(Toronto) Les actions de BMO Groupe financier ont chuté de près de 9 %, mercredi, après que la banque a publié des résultats inférieurs aux attentes dans un contexte de provisions pour pertes sur prêts plus élevées et de problèmes de croissance aux États-Unis.

La banque, qui a considérablement accru sa présence aux États-Unis au début de l’année dernière avec son acquisition de Bank of the West pour 16,3 milliards US, a fait valoir que les résultats reflètent un environnement difficile dans ce pays, ainsi que la pression exercée sur les emprunteurs canadiens par des taux d’intérêt plus élevés.

BMO gère bien le risque lié au crédit, mais celui-ci est élevé par rapport au trimestre précédent, a indiqué le chef de la direction Darryl White.

« Certains particuliers et entreprises sont affectés par des taux d’intérêt plus élevés sur une longue période et un ralentissement de l’économie », a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence téléphonique sur les résultats.

Aux États-Unis, le secteur bancaire est sous pression depuis mars de l’année dernière, dans un contexte de croissance des prêts plus modérée et de concurrence accrue sur les dépôts, a-t-il souligné.

La combinaison de ces pressions a amené BMO à enregistrer un bénéfice de 1,87 milliard au cours de son deuxième trimestre, en hausse par rapport à 1,03 milliard un an plus tôt, lorsque les résultats avaient été affectés par les charges liées à l’acquisition de Bank of the West.

Sur une base ajustée, BMO affirme avoir gagné 2,59 $ par action diluée, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,89 $ par action diluée au même trimestre de l’année dernière.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 2,77 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.

Les actions de BMO ont clôturé en baisse de 11,62 $, ou 8,86 %, à 119,48 $ mercredi à la Bourse de Toronto, malgré une hausse de son dividende trimestriel de quatre cents à 1,55 $.

Détérioration de la qualité du crédit

Selon les résultats présentés mercredi, les provisions pour pertes sur créances de BMO pour le trimestre se chiffraient à 705 millions. Le total était en baisse par rapport à 1,02 milliard il y a un an, lors de la provision initiale de 705 millions liée au portefeuille de prêts de Bank of the West.

Une grande partie de l’augmentation de l’année dernière concernait les provisions sur le portefeuille de prêts productifs, qui sont plus automatiquement prélevées sur les prêts par mesure de précaution. Le dernier trimestre a toutefois été marqué par une croissance importante des provisions sur les prêts douteux, où la banque a constaté une détérioration de la qualité du crédit et ne peut plus s’attendre à un remboursement intégral du prêt.

Les provisions sur prêts douteux ont totalisé 658 millions, en hausse par rapport à 243 millions l’an dernier.

Les pertes sur les prêts douteux comprenaient 247 millions provenant des services bancaires personnels et professionnels au Canada, en hausse de 44 millions par rapport au trimestre précédent, en raison de l’augmentation des défauts de paiement sur les cartes de crédit et de l’insolvabilité accrue des consommateurs, a indiqué Piyush Agrawal, chef de la gestion des risques, lors de la conférence téléphonique.

Il a déclaré que la banque s’attend à ce que les provisions sur les prêts douteux restent aux niveaux actuels au cours des deux prochains trimestres en raison des attentes réduites en ce qui a trait aux baisses de taux de la Banque du Canada, une situation qui a un effet plus important sur les consommateurs que certains ne l’avaient prévu.

« Il y a le facteur exogène des insolvabilités ou des propositions canadiennes qui ont été et continuent d’être étonnamment supérieures aux attentes générales », a affirmé M. Agrawal.

Les volumes aux États-Unis

Aux États-Unis, les provisions ont totalisé 288 millions, montrant notamment la pression du secteur du camionnage qui est en difficulté depuis un certain temps, a-t-il déclaré.

« Depuis 18 mois, vous avez vu les taux de fret rester à un creux historique, les volumes n’ont pas repris. Si vous regardez l’indice de tonnage américain, c’est un point bas. Et les valeurs de revente, en raison de l’offre excédentaire, ont également été touchées. »

Dans l’ensemble, les provisions sur les prêts douteux étaient 25 % plus élevées que ce que les analystes attendaient, a déclaré Meny Grauman, analyste à la Banque Scotia.

« Le scénario de taux d’intérêt plus élevés pendant plus longtemps est une réalité et semble avoir un impact plus important sur la performance du crédit que Wall Street, ou franchement les équipes de direction, ne l’avait prévu », a-t-il déclaré dans une note.

« La question est de savoir où vont les attentes (en matière de provisions pour pertes sur créances) à partir de maintenant, et il est raisonnable de croire qu’elles seront plus élevées », a-t-il ajouté.

Dans l’ensemble, les revenus bancaires ont totalisé 7,97 milliards, en hausse par rapport à 7,79 milliards au même trimestre de l’année dernière.

Les activités bancaires personnelles et commerciales de BMO au Canada ont rapporté 872 millions au cours du trimestre, en hausse par rapport à 819 millions au même trimestre de l’exercice précédent, tandis que les activités bancaires personnelles et commerciales aux États-Unis ont rapporté 543 millions, en baisse par rapport à 731 millions.

Les activités de gestion de patrimoine de la banque ont généré 320 millions, une progression comparativement à 240 millions un an plus tôt. Les activités de marchés financiers de BMO ont rapporté 459 millions, en hausse par rapport à 370 millions.

Le secteur des services d’entreprise de BMO a enregistré une perte de 328 millions au deuxième trimestre, comparativement à une perte de 1,13 milliard au même trimestre de l’exercice précédent.