(Toronto) Les actions de la Banque canadienne de l’Ouest (CWB) ont bondi mercredi après l’annonce de son achat par la Banque Nationale à une valorisation de 5 milliards, tandis que les actions d’autres banques de taille moyenne ont également enregistré des gains dans la poursuite de la tendance aux acquisitions.

Les actions de la CWB étaient en hausse de près de 70 % à 41,89 $ à la clôture à la Bourse de Toronto après que la Banque Nationale a annoncé l’opération entièrement en actions qui, selon elle, valorise CWB à 52,24 $ l’action.

L’accord intervient après que RBC a finalisé son acquisition de HSBC Canada pour 13,5 milliards à la fin du mois de mars, ce qui a suscité des spéculations sur d’autres transactions à venir.

« L’acquisition de la CWB correspond également à nos attentes en matière de consolidation accrue au sein du secteur bancaire canadien », a déclaré Nigel D’Souza, analyste principal en investissements de Veritas Investment Research, dans une note aux clients.

Il a expliqué le potentiel de consolidation par l’incapacité des petites banques à surmonter les nombreux avantages compétitifs structurels des grandes banques, notamment les économies d’échelle, les vastes réseaux d’agences et les coûts de financement inférieurs.

Les actions de la Banque Laurentienne, dont la recherche d’un acheteur l’an dernier n’a pas abouti à une transaction, ont augmenté d’environ 7 %, tandis que les actions du propriétaire de la Banque EQ, EQB Inc., ont enregistré une hausse de 2,9 %.

L’action de la Banque Nationale a clôturé mercredi en baisse de près de 6 %, à 109,49 $.

L’acquisition de la CWB fait suite non seulement à celle de HSBC Canada par RBC, mais à plusieurs autres, a indiqué Shilpa Mishra, directrice générale des services-conseils en mobilisation de capitaux de BDO.

« Il y a un niveau sans précédent de fusions et acquisitions dans le secteur bancaire canadien », a-t-elle soutenu.

D’autres transactions incluent l’acquisition par la Banque Nationale du portefeuille de prêts canadiens d’un milliard de dollars de la Silicon Valley Bank, l’achat par BMO de Bank of the West pour 16,3 milliards US et la tentative du Groupe Banque TD d’acheter First Horizon avant que les problèmes de lutte contre le blanchiment d’argent ne la fassent échouer.

Concentration du marché

Cette tendance a suscité certaines inquiétudes quant à la concentration accrue du marché, mais Mme Mishra a déclaré qu’elle ne considérait pas l’accord avec la Banque Nationale comme un problème.

« C’est définitivement une bonne chose, a-t-elle affirmé. Il s’agit vraiment d’accroître le portefeuille déjà croissant de la Banque Nationale et cela n’enlève rien au marché. Cela donne à la Banque Nationale une plus grande profondeur de services. »

La Banque Nationale a également présenté l’accord comme un avantage pour le marché, car il permettra à la banque axée sur le Québec de devenir un acteur national plus fort en acquérant les activités de la CWB concentrées en Alberta et en Colombie-Britannique.

« Nous créerons un concurrent plus fort offrant un service complet d’un océan à l’autre, offrant plus de choix aux particuliers, aux entrepreneurs et aux entreprises à travers le pays », a déclaré le président et chef de la direction Laurent Ferreira lors d’une conférence téléphonique après l’annonce de l’accord, mardi.

La CWB devrait conserver ses succursales ainsi que sa direction et ses opérations établies à Edmonton.

L’accord ne soulève pas les mêmes préoccupations que l’acquisition de HSBC Canada par RBC, a déclaré Keldon Bester, directeur général du Canadian Anti-Monopoly Project.

« Il ne s’agit pas de la plus grande institution financière qui achète un concurrent vraiment différenciant là où il y a des chevauchements », a-t-il indiqué.

Mais la CWB s’efforçait de s’étendre vers l’est et la perte d’un acteur en pleine croissance pourrait constituer un problème si d’autres banques cherchaient également à faire des acquisitions, a-t-il déclaré.

« La tendance continue est inquiétante. C’est une porte de moins à laquelle les gens peuvent frapper pour des choses comme le financement des petites entreprises », a-t-il relevé.

Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de petites et moyennes banques qui pourraient être des cibles, il existe un potentiel de rachat de certaines coopératives de crédit qui détiennent une part importante de certains marchés, a-t-il indiqué.

« Le véritable test sera de savoir si les cinq autres (grandes banques) commencent à penser que la chasse est ouverte. »

L’acquisition de la CWB devra obtenir l’approbation des autorités réglementaires ainsi que celle des deux tiers des actionnaires de la Banque canadienne de l’Ouest lors d’une assemblée qui devrait se tenir en septembre.

La transaction devrait être finalisée d’ici la fin de l’année prochaine.