La première mission habitée de la capsule Starliner de Boeing devait durer 10 jours. Des problèmes mécaniques ont allongé cette durée à près d’un mois, et la date de retour n’est pas encore arrêtée. La NASA a même vérifié si Starliner pourrait rester arrimée à la Station spatiale internationale (SSI) pendant trois mois.

Quels sont les pépins qui rallongent la mission ?

Avant le départ, une fuite d’hélium a été détectée et a reporté le lancement. En orbite, d’autres fuites d’hélium ont été détectées. L’hélium sert à pressuriser le carburant.

De plus, 5 des 28 fusées ont eu des comportements anormaux, une fois la capsule en orbite. Leur poussée inférieure à la normale a compliqué l’arrimage de Starliner à la SSI le 6 juin. Il a dû être fait manuellement plutôt qu’avec le pilotage automatique.

Les astronautes de Starliner passeront-ils l’été en orbite ?

La date de retour sur Terre a été reportée deux fois. Lors d’une conférence de presse vendredi, la NASA a indiqué que le retour se fera au plus tôt à la mi-juillet, après deux semaines de tests de fusées au laboratoire White Sands de la NASA au Nouveau-Mexique.

Mais le patron du programme à la NASA, Steve Stich, a indiqué durant la conférence de presse que des tests ont été faits pour vérifier que les batteries de Starliner seraient opérationnelles pendant trois mois, plutôt que seulement durant la certification actuelle de 45 jours. Ces batteries sont actuellement en mode recharge sur la Station spatiale internationale.

Cela signifie donc que la NASA n’exclut pas un retour à la fin d’août.

« Les résultats des tests [à White Sands] sont difficiles à prévoir », a commenté durant la conférence de presse Mark Nappi, vice-président de Boeing responsable de Starliner. « Ils dureront le temps qu’il faudra. »

Y a-t-il un risque pour les astronautes ?

PHOTO NASA, FOURNIE PAR L’ASSOCIATED PRESS

Les astronautes Suni Williams et Butch Wilmore, quelques instants avant le décollage de Starliner le 5 juin dernier

La NASA assure que non, mais plusieurs journalistes étaient sceptiques durant la conférence de presse vendredi dernier. Certains ont souligné qu’il était difficile de penser que la division spatiale de Boeing est complètement isolée des difficultés du constructeur qui ont mené à plusieurs problèmes ces dernières années sur ses avions de ligne, le plus récent étant la perte d’une porte en plein vol.

« Il est assez pénible de lire les choses qui circulent », a déploré M. Nappi, qui a assuré que Starliner pourrait ramener de manière sécuritaire sur Terre les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams « à tout moment ».

Le moral des astronautes est bon, assure le dirigeant de Boeing. « Ils savent que c’est un vol d’essai, ils savaient que nous serions en mode apprentissage, tout va bien. Ce n’est pas inattendu. »

Des journalistes ont déploré que la NASA communique sporadiquement des nouvelles de la mission et de ses délais, et ne donne pas suffisamment accès aux deux astronautes de Starliner.

PHOTO NASA, FOURNIE PAR L’ASSOCIATED PRESS

Les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams

Pourrait-il manquer d’hélium ? « Nous en avons encore 10 fois plus que nécessaire », a affirmé M. Stich. Un test récent a de plus montré que les fuites sont maintenant moins importantes.

Les journalistes ont par ailleurs fait un lien avec les problèmes que connaît la SSI récemment. Une sortie spatiale prévue le 2 juillet a dû être reportée à la fin du mois à cause d’une fuite dans un scaphandre. Plus tôt la semaine dernière, la perte d’un millier de « pièces » d’un satellite russe d’observation terrestre Resurs-P1 a forcé les neuf astronautes présents dans la SSI à trouver refuge dans Starliner, et les participants à la conférence de presse ne pouvaient donner d’explications quant à la cause de ces débris russes. Et l’hiver dernier, une fuite d’air sur le module russe Zvezda, qui dure depuis 2020, s’est aggravée.

Pourquoi ne pas résoudre ces problèmes après le retour de Starliner ?

Parce que les fusées se trouvent dans un « module de service » qui se désintégrera dans l’atmosphère au retour.

Le but des tests à White Sands est d’essayer de reproduire les problèmes des fusées. « Peut-être qu’il faut changer la manière dont nous nous en servons », dit M. Stich.

Les solutions trouvées à White Sands seront testées en orbite avec Starliner. L’un des problèmes est de mesurer la poussée des fusées alors que la capsule est arrimée à la SSI, dont le poids est 40 fois plus élevé. Les responsables de la NASA n’ont pas exclu de séparer Starliner de la station pour faire ces tests.

À quoi servira Starliner ?

Comme la capsule Crew Dragon de SpaceX, qui est opérationnelle depuis 2020, elle doit amener des astronautes à la SSI.

La capsule de Boeing était en concurrence avec le Crew Dragon quand la NASA a attribué en 2014 aux deux entreprises des contrats d’une valeur totale de plus de 7 milliards US pour développer des moyens de transport pour ses astronautes. Après la mise à la retraite de la navette spatiale en 2011, la NASA dépendait des capsules russes Soyouz pour se rendre à la SSI.

Regardez une animation 3D de la future station lunaire Gateway
En savoir plus
  • 1 milliard US
    Il s’agit du dépassement de coût du programme Starliner, assumé par Boeing.
    Source : Washington Post