Peu présente dans le marché de l’alimentation à rabais, la société mère d’IGA, Empire, voit ses ventes stagner depuis des mois et se retrouve à la traîne de ses principaux concurrents. La popularité moins forte que prévu de l’épicerie en ligne la force aussi à mettre sur pause le développement de son service Voilà.

Initialement prévue pour 2025 à Vancouver, l’ouverture du quatrième centre de distribution au Canada de Voilà, service d’épicerie en ligne d’IGA, a été suspendue.

« La taille véritable du marché du commerce électronique des produits alimentaires au Canada est plus petite que ce que nous avions prévu. […] Nous perdons donc plus d’argent que nous l’avions initialement estimé », a expliqué le président et chef de la direction d’Empire, Michael Medline, après la publication des résultats du quatrième trimestre conclu le 4 mai dernier.

Sans préciser la date du report, la pause aura lieu « jusqu’à ce que la pénétration globale du commerce électronique dans les produits alimentaires augmente », a-t-il ajouté.

L’entreprise néo-écossaise s’attendait à un taux de pénétration de 6 ou 7 %, mais il s’établit actuellement à 4 %.

Le taux de pénétration global du commerce électronique d’épicerie ne s’est pas sensiblement accéléré à la sortie de la pandémie, ont évalué des analystes chez BMO dans une note destinée à leurs clients publiée jeudi.

Chez Metro, la diversification des partenariats en ligne, notamment avec Instacart et Uber, fait ses preuves selon d’autres analystes de la Banque TD.

La direction d’Empire souhaite faire de même en mettant fin au partenariat exclusif avec Ocado, entreprise spécialisée dans le traitement automatisé des commandes en ligne, pour permettre une plus grande souplesse au client.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Centre de distribution automatisée d’IGA Voilà, à Montréal

Empire estime que ces mesures, associées à un contrôle plus strict des coûts, auront un impact positif significatif sur la rentabilité de Voilà en 2025.

« On demeure optimistes, puisqu’on croit que Voilà sera une solution bénéfique à long terme dans le secteur du commerce en ligne », a dit M. Medline.

Rabais recherchés

Au cours de son 4trimestre clos le 4 mai, les ventes des magasins comparables d’Empire ont augmenté d’à peine 0,2 % par rapport à la même période l’an dernier. Et ce, malgré l’inflation. Ces données excluent les ventes d’essence.

Cette hausse est beaucoup plus marquée chez Loblaws et Metro, concurrents principaux d’Empire au Canada, dont les ventes des magasins comparables ont respectivement augmenté de 4,1 % et de 2,7 % lors de leur quatrième trimestre.

Pourquoi ? Loblaws possède Maxi, tandis que Metro détient Super C. Deux grandes bannières à rabais qui attirent dans un contexte de pression inflationniste, selon des analystes de la Banque TD.

Empire possède une nouvelle bannière à rabais depuis 2010, FreshCo. Mais elle n’existe pas au Québec.

La province représente pourtant un important marché, puisqu’elle constitue 22 % de la population canadienne, selon les plus récentes estimations de Statistique Canada.

Selon les plus récents sondages menés par Nielsen, 89 % des consommateurs canadiens recherchent activement des prix plus bas pour les produits de consommation courante.

« Empire n’a simplement pas assez d’exposition dans le secteur des chaînes à rabais pour que ses ventes des magasins comparables conservent le même rythme », ont fait part les analystes de TD.

Faire un choix

C’est près de sept Canadiens sur dix qui changent délibérément de magasin pour réduire leurs dépenses alimentaires, selon Nielsen.

Michael Medline croit toutefois être en mesure d’attirer de nouveaux clients vers ses services d’alimentation.

« Nous n’envisageons pas une forte hausse du nombre de clients avant au moins 2025, c’est-à-dire après une baisse significative des taux d’intérêt », ont de leur côté conclu les analystes chez TD.

La totalité des ventes du quatrième trimestre d’Empire atteint 7,4 milliards, soit à peu près le même niveau qu’il y a un an. La société, aussi mère des chaînes d’épicerie Sobeys et Safeway, versera désormais un dividende trimestriel de 20  cents par action, en hausse par rapport à 18,25 cents par action.

Cette nouvelle a fait progresser l’action d’Empire de 5,4 % jeudi à la Bourse de Toronto.

Pour l’ensemble de l’exercice, le chiffre d’affaires s’établit à 30,7 milliards, en hausse de 255 millions.