Julie Maurel, infirmière à l’Hôpital général juif, suit les patients du Suroît de chez elle. Assise devant son ordinateur, elle voit en continu les signes vitaux des malades qu’elle prend en charge à distance.

Lorsque sa collègue infirmière auxiliaire fait sa tournée avec son casque de réalité augmentée, elle peut pointer, à l’aide d’une flèche, des zones qu’elle souhaite voir de plus près.

« On travaille comme sur un étage [à l’hôpital] en dyade », illustre Julie Maurel.

Si elle a besoin de revoir un patient ou si elle a un « doute » quelconque, sa collègue du Suroît est « toujours disponible pour se rebrancher » et la mettre en communication avec le malade, assure-t-elle. « C’est comme si elle venait me chercher pour me dire que tel patient ne va pas bien et puis je vais voir », explique Julie Maurel. La personne hospitalisée peut aussi la contacter directement à l’aide d’une tablette.

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Les patients hospitalisés au Suroît peuvent toujours contacter l'infirmière de l'Hôpital général juif à l'aide d'une tablette.

Cet « hôpital virtuel à l’hôpital » est une « première au Canada », selon le PDG du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, le DLawrence Rosenberg.

C’est une solution à une crise. Mais la pénurie de main-d’œuvre va continuer pendant plusieurs années. Alors, ça peut être une solution innovatrice pour ce défi.

Le DLawrence Rosenberg, PDG du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal affirme ne pas avoir la « capacité » d’envoyer physiquement des infirmières au Suroît. Mais il dit pouvoir mobiliser des employées qui travaillent déjà dans son service d’hôpital à domicile, lancé en 2022.

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Le DLawrence Rosenberg et Lucie Tremblay, respectivement PDG et PDG ajointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

« L’approche traditionnelle, ce serait d’envoyer des ressources physiques ou de se partager la clientèle en déplaçant les clients », dit Lucie Tremblay, PDG adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. « Mais de notre point de vue, la meilleure solution, c’est de garder le client près de sa communauté. »

Pour venir en aide au Suroît, l’Hôpital général juif forme actuellement d’autres infirmières en soins virtuels. À court terme, le CIUSSS montréalais et celui de la Montérégie-Ouest visent à ce que 20 patients soient hospitalisés dans la nouvelle unité du centre hospitalier de Salaberry-de-Valleyfield.

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Julie Maurel (à l'écran) forme des infirmières de l’Hôpital général juif.

Un modèle attirant

Ce nouveau modèle de soins, en télétravail, « attire » les infirmières, selon Lucie Tremblay.

Si on est en fin de carrière, c’est peut-être un choix qui peut être intéressant. Mais [ça peut l’être] aussi [pour] nos jeunes qui sont plus fascinés par la technologie. Il y a quelque chose d’emballant dans un projet comme celui-là.

Lucie Tremblay, PDG adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal

« On participe à quelque chose de plus grand que nous, parce qu’on va aider un hôpital qui est en difficulté, on va aider des collègues », renchérit Adélaïde Perrin de Boussac, coordonnatrice des soins virtuels au centre de commandement du CIUSSS.

Le personnel du Suroît montre « une résilience et un courage en restant sur place pour s’occuper de ses patients, garder l’hôpital la tête hors de l’eau », souligne-t-elle. « Pour nous, de montrer cette capacité de “on est là, on va vous soutenir, on va vous accompagner là-dedans”, [cela témoigne] de la force de notre réseau de la santé. »