge d’une annonce concernant un financement de prêts totalisant 170 millions. Ce montant doit permettre notamment à Manac d’agrandir et de moderniser son usine établie depuis 1967 à Saint-Georges, en Beauce.

Charles Dutil a mentionné à La Presse Canadienne que la société a envoyé il y a quelques semaines un avis de mises à pied potentielles.

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Le président et chef de la direction de Manac, Charles Dutil

« Nos employés ont été informés. On croit que le nombre de mises à pied ne se rendra pas à 200 », a-t-il affirmé en entrevue.

M. Dutil a expliqué que l’industrie de l’équipement de transport est confrontée à un ralentissement en Amérique du Nord.

« La production va être significativement plus basse en deuxième moitié de 2024 que ce que nous avons connu dans les quelques dernières années. Malheureusement, on ne peut pas avoir plus d’heures de production que ce qui est requis », a-t-il déclaré.

Les mises à pied possibles pourraient survenir d’ici la fin de l’été ou au début de l’automne. Elles seraient réparties dans différentes usines de l’entreprise.

Leur nombre pourrait être moindre si certaines soumissions débloquent ou si certaines commandes entrent plus rapidement qu’anticipé, a précisé M. Dutil.

En début d’année, Manac avait aussi signifié la possibilité de mettre à pied 45 personnes. Environ une douzaine de personnes ont finalement été licenciées avant d’être rappelées au travail quelques semaines plus tard, a relaté le PDG.

Le financement, annoncé jeudi, a été obtenu auprès d’Investissement Québec, BDC et Desjardins. Il doit permettre de « catalyser la stratégie de croissance » de l’entreprise, notamment par les travaux à son usine de Saint-Georges et le déploiement de nouveaux centres de ventes et service au Québec et ailleurs au Canada.

Questionné à savoir si ce financement pouvait permettre d’éviter les mises à pied, M. Dutil a répondu que ce sont « deux situations complètement indépendantes dans la vie de l’entreprise ».

Le financement est lié au projet de modernisation et d’agrandissement de l’usine de Saint-Georges qui a été planifié au cours des 18 ou 24 derniers mois, et celui-ci est présentement en exécution pour au moins deux ans, a affirmé M. Dutil.

« Au travers de cette période de réalisation du projet, il y a le cycle économique » qui entraîne un ralentissement, a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, M. Dutil indique que les sommes obtenues vont permettre d’adapter l’usine de St-Georges « à l’évolution des dimensions des semi-remorques permises par les normes ». Elles doivent aussi permettre « d’améliorer la productivité par l’intégration de technologies innovantes et d’élargir le rayonnement de l’offre de la compagnie par la mise en place de nouveaux centres de ventes et service au Québec et au Canada ».

Ayant participé à l’annonce, jeudi, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a fait valoir qu’avec ses « nouvelles installations à la fine pointe, l’entreprise se donne les moyens pour demeurer le leader au Canada dans son domaine ».

Le financement comprend une opération de refinancement à hauteur de 30 millions. Des prêts de 40 millions par l’entremise du programme ESSOR, administré par Investissement Québec à titre de mandataire du gouvernement, et de 30 millions directement des fonds propres d’Investissement Québec sont accordés à Manac.

Desjardins et BDC accordent chacun des prêts de 50 millions.

Manac construit ses remorques dans trois usines au Québec, une en Colombie‑Britannique et une autre au Missouri.