(Washington) Les entreprises du secteur privé aux États-Unis ont créé moins d’emplois que prévu au mois de juin, venant confirmer la tendance observée lors des deux mois précédents, selon les données de l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.

Pendant le mois écoulé, 150 000 emplois ont été créés, soit 7000 de moins qu’en mai, dont les données ont été révisées en légère hausse, et le chiffre est également en deçà des prévisions des analystes, qui tablaient sur une reprise de l’emploi et la création de 163 000 nouveaux postes, selon le consensus publié par briefing.com.

« La croissance de l’emploi reste solide, mais moins généralisée. Sans un rebond du recrutement dans l’hôtellerie et le secteur du loisir, juin aurait été un mois à la baisse », a souligné Nela Richardson, cheffe économiste d’ADP, citée dans le communiqué.

« Nous assistons à la poursuite du rééquilibrage du marché du travail. Mais nous anticipons que la croissance se poursuive et que le taux de chômage reste faible, ce qui devrait soutenir l’activité économique cette année », a de son côté commenté dans une note la cheffe économiste de HFE, Rubeela Farooqi.

Les chiffres officiels de l’emploi en juin aux États-Unis seront publiés vendredi. Un ralentissement des créations d’emplois par rapport à mai est attendu, et le taux de chômage devrait lui rester stable 4 %, selon le consensus de briefing.com.

Cependant, la tendance semble être à une remontée progressive du taux de chômage aux États-Unis, qui reste à des niveaux particulièrement bas depuis la fin de la pandémie de COVID-19.

Présent lors d’un forum des banques centrales mardi à Sintra (Portugal), le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell a fait référence à la courbe de Beveridge, concept économique représentant la relation entre le taux de chômage et le nombre d’emplois vacants, estimant que ces derniers baissaient rapidement, ce qui devrait se matérialiser par une légère remontée du chômage.

« Nous arrivons au moment où, traditionnellement, la courbe s’aplatit, ce qui signifie que l’on devrait assister à une hausse du chômage comme conséquence de la baisse des créations d’emplois », a-t-il expliqué.

L’emploi est l’une des priorités de la politique monétaire de la Fed, au même titre que la maîtrise de l’inflation, mais le taux de chômage extrêmement faible aux États-Unis a permis à l’institution monétaire de se concentrer exclusivement sur le ralentissement de l’inflation, qui avait atteint 9,5 % en juin 2022, en relevant fortement ses taux.

«  Un marché de l’emploi en bonne santé permet à la Fed de rester patiente, même si les récentes données positives en termes d’inflation lui offrent des marges en cas de ralentissement inattendu du marché du travail. Nous continuons à anticiper une première baisse pour septembre », ont estimé dans une note les économistes d’Oxford Economics.

Mardi, M. Powell s’est dit satisfait de la trajectoire de l’inflation, mais a ajouté que la Fed ne la voit pas « revenir à 2 % dès cette année ou même l’année prochaine, peut-être en fin d’année prochaine, mais plutôt l’année d’après », en 2026.