Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, la présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ, Janie Béïque, répond à nos questions.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je commence par mettre des gens autour de la table, mes créatifs, ceux qui sont innovants. Après, je vais faire un deuxième tour de roue avec mon entourage. Je mets ensuite toutes les idées sur un tableau blanc, mais c’est souvent en nageant ou en courant que je finis par aboutir.

Quelle a été votre plus belle erreur ?

Mon premier investissement au Fonds FTQ [comme employée avant d’être présidente]. L’entreprise a finalement fait faillite. Ce que j’ai appris, c’est que tu as beau avoir de beaux chiffres, ce sont les gens qui font en sorte que l’entreprise va réussir ou non. Aujourd’hui, dans les vérifications diligentes, je passe beaucoup plus de temps sur les humains que sur les chiffres.

« Acheter, conserver, vendre » : de quoi voudriez-vous plus, autant et moins dans votre milieu de travail ?

Plus ? Du capital. J’en prendrais tellement plus. Je rêve à tellement d’affaires. Je rencontre des entrepreneurs et j’aime être sur le terrain. Il y a tellement de monde que je voudrais aider, mais je ne peux pas, j’ai seulement 1,2 milliard de dollars à investir chaque année.

Autant ? Le juste équilibre de la mission du Fonds entre le rendement financier et sociétal.

Moins ? Je laisserais les bureaux ici (à l’angle de l’autoroute 40 et de la rue Lajeunesse) pour travailler au centre-ville [Mais elle dit ne pas avoir l’intention de vendre l’immeuble récemment rénové].

Un moment marquant ?

Quand j’ai demandé à Michel Fillion [de Chantier Chibougamau] quel était son rêve. Il m’a dit qu’il voulait relancer l’usine de Lebel-sur-Quévillon et j’ai dit : OK, on le fait. L’usine était fermée depuis 15 ans. On l’appelait Tchernobyl. Quand j’ai monté le dossier au conseil d’administration du Fonds, les membres ont dit : « My God. » Mais on l’a fait.

Une bonne patronne, c’est quelqu’un qui…

… est capable de voir ton potentiel, qui ne s’accroche pas seulement à tes qualifications, mais à tes qualités. Qui va créer un contexte pour t’amener à te dépasser. Qui a de l’écoute, qui va assumer les échecs avec toi, mais qui va te donner le mérite pour tes bons coups.

Avez-vous un mentor ?

Oui, Hubert Lacroix [conseiller chez Blakes et ex-PDG de Radio-Canada]. Je le vois tous les trois mois. J’ai commencé à travailler avec lui à 19 ans. Il a été mon patron, mon collègue, mon mentor, mon ami. C’est une figure marquante dans ma vie. Ce genre de mentor t’aide à prendre de la perspective, à grandir, à voir les choses différemment. Il m’a poussée à sortir de ma zone de confort, continuellement.

Quel conseil donneriez-vous à la version plus jeune de vous-même ?

Je n’étais pas une première de classe. Mais quand tu as du cœur et de la volonté, tu peux faire de grandes choses. Aie confiance en toi. Rien n’est impossible quand tu crois en quelque chose. Va au bout de tes rêves.

Que faites-vous pour féliciter ou remercier quelqu’un ?

Je me souviens d’un moment, lorsque j’étais jeune avocate chez McCarthy, où mon patron, devant l’incrédulité d’un important client à me voir diriger le dossier, m’avait défendue en lui répondant : « C’est ma meilleure. » La plus belle manière de montrer de la reconnaissance aux gens, donc, c’est d’aller au front pour eux et de reconnaître devant les autres leurs résultats spécifiques.

Comment vous débranchez-vous ?

J’ai une grande capacité à me débrancher, notamment avec le sport. Jusqu’à la pandémie, je jouais au hockey toutes les semaines, été comme hiver. On me tire l’oreille pour recommencer. Je joue au centre ou à l’aile. Je vais faire un triathlon cet automne [natation-vélo-course].

Quels livres avez-vous l’habitude de recommander ?

C’est toujours le dernier que j’ai lu. Je suis en train de lire It’s Not the End of the World, une analyse sur la façon dont on va gérer les changements climatiques.

Qui est Janie Béïque ?

  • Avocate de formation, Janie Béïque est présidente et cheffe de la direction du Fonds FTQ depuis avril 2021. Son comité de direction est maintenant paritaire (hommes-femmes).
  • Elle siège aux conseils d’administration du Groupe CH, de l’Orchestre symphonique de Montréal et de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
  • En 2022, elle a remporté le prix MBA Inspiration remis par l’Association des MBA du Québec et elle a été nommée à deux reprises Leader en innovation par le gouvernement du Canada.
  • Elle a été coprésidente, en 2023, de la 50campagne de collecte de fonds Centraide du Grand Montréal aux côtés de Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.
  • Âgée de 56 ans, elle est mère de deux enfants de 26 et 28 ans.