Une initiative pour inciter les consommateurs à ne pas se fier uniquement à la date de péremption de certains aliments voit le jour

De grands fabricants alimentaires conseillent à leurs clients de se fier à leurs sens, et à leur bon sens, plutôt qu’à la date limite de fraîcheur sur certains produits en y affichant un nouveau pictogramme.

« Cette initiative permet de mettre le sujet au centre de la table et de questionner notre attitude. Ça permet de rappeler quelle est la définition de la date meilleur avant, car elle n’est pas claire », lance Nicolas Dot, le responsable des relations publiques pour Too Good To Go au Canada. C’est cette application antigaspillage qui est derrière une nouvelle initiative qui veut rappeler au consommateur qu’en matière de fraîcheur, c’est lui qui a le dernier mot.

En affichant une petite image sur certains aliments, on indique qu’au-delà de la date affichée sur l’emballage, si le produit sent frais et a l’air sain, il l’est probablement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

« On souhaite outiller le consommateur, dit Nicolas Dot, responsable des relations publiques pour Too Good To Go au Canada. Le gaspillage alimentaire c’est l’affaire de tous. »

L’initiative s’appelle « Observez, sentez, goûtez ». Une quinzaine de marques canadiennes ont déjà dit oui, dont le Groupe Bel, qui produit les fromages La Vache qui rit, et le géant du chocolat Barry Callebaut.

Cet affichage existe en Europe, où il a été lancé en 2019, et le petit logo est désormais présent dans 13 marchés, où il se retrouve sur des produits de 500 marques.

Le Canada est donc le quatorzième pays à se lancer dans ce partenariat avec l’application antigaspillage.

L’aboutissement du projet aura pris une année, car le groupe a consulté les organismes réglementaires nationaux, dont l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation au Québec pour leur présenter son image et sa démarche.

Le lancement est fait ce mardi 18 juin, mais les petits pictogrammes feront graduellement leur apparition sur les aliments ; ceux de grandes entreprises risquent de mettre un peu plus de temps avant d’ajouter l’image.

Quels produits ?

Le pictogramme ne remplace évidemment pas les mentions de date limite de fraîcheur « meilleur avant » obligatoires au Canada sur les produits dont la conservation est évaluée à 90 jours ou moins – à certaines exceptions près, dont les fruits et légumes.

Il n’est évidemment pas destiné à la viande ou au poisson, précise Nicolas Dot, qui donne comme exemple certains condiments dont, à l’inverse, la durée de vie est très longue et va au-delà de la date proposée sur le paquet.

La multinationale Too Good To Go élargit son champ d’action avec cette initiative, elle qui est spécialiste de la récupération d’invendus dans les commerces alimentaires par son application antigaspillage.

La confusion qui règne autour des dates qui sont affichées sur les aliments est en partie responsable du gaspillage, note Nicolas Dot. « Elles sont mal comprises », dit-il.

On croit notamment que la mention « meilleur avant » sonne le glas pour un aliment qui ne doit pas être consommé au-delà de la date prescrite, alors qu’il s’agit d’un indicateur de fraîcheur et non de salubrité.

À l’inverse, une date limite de conservation sur un aliment pour bébés indique la limite de consommation. « Ça va encourager les consommateurs à utiliser leurs sens avant de jeter un aliment », explique Nicolas Dot.

Selon un sondage Léger réalisé pour Too Good To Go, plus de 4 Québécois sur 10 déclarent notamment jeter des aliments dont la date « meilleur avant » est dépassée, au moins une fois par semaine.