La compagnie WestJet a annoncé dans un communiqué, publié tard dans la nuit de mercredi à jeudi, qu’elle retournait à la table des négociations avec l’Aircraft Mechanics Fraternal Association (AMFA), qui avait annoncé être prêt à déclencher une grève dès jeudi soir.

WestJet indique que le syndicat, qui représente quelque 670 mécaniciens, aurait accepté d’annuler son préavis de grève, les deux parties ayant apparemment convenu, de façon conjointe, de poursuivre les travaux visant à trouver une solution.

Hier, des milliers de clients de WestJet se démenaient après que la compagnie aérienne a annulé plus de 30 vols en prévision d’une éventuelle grève des mécaniciens d’avion jeudi.

Dans une mise à jour mercredi après-midi, la compagnie aérienne avait déclaré qu’environ 6500 voyageurs avaient réservé pour des vols prévus mercredi et jeudi qui ont été annulés. WestJet a affirmé que cette décision réduisait le risque que des passagers soient piégés et garantissait au transporteur d’éviter d’abandonner des avions dans des endroits éloignés.

Environ 670 mécaniciens de WestJet, représentés par l’AMFA, s’étaient dits prêts, hier, pour un arrêt de travail dès jeudi soir après avoir remis à la compagnie aérienne un préavis de grève plus tôt cette semaine à la suite de neuf mois de négociations.

L’entreprise installée à Calgary a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d’intervenir dans le cadre d’un arbitrage exécutoire, qui verrait le tribunal du travail établir un contrat entre les deux parties – leur première convention collective. Entre-temps, le Conseil pourrait interdire un arrêt de travail, une décision sur laquelle WestJet compte alors que les annulations s’accumulent.

WestJet tente d’éviter plus d’annulations de vols et de reprendre ses opérations normales. Cependant la compagnie encourage ses clients à continuer de vérifier le statut de leurs vols.

Le président de WestJet Airlines, Diederik Pen, a dit reconnaître l’impact de ces premières annulations sur les clients et les employés et a affirmé que la compagnie s’engageait à éviter plus de perturbations.

Les membres du syndicat ont voté massivement pour rejeter un accord de principe la semaine dernière et se sont opposés à la demande d’arbitrage de la compagnie aérienne cette semaine.

WestJet a comparu mercredi devant le Conseil afin de parler de la demande d’arbitrage de la compagnie aérienne, dans le cadre de la négociation entre la compagnie aérienne et les mécaniciens.

Le Conseil a déclaré avoir besoin de plus de temps et d’entendre les présentations des deux camps avant de pouvoir décider si la négociation ou non d’une convention devrait collective devait être résolue par un arbitrage.

La défense des droits des passagers

Les réglementations sur la protection des passagers autorisent les clients à un remboursement intégral selon le mode de paiement initial pour les voyages annulés, a souligné Gabor Lukacs, président du groupe Droits des voyageurs (DV).

En cas de grève et que WestJet ne peut pas modifier la réservation des passagers dans les 48 heures suivant l’heure de départ initiale, la compagnie aérienne devra « acheter des sièges de passagers sur des compagnies aériennes concurrentes – aux frais de WestJet », a déclaré M. Lukacs, citant le Règlement sur la protection des passagers aériens.

Pour les voyages annulés avant l’éventuel arrêt de travail qui avait été annoncé, il a soutenu que le transporteur doit enregistrer à nouveau les clients sur les vols de concurrents s’il ne peut pas les faire monter à bord des avions de WestJet dans les neuf heures précédant le départ prévu. La compagnie aérienne devrait également payer les repas et l’hébergement ainsi qu’une indemnisation – distincte d’un remboursement – comprise entre 400 $ et 1000 $, selon la durée du retard.

« Si j’étais un passager concerné, je donnerais à WestJet une chance de me réserver à nouveau chez un concurrent. J’enregistrerais l’appel ou l’interaction. Si la demande était ignorée ou refusée, j’achèterais un billet chez un concurrent, puis je ferais payer à WestJet toutes les dépenses plus l’indemnisation standard [droits des passagers] », a déclaré M. Lukacs.

La compagnie aérienne a déclaré mercredi qu’elle « fait tout son possible pour raccommoder tous les [passagers] concernés ».

Mercredi après-midi, les 31 annulations comprenaient 18 pour ce jour-là et 13 pour jeudi. Elles ont touché des villes allant de Toronto et Vancouver à Regina et Grande Prairie, en Alberta.

Les liaisons intérieures très fréquentées telles que Toronto-Calgary et les vols de séjours populaires, notamment Vancouver-Las Vegas, ont connu des annulations.

Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a affirmé qu’il serait prêt à « traiter ces questions aussi rapidement que possible ».

Le président de WestJet, Diederik Pen, a déclaré mardi soir que la compagnie aérienne était « extrêmement attristée » de déclencher le plan d’urgence et de commencer à stationner les avions après avoir reçu un préavis de grève de 72 heures.

Nous regrettons profondément les perturbations que cela va entraîner sur les plans de voyage de nos invités et des communautés et entreprises qui dépendent de nos services aériens essentiels.

Diederik Pen, président de WestJet

Le syndicat a affirmé lundi qu’il s’opposait à la demande d’arbitrage de WestJet parce que le processus pourrait miner la tentative des techniciens d’entretien d’aéronefs (TEA) d’obtenir de plus grands gains contractuels.

« Si elle était adoptée par le Conseil canadien des relations industrielles, cette mesure irait complètement à l’encontre de l’objectif des TEA de parvenir à un contrat qui changerait l’industrie, car les arbitres sont généralement guidés par les “normes” de l’industrie – les mêmes normes qui ont maintenu les TEA sous la coupe de la direction et des syndicats de l’industrie qui favorisent la majorité non qualifiée », a affirmé lundi le comité de négociation dans un communiqué.

Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, a déclaré que les médiateurs fédéraux continuaient de travailler avec les deux parties cette semaine.

« Les médiateurs sont là. Les choses avancent et nous les soutenons à la table où les meilleurs accords sont conclus », a-t-il déclaré mardi aux journalistes.

Avec les informations de Mia Rabson à Ottawa