La maladie de Lyme progresse continuellement au Québec avec une augmentation du nombre de cas et de nouvelles municipalités dans la zone endémique chaque année, confirme l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Selon les données de la direction de la vigie sanitaire, en date du 22 juin, 103  cas de la maladie de Lyme ont été déclarés au Québec, dont la moitié se trouve en Estrie. Cela en fait de loin la région la plus touchée. En 2023, sur les 652 cas déclarés, 322 ont été identifiés comme probablement acquis en Estrie.

La proximité avec la frontière américaine explique en partie pourquoi l’Estrie est l’épicentre des cas au Québec. Dre Geneviève Baron, médecin en santé publique et en médecine préventive au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, a fait savoir que jusqu’en 2011 environ, la région n’avait pas de cas de maladie de Lyme, mais certains l’attrapaient lors de voyages dans des États américains où les tiques survivaient à l’hiver.

« Avec l’adoucissement du climat, les tiques se sont tranquillement établies dans notre région, a expliqué Dre Baron. Il y a des secteurs qui sont peut-être plus touchés parce que ça fait plus longtemps que les tiques sont établies là-bas, mais qui sont aussi des secteurs qui sont plus propices comme habitat. »

Les chevreuils, par exemple, assez nombreux dans certains endroits de l’Estrie, sont des animaux sur lesquels les tiques aiment se reproduire.

Le nombre de municipalités considérées dans une zone endémique a explosé, passant de 117 en 2023 à 461 cette année. L’INSPQ souligne cependant que cette forte hausse est en grande partie due aux critères de surveillance qui ont changé.

Il est possible de consulter sur le site web de l’INSPQ la carte qui détaille toutes les municipalités où des tiques à pattes noires sont présentes et actives ainsi que la carte des zones endémiques pour la maladie de Lyme au Québec.

Pour être considérée comme une zone endémique, une municipalité doit avoir au moins trois cas humains déclarés et acquis localement au cours des cinq années précédentes ou avoir 23 soumissions de tiques à pattes noires d’origine humaine en surveillance passive au cours des cinq dernières années.

Si les trois stades de la tique (larve, nymphe, adulte) sont repérés ou qu’au moins six spécimens du même stade sont collectés en un an, la municipalité est également classée en zone endémique. Un nouveau critère a été ajouté, celui de se trouver à 20 km ou moins d’une municipalité qui répond à l’un des critères d’endémicité.

« En 2024, la définition de la zone endémique pour la maladie de Lyme a été élargie pour mieux représenter la situation épidémiologique de cette maladie au Québec », a expliqué l’INSPQ dans un courriel transmis à La Presse Canadienne.

Avec la nouvelle définition, la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches se sont ajoutées à la carte des zones endémiques du Québec.

Des régions épargnées

Les zones les plus à risque sont celles où des populations de tiques à pattes noires sont établies et infectées par la bactérie qui cause la maladie de Lyme. Selon l’INSPQ, « la répartition actuelle des populations de tiques à pattes noires établies et infectées avec la bactérie va continuer de s’étendre au Québec ».

Dre Baron croit que bientôt tout le sud du Québec sera touché par la maladie de Lyme. « Tranquillement pas vite, avec les oiseaux — parce que les tiques peuvent être transportées par les oiseaux — avec les chevreuils et les autres petits mammifères, ça s’étend tranquillement vers le Nord », a-t-elle expliqué.

Il y a une absence de tiques à pattes noires dans les régions plus nordiques : Côte-Nord, Nord du Québec, Terres-cries-de-la-Baie-James et Nunavik. Toutefois, l’INSPQ mentionne que le risque d’acquisition de la maladie de Lyme est possible dans toutes les régions du Québec en raison de la présence possible de tiques qui sont infectées et apportées ponctuellement par les oiseaux migrateurs.

Le nord du Québec reste tout de même protégé de par son climat. Les tiques survivent dans des habitats relativement humides comme les forêts et les boisés. « Les toundras ne sont pas des habitats propices pour les tiques alors à moins qu’avec les changements climatiques la végétation change, ça ne devrait pas être des habitats qui hébergent beaucoup de tiques », a précisé Dre Baron.

Conseils à la population

Les premiers symptômes de la maladie de Lyme, qui peuvent apparaître dans le mois qui suivent une piqûre de tique, sont une rougeur qui s’agrandit avec le temps dépassant en général les 5 cm, de la fièvre et des douleurs musculaires ou articulaires.

Quand la maladie n’est pas traitée, de l’arthrite, une paralysie du visage, des troubles du rythme cardiaque et d’autres rougeurs cutanées multiples peuvent apparaître.

La maladie de Lyme se traite avec des antibiotiques et il existe des traitements à tous les stades de la maladie, a fait savoir Dre Baron.

En cas de piqûre, il est recommandé d’appeler le 811. Le professionnel de la santé au bout de fil évaluera l’état de la piqûre avec le patient et ce dernier pourrait être redirigé vers un pharmacien pour un traitement préventif s’il est admissible.

Si la personne a déjà des symptômes lorsqu’elle constate une piqûre de tique, elle doit consulter un médecin.

Pour éviter les piqûres de tique, Dre Baron conseille d’appliquer du chasse-moustiques contenant du DEET, de porter des vêtements longs lors de sorties en nature et d’éviter de marcher dans la végétation.

Au retour à la maison, se doucher enlèvera les tiques qui ne sont pas encore accrochées et inspecter son corps permettra de repérer les intrus. Si on voit une tique, il faut tirer doucement vers le haut avec une pince à cils. Pour ceux qui ont des animaux de compagnie qui vont à l’extérieur, il est prudent de les examiner régulièrement et d’enlever les tiques de la même façon.

Plusieurs personnes se font mordre par une tique sans même quitter leur cour. Pour éviter de devenir un foyer à tiques, on devrait se débarrasser des amas de feuilles mortes — un endroit que les tiques adorent — et tondre son gazon. Comme ces insectes détestent la sécheresse, il est bien d’avoir un patio ou des jeux d’enfants dans un lieu exposé au soleil.

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