De nouvelles dispositions en matière d’affichage ont été dévoilées cette semaine et déjà, certains commerçants pensent à refaire leur vitrine ou à ajuster leur devanture pour se conformer aux nouvelles exigences.

Se conformer, de bon cœur

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Joe Scalia devant son café, le Mille Gusti

« On va la refaire », lance Joe Scalia, propriétaire du café Mille Gusti, en parlant de sa vitrine. Il a déjà passé la commande à celui qui fait tout son lettrage, Jonathan Rheault, qui va devoir refaire les enseignes de plusieurs commerces dans les prochains mois. Attablés dans le café de la Petite-Patrie en ce jeudi matin, les deux hommes discutent des plans pour rendre la vitrine conforme, de bon cœur. « Je suis francophile, lance Jonathan Rheault. C’est facile dans mon travail d’en parler avec mes clients. J’ai toujours fait mon lettrage en français. »

Beaucoup de pression

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Il Bolero, rue Saint-Hubert

L’affichage de la boutique Il Bolero est-il conforme ? « Oui », lance sans hésiter le patron de l’endroit, Gianni Sardelli, qui estime avoir un droit acquis. Lorsqu’il a ouvert son commerce de la Plaza Saint-Hubert, il y a plus de 30 ans, l’endroit s’appelait Bolero tout court. Mais le corsetier a dû ajouter le mot « Il » pour se conformer aux règles, explique-t-il, précisant que « Il » est un pronom français. Cela dit, M. Sardelli trouve que les détaillants devraient avoir droit à un petit répit et que ces nouvelles règles représentent une pression supplémentaire pour des commerçants qui en subissent déjà beaucoup. « C’est trop, là », dit-il, comme un cri du cœur.

L’Office devra trancher

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Devanture de l’épicerie française Top Discount

Les nouvelles dispositions du règlement sur l’affichage commercial entreront en vigueur le 1er juin 2025. On demande que le français occupe deux fois plus d’espace dans la superficie d’affichage, s’il y a une autre langue. Québec a déjà annoncé que l’Office québécois de la langue française (OQLF) va augmenter sa surveillance. Ici, un magasin Top Discount qui se spécialise dans les aliments de France, mais dont le nom est en anglais. En revanche, toutes les indications sur la vitrine sont en français.

Une évidence

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Marché Branche d’Olivier

Ammar Habib est propriétaire de quatre marchés Branche d’Olivier, qui vendent des produits moyen-orientaux. Il y a un peu d’arabe sur la devanture des commerces, mais le français y est depuis le début indéniablement prédominant. Le propriétaire est intraitable là-dessus : pas question de faire autrement. « L’affichage, c’est permanent, dit-il. Ça reflète notre ville. »

Définir « prédominant »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Supermarché Sabor Latino

Au marché d’alimentation Sabor Latino, on a déjà ajouté tous les descriptifs en français dans les vitrines qui donnent sur la rue ainsi qu’à l’intérieur. On a aussi un programme de francisation pour les employés de ce commerce dont 80 % de la clientèle parle espagnol, explique la responsable des ressources humaines, rencontrée sur place. L’équipe devra évaluer si l’affichage actuel répond aux nouvelles normes qui demandent que le français soit prédominant.

Mandat d’accompagnement

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Royal Indian Spices, rue Wellington, à Verdun

En plus d’avoir un rôle de surveillance, l’OQLF a le mandat d’accompagner les entreprises qui devront faire des changements, car certaines méconnaissent les règles. « L’Office prévoit réaliser des actions de sensibilisation afin d’informer les entreprises des nouvelles exigences. Il offrira une assistance personnalisée pour permettre aux entreprises de valider leur projet de correction, le cas échéant », nous a indiqué la porte-parole de l’organisme, Chantal Bouchard.

Des commerces isolés

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Affichage en espagnol

Bien que nul ne soit censé ignorer la loi, certains commerces sont tenus par des entrepreneurs qui parlent peu français, voire pas du tout, comme ce restaurant-fruiterie de la Plaza Saint-Hubert où personne n’avait entendu parler des règles d’affichage, jeudi matin. « Parce qu’il accompagne les entreprises du Québec dans leurs démarches de conformité à la Charte depuis 1977, l’Office a développé l’expertise nécessaire pour faire un accompagnement personnalisé afin de répondre aux besoins de chaque entreprise », précise la porte-parole Chantal Bouchard.

Des enseignes à refaire

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Boutique GameStop

L’affichage des succursales québécoises de la chaîne GameStop est conforme pour le moment, mais ne répond pas aux nouvelles exigences annoncées mercredi par Québec. Selon le gérant de la boutique de la Plaza Saint-Hubert, malgré les coûts entraînés par ces modifications, les enseignes devraient être refaites puisque la chaîne compte près de 40 boutiques de jeux vidéo au Québec.