(Paris) Trois ans après la retentissante éviction de son patron, Danone tente jeudi de convaincre les investisseurs que l’entreprise agroalimentaire a mué en une valeur sûre, forte de son positionnement sur le marché porteur de la nutrition médicale.

« J’espère que vous mesurez comme le Danone d’aujourd’hui est différent du Danone d’il y a deux ans », a déclaré le directeur général Antoine de Saint-Affrique, lors d’une présentation aux investisseurs de la stratégie de la multinationale française qui produit les marques Activia, Fortimel et Evian, depuis son site d’Amsterdam.

Son prédécesseur Emmanuel Faber avait été évincé début 2021 à la suite d’une fronde d’actionnaires réclamant davantage de résultats et une meilleure rétribution du capital.

Dans un communiqué publié en tout début de matinée, Danone (40,6 milliards CAN de chiffre d’affaires en 2023, plus de 96 000 salariés) dit son « ambition de proposer des rendements attractifs ».

Le groupe prévoit « pour la période 2025-2028, une croissance du chiffre d’affaires à données comparables [à périmètre et taux de change constants] comprise entre “3 et” 5 % et une croissance du résultat opérationnel courant [l’indicateur de rentabilité mis en avant] plus rapide que celle du chiffre d’affaires ».

Il visait déjà pour l’année en cours une progression du chiffre d’affaires de même ampleur. Ce dernier avait augmenté de 7 % en 2023 du fait de la hausse des prix de vente.  

Danone cherche une « croissance de meilleure qualité », selon l’expression de son directeur général, ce qui suppose d’augmenter les volumes écoulés et de vendre des produits qui rapportent davantage.

« Nous considérons ces objectifs solides comme une marque de confiance », relèvent les analystes de la banque d’investissements Stifel dans une note.  

À la Bourse de Paris, vers 13 h (7 h heure de l’Est), le titre reculait de 3,84 % à 56,66 euros (83,34 dollars CAN) dans un CAC 40 en hausse de 0,89 %.

L’action reste bien en deçà des 80 euros (118 dollars CAN) atteints en 2019.

« Portefeuille le plus sain »

À l’arrivée de M. de Saint-Affrique en septembre 2021, Danone était un « corps malade », rapporte un porte-parole du groupe. « Les deux ou trois dernières années ont démontré qu’on pouvait à la fois transformer l’entreprise, faire du business de façon responsable et performante tout en délivrant des retours à nos actionnaires », ajoute cette source.  

Le groupe pionnier du yaourt industriel, dont la fondation remonte à 1919, a fait le ménage dans son portefeuille – avec notamment la cession des produits laitiers bio Horizon Organic aux États-Unis – et investi pour étoffer son activité « santé », qui s’adresse à des patients suivis médicalement et non plus à des consommateurs.

Danone a ainsi récemment acheté une entreprise américaine spécialisée dans l’alimentation par sonde, Functional Formularies.  

Il a aussi annoncé en mai investir 60 millions d’euros (88 millions CAN) dans une usine du nord de la France pour créer une ligne de production dédiée aux compléments nutritionnels délivrés sur ordonnance, notamment aux personnes soignées pour un cancer.

Le groupe entend poursuivre sur cette lancée. « La nutrition médicale est assurément l’une des plus fortes occasions de croissance à long terme pour Danone » alors que la population mondiale « vieillit sans être en meilleure santé », observe Antoine de Saint-Affrique, évoquant un marché potentiel de 20 milliards d’euros (29 milliards CAN).  

« On a le portefeuille le plus sain [sur le plan nutritionnel] du secteur de l’alimentation et des boissons », loue par ailleurs le directeur général.

C’est pour lui leur « meilleur atout » alors que l’industrie se voit reprocher de vendre des produits trop gras, trop sucrés, trop salés.

Le concurrent Nestlé, numéro un mondial de l’agroalimentaire, propriétaire entre autres des barres chocolatées KitKat, a été vivement critiqué en avril par un groupe d’investisseurs lui demandant d’augmenter la part des aliments sains dans son chiffre d’affaires.

Les consommateurs ont « aussi besoin de se faire plaisir » avec des produits « indulgents », remarque le porte-parole de Danone. Le groupe, qui produit des desserts pour enfants et des crèmes aromatisées pour agrémenter son café, est selon cette source « quasiment le seul à maîtriser les procédures pour réduire le taux de sucre sans altérer le goût et l’expérience ».