La prolifération des contenus en ligne s’ajoute à l’obligation légale de transparence et modifie en profondeur les pratiques de bonne gouvernance et la gestion des organisations publiques. Faut-il toujours plus de transparence ou doit-on tout simplement mieux l’encadrer ? Voici quelques clés pour alimenter notre réflexion.

« La connaissance est la clé du pouvoir » : tout le monde connaît cette célèbre phrase de Confucius. Le gouvernement a longtemps considéré cette information comme une chasse gardée au nom du secret d’État ou de la sécurité publique. Les choses tendent cependant à changer : « Dans le secteur public, la transparence est vantée pour ses nombreux mérites, supposés ou réels, soulignent les deux professeurs. Elle serait même, selon certains auteurs, "consubstantielle" à la démocratie, formant un pilier de la bonne gouvernance. » Les arguments sont tant juridiques (droit d’accès à l’information) que moraux (droit de participation sur la base d’un jugement éclairé). Libérer l’information, certes. Mais jusqu’où ?

Quel type de transparence ?

« Il reste toutefois difficile d’évaluer l’évolution de la transparence dans son ensemble, car celle-ci peut prendre différentes formes », écrivent Vincent Mabillard et Jean-Patrick Villeneuve. Dans leur ouvrage, les auteurs décryptent trois principaux types de transparence : la transparence active, qui mène à diffuser volontairement des informations officielles sur divers canaux ; la transparence passive, que pratiquent des administrateurs lorsqu’ils répondent, par exemple, aux demandes de citoyens ; la transparence impromptue, qui a trait à la fuite incontrôlée d’informations officielles.

La transparence est dorénavant portée et poussée par le numérique sous l’impulsion des sites web, des données ouvertes, des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. De quoi nourrir la réflexion sur les changements provoqués par le numérique.

Que penser, par exemple, de la divulgation par WikiLeaks de millions de documents confidentiels, pour laquelle certains parlent de « transparence radicale » ? De fait, les lanceurs d’alerte contribuent à accélérer la diffusion d’informations sur les nouvelles plateformes. Mais quels sont les risques associés à de telles activités ? Dans leur livre, les auteurs soulèvent de nombreuses questions : « Les risques liés aux nouvelles technologies (qualité de l’information, protection de la vie privée, accessibilité) sont-ils un frein à la transparence ? Les organisations font-elles un usage pertinent des nouvelles technologies pour garantir une transparence active accrue ? »

Prendre des mesures

La prolifération des contenus en ligne, le déclin de la presse écrite et la consommation croissante d’informations et de services sur le web génèrent une plus forte pression sur la transparence. Pour autant, « si les différents outils, plateformes et processus peuvent, dans l’espace numérique, accroître l’ouverture administrative […], de nombreux obstacles doivent encore être surmontés », observent les chercheurs, qui évoquent notamment les modes de gestion et d’accessibilité des outils numériques et la prise en compte des spécificités propres à certains usagers. De véritables défis !

*Cet article est publié grâce à un partenariat avec le magazine Gestion HEC Montréal, où il est d’abord paru.

La transparence dans l’espace numérique – Principes, développements, enjeux

La transparence dans l’espace numérique – Principes, développements, enjeux

Presses de l’Université du Québec

146 pages