Avec l’anticipation d’une forte demande pour ses produits et la commercialisation de deux nouveaux modèles, le fabricant et exploitant québécois de réseaux de bornes de recharge pour véhicules électriques Flo boucle sa plus importante ronde de financement en récoltant 136 millions – notamment auprès d’agences fédérales et de Québec.

« Cela nous a pris environ trois ans pour passer de 50 000 bornes à plus de 100 000, souligne le président et chef de la direction de l’entreprise, Louis Tremblay, en entrevue avec La Presse. On construit déjà plusieurs dizaines de milliers de bornes, mais ça sera des centaines de milliers si l’on regarde les trois prochaines années. »

Ce sont des partenaires existants de Flo qui remettent de l’argent dans le cadre du financement annoncé ce mardi. Il s’agit d’Exportation et développement Canada, qui mène la ronde, du gouvernement québécois, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, de la Banque de développement du Canada, du cabinet montréalais MacKinnon, Bennett & Company ainsi que de la firme new-yorkaise Energy Impact Partners. Québec injecte 15,7 millions tandis que la Caisse met sur la table quelques dizaines de millions – moins de 50 millions selon nos informations. La participation des autres investisseurs n’a pas été divulguée.

L’objectif : accélérer le déploiement du réseau de recharge nord-américain de l’entreprise et l’introduction de deux nouveaux produits, soit la borne FLO Ultra – qui peut recharger la plupart des nouveaux véhicules électriques à 80 % en 15 minutes – et le modèle FLO Maison, dans le créneau résidentiel.

« Cela prend beaucoup de capital, affirme M. Tremblay. Tout ce qui entoure les ventes, s’assurer que le produit est bien connu, de s’assurer [d’accroître la production du produit] et de s’assurer de livrer, c’est vraiment pour cela. Les trois quarts de la R & D, c’est du logiciel pour s’assurer que l’expérience de l’utilisateur est fluide. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Louis Tremblay est président et chef de la direction de Flo.

Il n’est donc pas question, du moins à court terme, d’ajouter une usine de production. Les bornes de Flo sont assemblées à Shawinigan et à Auburn Hills, dans l’État américain du Michigan.

Le déploiement des infrastructures de recharge doit passer à la vitesse supérieure alors que l’on devrait retrouver autant de voitures électriques et hybrides rechargeables que de véhicules alimentés à l’essence dans le monde en 2035, selon les plus récentes prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

D’après son rapport diffusé en avril dernier, l’offre de bornes publiques de recharge doit être multipliée par six dans la prochaine décennie. De quoi alimenter la demande chez les fabricants.

Flotte de bornes

En plus de la fabrication de bornes, l’entreprise se spécialise dans les solutions de recharge intelligentes pour les véhicules électriques. Elle exploite son propre réseau. La semaine dernière, elle a noué un partenariat avec la chaîne de supermarchés Metro pour offrir quelque 500 ports de recharge rapide dans plus de 130 magasins de ses différentes enseignes au Québec et en Ontario.

« Ce sont des bornes que l’on détient et que l’on exploite. On ne les vend pas comme 99 % des bornes que l’on a produites jusqu’à présent. Il va y avoir d’autres annonces du genre. »

Flo génère actuellement entre 20 et 25 % de son chiffre d’affaires annuel aux États-Unis. Compte tenu de la taille du marché américain, celui-ci devrait bientôt être aussi important que le Canada pour le fabricant de bornes.

« D’ici trois ans, je m’attends à une égalité avec le Canada, dit le dirigeant de Flo. Après ça, les États-Unis vont être plus importants. Clairement, la croissance passe par le marché américain. »

Au sud de la frontière, Washington souhaite jeter les bases d’un réseau de 500 000 emplacements publics où l’on peut recharger son véhicule électrique d’ici la fin de la décennie, affirme l’AIE. Les initiatives des autres ordres de gouvernement risquent de se traduire par l’ajout de plusieurs centaines de milliers d’autres bornes, selon l’agence internationale.

Plus avec moins

Les nouvelles ont été moins réjouissantes pour les employés de Flo ces dernières semaines. L’entreprise a licencié environ 10 % de son effectif dans le cadre de coupes effectuées à Montréal (15 personnes), Québec (15 salariés) et Shawinigan (21 employés). Des employés canadiens et américains ont aussi été touchés.

Invité à commenter cette décision, M. Tremblay a expliqué que cela faisait partie des décisions prises pour livrer une « croissance profitable ».

« Ça peut arriver qu’il y ait des réajustements, des restructurations, mais cela fait partie des choses qu’il faut faire pour continuer de livrer de la valeur et investir aux bonnes places à mesure que l’entreprise croît et que le marché évolue », affirme le grand patron de Flo.

De plus en plus, l’entreprise est en mesure de « faire mieux avec moins », estime M. Tremblay.

Moments marquants du financement chez Flo :

  • 2016 : La Caisse de dépôt et placement du Québec et Investissement Québec injectent 11 millions
  • 2018 : Les deux institutions remettent 13,5 millions.
  • 2020 : Flo récolte 53 millions auprès d’un consortium.
  • 2021 : Une ronde de financement de 40 millions est réalisée.
  • 2023 : Flo obtient une facilité de crédit de 60 millions à la Banque Nationale.
En savoir plus
  • 500 personnes
    Effectif de Flo au Québec et aux États-Unis.
    Source : flo
    2009
    Année de fondation de l’entreprise.
    Source : FLO