Tous les vendredis, une personne du monde des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, la présidente-directrice générale de Savoura, Peggie Clermont, répond à nos questions.

Que faites-vous lorsque vous avez besoin de trouver une idée ?

Je réunis d’abord quelques collègues. On s’installe dans une pièce et, une fois la porte fermée, c’est important que tout le monde comprenne qu’il n’y a plus de titres, plus de diplômes. La meilleure idée gagne.

Ou je vais prendre un cahier et je vais y écrire des mots, des idées désorganisées juste pour me nourrir l’esprit parce que je sais que ces mots-là se placent quelque part dans mon cerveau. À un moment donné, un lien va se faire quelque part.

Lisez-vous beaucoup ?

Absolument ! Beaucoup d’articles de toute nature. Je regarde aussi des reportages, des documentaires sur différents sujets : la nature, les animaux… Je regarde le Téléjournal. Le vendredi, il y a toujours le portrait d’une personnalité. La semaine dernière, c’était Marie-Nicole Lemieux. J’écoute ce qu’elles ont à dire. J’aime l’humain. J’aime savoir comment il pense, comment il réagit.

Quel est votre meilleur investissement ?

À la fin de ma vingtaine, je me suis dit : je dois choisir les sphères dans lesquelles je souhaite m’investir. J’étais alors consciente qu’il n’y a que 24 heures dans une journée.

Je me suis dit que je ne pouvais pas toutes les réussir [ces sphères], c’est impossible. Même si on veut avoir un cercle d’amis, une carrière, des enfants, faire du sport, se mettre en forme. Ça n’arrivera pas. J’ai identifié deux sphères à ce moment-là qui étaient importantes pour moi : la famille – avoir un amoureux avec lequel je pourrais rester longtemps, je voulais avoir des enfants, une bulle. Et je voulais avoir ma carrière. C’est tout. J’ai misé là-dessus à temps plein.

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

Danièle Henkel, Justine Hendricks et Sophie Brochu.

Danièle Henkel représente les valeurs humaines et familiales. Elle a un raffinement que je rêve d’avoir. Elle a fait les choses à sa manière, dans un monde très masculin. Elle est restée elle-même. Pour moi, c’est une référence.

Justine Hendricks est la première femme présidente de Financement agricole Canada. C’est une femme qui est accessible, qui a montré une détermination pour arriver là où elle est. […] C’est une personne organisée qui fait confiance à son équipe.

Sophie Brochu représente l’authenticité et la conviction.

Ces trois femmes m’inspirent et j’aimerais avoir un petit quelque chose de chacune d’elles.

Les mots que vous ne pouvez plus supporter ?

C’est mieux que rien.

Ça représente une fatalité où tu es spectateur et il n’y a plus rien à faire. C’est comme si tu as abandonné. Pour moi, c’est important de continuer le combat et d’être déterminé.

Comment vous débranchez-vous ?

En me reconnectant sur moi.

Comment vous reconnectez-vous sur vous ?

Je fais du yoga, du vélo et du surf. J’écoute de la musique.

L’autre chose que je fais, c’est que je prends l’air et je respire. Sincèrement. […]

Quand tu es présidente d’une société de cette envergure, beaucoup de choses se passent au quotidien ; beaucoup d’imprévus, de problèmes à gérer, des défis, des choses qui arrivent régulièrement du champ gauche. Des choses t’affectent plus que d’autres, même si tu es habituée de les gérer. Des fois, c’est l’accumulation. À un moment donné, j’ai besoin d’aller respirer, d’aller au yoga, d’aller faire une marche.

Quelle musique écoutez-vous ?

Je me fais des listes avec mes filles, des listes d’ambiance qui peuvent m’aider dans différents moments. J’en ai une douceur, une combative…

J’écoute aussi beaucoup de musique classique.

Quel conseil êtes-vous heureuse de ne pas avoir écouté ?

Je fréquentais mon collègue. On m’a dit que je ferais mieux d’arrêter ça parce que je pourrais le regretter. J’ai assumé de continuer ma relation et je suis toujours avec lui aujourd’hui. Et je ne me suis pas trompée.

[Ils travaillent toujours ensemble aujourd’hui, plus de 20 ans plus tard.]

Qu’est-ce qu’une bonne patronne ?

C’est quelqu’un qui apprend à connaître ses employés, les gens avec qui elle va travailler de façon régulière. Elle doit savoir de quoi est formé son groupe, ce qu’est l’ADN de son groupe. Ça, c’est important pour moi. Il faut apprendre à savoir comment mettre les gens en valeur, comment les pousser, et aussi ce qu’il ne faut pas faire.

Il faut que ça soit quelqu’un qui est capable de tirer la locomotive et d’inviter les gens à monter à bord. C’est une personne qui communique et qui est innovante.

Qui est Peggie Clermont ?

Ce sont les chiffres qui ont amené cette comptable jusque dans les tomates !

Peggie Clermont a commencé à travailler avec le fondateur de Sagami, Stéphane Roy, en 2011, d’abord pour la gestion de la comptabilité. En 2015, Savoura est en faillite et Sagami reprend l’entreprise. La nouvelle entité prend de l’expansion. En 2019, Stéphane Roy meurt dans l’écrasement de son hélicoptère. Peggie Clermont prend d’abord la tête du conseil d’administration de Savoura, puis la présidence de l’entreprise de 450 employés il y a trois ans. Savoura produit des tomates et des fraises, en culture biologique et traditionnelle.