À quelques jours de son assemblée annuelle, la jeune pousse québécoise de l’électrification Taiga, dont l’avenir est incertain, voit son chef de la direction financière quitter le navire pour aller poursuivre sa carrière sous d’autres cieux.

Le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques, soutenu par les gouvernements provincial et fédéral, n’a pas encore trouvé de successeur à Eric Bussières, qui demeurera en poste jusqu’au 12 juillet prochain.

Voir une jeune pousse dans la tourmente perdre un spécialiste des finances d’expérience comme M. Bussières n’est jamais de bon augure, estime le professeur au département de gestion de l’Université McGill Karl Moore.

« C’est le genre de gestionnaire d’expérience que les banquiers et investisseurs apprécient parce qu’ils font confiance à son jugement, observe M. Moore. S’il dit que c’est correct, c’est parce que ça l’est. C’est possible qu’il ait une idée de la tempête à venir et qu’il désire partir avant. »

Avant de se joindre à Taiga, en novembre 2021, M. Bussières avait occupé plusieurs postes en finance au sein de multinationales québécoises comme Uni-Sélect et CAE pendant près de trois décennies.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE TAIGA MOTORS

Eric Bussières quittera son poste de chef de la direction financière de Taiga le 12 juillet.

Dans sa déclaration diffusée par l’entreprise, M. Bussières évoque le travail accompli jusqu’à présent par le constructeur québécois, sans toutefois s’avancer sur son avenir. La personne qui doit lui succéder doit être nommée à une date « ultérieure », souligne Taiga.

« Nous continuerons à bâtir sur les bases solides de rigueur financière inculquée dans l’ensemble de l’organisation au cours de la phase initiale de mise à l’échelle de la production », s’est limité à dire le chef de la direction, Samuel Bruneau.

L’annonce n’a pas semblé ébranler les investisseurs. À la Bourse de Toronto, mardi, l’action de la société a avancé de 3,6 %, ou 1 cent, pour clôturer à 29 cents. Cela lui conférait une valeur boursière d’à peine 9 millions.

Taiga doit faire face à plusieurs défis financiers. Les activités sont à l’arrêt pour une durée indéterminée dans son usine située dans l’arrondissement montréalais de Lachine. L’endroit, qui comptait plus de 300 salariés l’automne dernier, a vu son effectif fondre du tiers.

Alors que ses coffres se vident, le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques a déjà fait savoir qu’il existait une « incertitude significative » sur son avenir. À la fin du premier trimestre ayant pris fin le 31 mars dernier, il ne lui restait que 2,5 millions en trésorerie. Les possibilités de financement semblent inexistantes.

« La société estime qu’il est peu probable qu’elle soit en mesure d’obtenir un financement supplémentaire […] dans un avenir prévisible », avait-elle prévenu dans son plus récent rapport trimestriel.

Exportation et développement Canada avait accepté de prêter 5,25 millions de plus à Taiga en mars dernier. L’entreprise avait reçu une bouée de sauvetage d’Investissement Québec et de Northern Private Capital le 30 mars 2023. Le bras investisseur du gouvernement québécois et la firme torontoise avaient accepté de lui prêter 40 millions.

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  • 2015
    Année de fondation de Taiga.
    Source : taiga