Une minière américaine prépare une expansion d’un demi-milliard pour prolonger la durée d’un gisement aurifère en Abitibi-Témiscamingue. Seul bémol, l’exploitant de la mine Casa Berardi devra probablement se résigner à effectuer un léger pas de recul avant de rebondir.

Hecla Mining a donné un aperçu de ses ambitions pour son complexe situé à quelque 100 kilomètres au nord de La Sarre, sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James, dans un avis de projet récemment transmis au gouvernement québécois.

Essentiellement, l’entreprise souhaite aménager deux nouvelles fosses à ciel ouvert, alors qu’elle réduit progressivement ses activités d’exploitation souterraines. Elles devraient avoir des superficies respectives de 68 et 60 hectares – 136 et 120 terrains de football.

« Il y a des revenus intéressants à aller chercher, explique Christophe McLean, vice-président et chef des finances chez Hecla Québec, en entrevue. En fin de compte, l’expansion devrait générer 1 million d’onces d’or. »

On prévoit exploiter ces fosses projetées de 2028 à 2037, ce qui devrait représenter un investissement d’environ 500 millions, que la minière devrait financer elle-même, souligne M. McLean. Les premiers coups de pelle ne sont toutefois pas pour demain.

Ce projet pourrait être assujetti à la procédure du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui prévoit notamment des consultations auxquelles le public peut participer. Le promoteur s’affaire actuellement à mettre la table en vue de la réalisation de son étude d’impact.

L’an dernier, la mine a produit 90 363 onces d’or. En comparaison, la production de métal jaune a été estimée à près de 604 000 onces au complexe Canadian Malartic, situé à l’ouest de Val-d’Or, en 2023.

« Casa Berardi, c’est un gisement de taille moyenne. C’est une mine qui a toujours été capable de se réinventer. L’agrandissement à ciel ouvert, c’est une sorte d’évolution naturelle », explique Eric Lemieux, analyste minier chez EBL Consultant.

Décisions à venir

Le complexe minier compte quelque 475 employés, d’après M. McLean. L’effectif s’est contracté d’une centaine de personnes dans les dernières années, étant donné que la minière ralentit progressivement ses activités souterraines, qui sont moins rentables.

Près de la moitié de l’effectif travaille actuellement sous terre, ajoute-t-il. Hecla réévaluera ce segment après cette année. Il y a donc un peu d’incertitude à venir puisqu’il faudra encore patienter quelques années avant d’aller de l’avant avec l’exploitation des nouvelles fosses.

Plus de 85 % de nos employés vivent dans la région. Ça fait longtemps que nous sommes ici. On est persuadés que les gens vont revenir lorsque les postes vont être affichés pour les deux nouvelles fosses. Le défi, ça sera de conserver notre monde pour pouvoir reprendre les activités.

Christophe McLean, vice-président et chef des finances chez Hecla Québec

L’expansion de la mine Casa Berardi survient à un moment où le prix du métal précieux affiche une progression d’environ 13 % depuis le début de l’année. L’once d’or se négocie aux alentours de 2340 $ US. La conjoncture est favorable, mais Hecla avait préparé son projet en fonction d’un prix bien inférieur, affirme son dirigeant québécois.

« Nous avions déposé un rapport technique pour l’ensemble de la mine et nous l’avions préparé à un prix de 1600 $ US l’once », précise-t-il.

Les producteurs d’or n’ont pas échappé aux poussées inflationnistes survenues pendant la pandémie de COVID-19, ce qui a fait grimper leurs coûts d’exploitation, souligne Eric Lemieux. Selon l’analyste, la situation s’est stabilisée.

« Il y a donc une belle fenêtre d’opportunité pour les gisements en exploitation d’augmenter leurs marges bénéficiaires, affirme-t-il. Les choses se stabilisent au chapitre de l’inflation. »

En savoir plus
  • 1988
    Année de mise en service de la mine
    Source : association minière du québec
    4
    Nombre de propriétaires du gisement. Hecla le détient depuis 2013.
    Source : LA PRESSE