L’entreprise Lomiko Metals, qui pilote le projet de mine de graphite La Loutre situé en Haute-Gatineau, obtient 8,35 millions US du département américain de la Défense afin d’accélérer le développement d’un procédé de transformation du graphite brut en matériau de fabrication d’anodes de batteries de haute technicité.

En plus de cet investissement inédit du Pentagone dans un projet canadien de minerai considéré « d’importance stratégique », Lomiko Metals obtient aussi une subvention de recherche de 4,9 millions CAN répartie sur trois ans du ministère canadien de l’Énergie et des Ressources naturelles, dans le cadre de son Programme de recherche, développement et démonstration pour les minéraux critiques. 

Selon Belinda Labatte, cheffe de la direction et présidente du conseil d’administration de Lomiko Metals, l’obtention de ces financements simultanés des gouvernements canadien et américain représente une « étape extraordinaire » et une « opportunité exceptionnelle de construire une approche collaborative de la transition énergétique et de la résilience de la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord ».

De l’avis du ministre canadien de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, les subventions conjointes du Canada et des États-Unis dans le projet de valorisation du graphite mené par Lomiko Metals feront que « le Canada s’impose comme un chef de file mondial de l’approvisionnement en minéraux critiques de source sûre et responsable » pour la transition énergétique de l’économie.

D’ailleurs, ces subventions conjointes à Lomiko Metals découlent du « Plan d’action canado-américain pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques » lancé en janvier 2020 par les deux gouvernements dans le but de « renforcer la production nord-américaine de minéraux critiques nécessaires à d’importants secteurs, dont ceux de la défense, de l’aérospatiale, de l’énergie propre et des communications ».

Approvisionnements insuffisants

Selon les informations du marché du graphite colligées par la firme Benchmark Mineral Intelligence, et citées par la direction de Lomiko Metals, les industries technologiques aux États-Unis « dépendent à 100 % des importations de graphite », ce qui confère « des avantages compétitifs clés pour le graphite au Québec ».

Aussi, mentionne Lomiko, alors que la Chine met en place des restrictions d’exportation pour certains produits de graphite pour des motifs de sécurité nationale, « l’industrie des véhicules électriques est confrontée à des approvisionnements de graphite insuffisants pour répondre à la croissance du marché ».

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Particules de graphite

Selon Benchmark Mineral Intelligence, ce déficit d’approvisionnement en graphite pourrait s’élever jusqu’à 8 millions de tonnes d’ici 2040, soit dans une quinzaine d’années.

Or, à lui seul, le projet de mine de graphite La Loutre, développé par Lomiko Metals sur le territoire de la nation autochtone algonquine KZA en Haute-Gatineau, s’appuie sur une estimation des ressources minérales de l’ordre de 3 millions de tonnes de graphite, à une teneur de 4,59 %.

En contrepartie, ce projet minier suscite déjà des inquiétudes parmi la population de cette région autrefois d’industrie forestière qui s’est tournée vers les activités de villégiature et de plein air.

Dans son annonce des subventions canadienne et américaine, la direction de Lomiko Metals affirme que « notre plus grande ressource dans les projets de minéraux critiques sera toujours les personnes avec lesquelles nous travaillons et nous nous engageons ».

À propos de son projet minier La Loutre, Lomiko Metals affirme qu’elle « continuera à s’engager avec les Premières Nations et les communautés locales par une présence directe sur le terrain et par d’autres mécanismes de communication dans le but de fournir des informations détaillées et complètes ».