Cette semaine, Marie-France Charbonneau, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre de la métallurgie du Québec (CSMO-Métallurgie), répond à nos questions sur le leadership.

L’autobus Les Industrielles : Les femmes dans les métiers des métaux au Québec prendra les routes du Québec jusqu’en décembre 2025. Comment se sont passés vos premiers arrêts jusqu’à présent ?

Je vous dirais qu’on a eu un accueil largement au-delà de nos espérances. On est allé au Festival MURAL à Montréal et au Festival Eurêka ! à l’île Sainte-Hélène, un festival à caractère scientifique qui s’adresse aux élèves et aux familles. On se rend compte qu’au fond, beaucoup de gens sont intéressés par les sciences. Les adolescentes posent des questions et les femmes qui souhaitent faire une réorientation de carrière, aussi. À la fin de l’été, lorsque l’école va recommencer, on va aller rencontrer de jeunes femmes qui sont dans les centres de formation, dans les cégeps et dans les universités dans les différentes régions du Québec. À cela s’ajoute une campagne sur Instagram, TikTok ou encore les réseaux sociaux plus traditionnels. On la diffuse sur le site pasdemetalpasde.com.

L’industrie de la métallurgie est-elle encore dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre ?

Oui, et on souhaite en profiter pour intégrer plus de femmes. On veut les sensibiliser aux professions du secteur de la métallurgie et du secteur des métaux et faire connaître les voies de formation qui mènent à ces secteurs-là. Il y a encore des préjugés qui existent. On pense souvent que ce sont des métiers qui sont destinés majoritairement aux hommes, mais non, c’est possible pour les femmes et pour les filles. En plus, ces emplois sont mieux rémunérés que plusieurs traditionnellement féminins. On a besoin d’opératrices, de techniciennes en métallurgie, ingénieures métallurgistes et des matériaux, ingénieures chimiques, physiques et électriques. Il y a aussi tous les métiers liés à l’entretien industriel, électromécaniciennes…

Avez-vous une cible précise à atteindre ?

Non, mais on souhaite augmenter leur présence. Pour la métallurgie, on parle d’à peu près 18 000 emplois en tout et les femmes représentent 8 % des emplois dans le secteur. On trouve qu’on pourrait faire mieux. On peut atteindre 10 à 12 %. Il y a un consensus au sein de l’industrie et c’est comme ça qu’on a mis sur pied cette campagne. On s’est mobilisés pour voir comment on pouvait être plus attractifs auprès des femmes. Les filles et les femmes qui ont envie d’être dans l’action pourraient être clairement interpellées par notre industrie. On cherche des personnes qui ont un intérêt pour le travail manuel, qui sont astucieuses, qui aiment résoudre des problèmes en équipe, sur le plancher. On est convaincus qu’il y a autant de femmes que d’hommes qui peuvent être interpellés par ça. On remarque que plusieurs femmes en réorientation de carrière avaient opté pour un travail assis derrière un bureau qui ne leur plaît pas. Nous, on offre de l’action. Certaines femmes se sont découvert une véritable vocation.

Dans le dernier rapport de diagnostic sectoriel, l’industrie métallurgique indiquait vouloir accélérer sa contribution à la lutte contre les changements climatiques. Où en est-on ?

Comme le mentionne la campagne, pas de métal, pas d’internet, pas de piles, de prothèses médicales. Les métaux sont à la source des progrès technologiques. La métallurgie joue un rôle crucial dans le développement des nouvelles sources d’énergie et des technologies, qu’on pense à la filière batterie ou aux éoliennes. La modernisation des équipements va jouer un rôle majeur. Sans oublier que le Québec a une longueur d’avance en produisant la métallurgie la plus durable à l’heure actuelle avec l’hydroélectricité.