(Ottawa) Après quatre ans comme député, Marc Miller fait son entrée au cabinet Trudeau au lendemain des élections d’octobre 2019.

C’est d’abord le poste de ministre des Services aux Autochtones qui attend Marc Miller en 2019. Il deviendra par après ministre des Relations Couronne-Autochtones, à l’issue du scrutin de 2021.

« J’ai beaucoup appris durant cette période, peut-être des choses que j’aurais dû savoir avant ça », expose-t-il au cours d’un long entretien récemment accordé à La Presse.

« Ça m’a ouvert les yeux sur le pays où je vis, au risque que des gens m’accusent d’être le plus woke du Cabinet [ce que Paul Arcand a fait à son micro du 98,5]. Steven Guilbeault était offensé parce que c’est lui, le plus woke du Cabinet », lance-t-il à la blague.

Son ancien homologue québécois Ian Lafrenière a refusé notre demande d’entrevue. « Comme dans toute relation, nous avons eu nos défis, mais nous avons toujours conservé une bonne communication et un bon lien », s’est-il contenté de déclarer par écrit.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Ian Lafrenière, ministre québécois responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, et Marc Miller, alors ministre des Services aux Autochtones, en 2021

Il reste que le travail de Marc Miller a été généralement salué. La sénatrice Michèle Audette est de ceux qui lui lancent des fleurs, louant « la proximité, la franchise et l’humilité » de celui chez qui elle dit avoir senti une forme de « vulnérabilité ».

« Je suis un homme, je suis roux, je suis blanc, et je dois parler avec des gens qui ont perdu des êtres chers [dans le cadre du suivi de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées] », se souvient-elle d’avoir entendu le ministre lui confier.

« Je lui disais : “Marc, tu es un humain. Tu as su nous démontrer ton humanité” », indique la sénatrice. Et l’annonce de la réaffectation du ministre, au remaniement de juillet dernier, a été pour elle « un coup dans l’estomac ».

Mises en échec croisées

Ce jeu de chaises musicales fait de Marc Miller le premier Québécois de l’ère Trudeau à l’Immigration.

Et lui qui faisait peu de vagues dans ses anciens habits ne tarde pas à créer des remous à la Chambre des communes, où son interlocuteur bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe lui reproche constamment de faire preuve de « mépris » à l’endroit du Québec.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe

« C’est un vieux stéréotype duplessiste », se défend Marc Miller, sans s’en prendre directement à son vis-à-vis : « C’est un gars immensément sympathique. Il veut détruire mon pays, mais à part ça, c’est un gars très sympathique. »

Un autre « gars sympathique qui veut détruire le pays », le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, sert fréquemment des mises en échec au ministre fédéral de l’Immigration.

Les politiciens ont tout de même des points en commun, dont celui d’avoir gardé les buts à McGill – même s’ils ne s’y sont jamais affrontés.

PHOTO FOURNIE PAR MARC MILLER

Marc Milller garde les buts lors d’un match amical de hockey entre journalistes et élus en 2017.

Ce qui n’empêche pas Marc Miller d’y aller d’une mesquinerie (pour reprendre ses mots) par la bande.

« Il était très mauvais [comme gardien]. Exécrable, assène Marc Miller, en parlant de Paul St-Pierre Plamondon. Je l’ai vu jouer au football américain, par contre, et il est très rapide, très doué. Tu peux écrire ça, ça va faire quelque chose de positif. »

Et le ministre, lui, quel genre de cerbère est-il ?

« Il a un style peu orthodoxe », analyse son ami James Bailey.