L’important projet d’acquisition de la Banque Nationale dans l’Ouest canadien continue de susciter la prudence, comme en témoigne le repli de l’action qui atteint environ 10 % depuis son annonce il y a une semaine.

Le titre de la Banque Nationale a de nouveau reculé durant la première séance boursière de la semaine. L’action de la plus grande banque québécoise a terminé en territoire négatif pour une quatrième séance de suite depuis que la direction a révélé une entente visant l’achat de la Banque canadienne de l’Ouest.

La glissade s’est poursuivie lundi malgré que la Banque Nationale ait mérité un nouvel appui en début de journée. L’analyste Nigel Dsouza, de la firme Veritas, a indiqué à ses clients en matinée qu’il recommande désormais l’achat de l’action de la Banque Nationale en qualifiant le projet d’acquisition de « victoire stratégique », car elle permet de diversifier et d’étendre la franchise des services bancaires aux particuliers et aux entreprises à l’extérieur du Québec.

Son collègue Meny Grauman, de la Scotia, juge de son côté la réaction des investisseurs trop sévère.

Cet expert dit avoir une vision « très positive » du projet de transaction et l’estime « peu risqué ». « C’est une opération stratégique gagnante », souligne-t-il dans une note envoyée lundi à ses clients.

« Comme pour toutes les transactions, l’exécution sera essentielle », précise-t-il.

« Pas beaucoup d’autres choix »

Cette transaction, évaluée à 5 milliards de dollars et appelée à être réalisée par échange d’actions, est certainement cher payée aux yeux du gestionnaire de portefeuille Alain Chung, de la firme Claret.

Ce professionnel du placement estime toutefois que c’est probablement la seule banque que l’institution financière québécoise peut acheter sans chevauchement.

Il n’y a pas d’autre banque canadienne qui peut faire cette opération sans avoir d’importants chevauchements avec ses activités. Et si la Banque Nationale veut grossir au pays, elle n’a pas beaucoup d’autres choix. C’est très sensé sur le plan géographique.

Alain Chung, gestionnaire de portefeuille chez Claret

« La qualité des prêts à la Canadian Western Bank n’est pas aussi bonne que la qualité moyenne des prêts dans les grandes banques, ajoute Alain Chung. Ce n’est pas pour rien que l’action de la banque de l’Ouest se négociait à un prix inférieur à sa valeur comptable. Le marché n’est quand même pas stupide. »

La prime de 110 % offerte par la Banque Nationale n’a pas fini d’alimenter les discussions. Si la prime payée est si élevée, c’est notamment pour empêcher toute offre concurrente, affirme Meny Grauman.

À cet égard, seule la CIBC est en mesure de défier la Banque Nationale, selon l’analyste Mario Mendoca, de la TD, car les autres banques sont soit en train de gérer des transactions de leur côté, soit en train de traiter d’autres questions qui rendraient difficile la présentation d’une offre.

Meny Grauman note par ailleurs que la transaction contribue à diluer davantage l’exposition de la Banque Nationale au Cambodge. Cette situation renforce son opinion selon laquelle la Banque Nationale pourrait décider de vendre l’institution bancaire qu’elle possède en Asie du Sud-Est et qu’il évalue à plus de 2,7 milliards de dollars. « Le gain réalisé pourrait certainement être utilisé pour compenser une partie importante de la dilution résultant de l’achat de la Banque canadienne de l’Ouest. »

Il note que l’ajout de la Canadian Western Bank augmentera de 37 % le portefeuille de prêts canadiens de la Banque Nationale en dehors du Québec et de 52 % son portefeuille national de services bancaires aux entreprises.

« L’opération permettra également de diversifier le flux de revenus de la Banque Nationale et offrira des possibilités de croissance importantes dans les segments des marchés financiers et de la gestion de patrimoine. »

Ils sont dorénavant cinq analystes sur 12 à suggérer l’achat de l’action de la Banque Nationale, selon les informations colligées par la firme de données financières Refinitiv.