Alors que des sols sont déversés à Kanesatake sans l’approbation du Conseil de bande, la Sûreté du Québec enquête sur deux déversements de produits dangereux effectués à quelques kilomètres de là en bordure de terres agricoles situées à Oka et à Saint-Joseph-du-Lac. L’inaction des gouvernements et un climat d’intimidation sont montrés du doigt par des élus.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, 14 grands réservoirs totalisant près de 14 000 litres – certains en partie éventrés – ont été abandonnés sur le rang Sainte-Germaine. Six ont été laissés à Oka et huit à Saint-Joseph-du-Lac.

« La Sûreté du Québec fait une enquête en vue d’identifier le ou les responsables et les circonstances de ces dépôts illicites », a confirmé le ministère de l’Environnement à La Presse, avançant « ne pas être en mesure actuellement de préciser la nature des produits ».

À Oka, « ce sont des réservoirs qui semblent avoir été jetés d’un camion » à moins de 100 mètres de Kanesatake, explique le maire Pascal Quevillon : « Et ce n’était pas de l’eau. C’était un liquide assez dense, brunâtre et jaunâtre. On n’est pas des experts, donc on doit attendre les résultats des analyses. »

PHOTO FOURNIE PAR LA MUNICIPALITÉ DE SAINT-JOSEPH-DU-LAC

Quelques-uns des réservoirs abandonnés sur le rang Sainte-Germaine

Il se veut rassurant : une firme spécialisée a récupéré et nettoyé la chaussée et le fossé où le déversement s’était déroulé. « Ç’a été fait rapidement, donc ça ne s’est pas rendu sur la terre agricole », assure-t-il. Le coût de l’opération pourrait atteindre 30 000 $.

Cet évènement survient alors qu’Oka jongle avec d’importants dossiers liés à la qualité de l’environnement. Cette semaine, la municipalité et le maire ont reçu une mise en demeure de la compagnie Nexus pour avoir dénoncé les va-et-vient incessants de camions qui déposent des sols en territoire mohawk, en bordure de la rivière, sans avoir le feu vert du Conseil de bande mohawk.

L’exaspération du maire est palpable : « C’est toujours en lien avec l’inaction des gouvernements. Le mot se passe, et là, ils viennent laisser ça à proximité du territoire autochtone, comme s’il savait qu’ici il pouvait faire ce qu’ils veulent. »

La même nuit, huit réservoirs de 1000 litres – certains perforés – ont aussi été abandonnés à un kilomètre de là, sur le rang Sainte-Germaine, mais dans la municipalité de Saint-Joseph-du-Lac.

« Pour nous, ce n’est pas la première fois », indique le maire Benoit Proulx. Au cours du printemps, la municipalité de 7000 âmes a dû intervenir à trois reprises. « Les autres fois, ç’a été un bateau et des vidanges, comme de vieux pneus ou des barils avec des substances. Mais il n’y a pas eu de déversement. »

M. Proulx estime que ce vandalisme environnemental est une forme d’intimidation. « On dirait qu’il y a quelqu’un qui veut nous rendre la vie difficile et nous occasionner des frais », dit-il, précisant que le nettoyage d’un tel déversement représente des coûts pouvant dépasser 30 000 $.

Dans les dernières années, Saint-Joseph-du-Lac a fait les manchettes pour des actes d’intimidation contre une élue et un employé de la ville. En septembre 2021, deux véhicules du directeur général de la municipalité ont été incendiés. Une semaine plus tard, c’était au tour du véhicule d’une conseillère municipale d’être incendié, devant sa résidence. L’enquête de la Sûreté du Québec n’a mené à aucune accusation.