(Ottawa) Le Parti libéral n’a toujours pas arrêté son choix sur la personne qui se présentera dans la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun, même si l’élection partielle doit se tenir au plus tard en septembre. Pendant ce temps, le néo-démocrate Craig Sauvé a le champ libre, et d’autres joueurs veulent s’en mêler.

Ce qu’il faut savoir

Des aspirants candidats à l’investiture libérale en vue de l’élection partielle dans la circonscription de LaSalle–Émard–Verdun sont impatients de connaître leur sort.

Le premier ministre Justin Trudeau a jusqu’au 30 juillet pour annoncer la date du scrutin partiel dans LaSalle–Émard–Verdun.

L’élection partielle doit se tenir au plus tard le lundi 16 septembre.

Le premier ministre Justin Trudeau a jusqu’au 30 juillet prochain pour annoncer la date du scrutin dans cette circonscription montréalaise laissée vacante par la démission de l’ancien ministre David Lametti, officialisée en février dernier.

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Le conseiller municipal de Saint-Henri-Est-Petite-Bourgogne-Pointe-Saint-Charles-Griffintown et candidat néo-démocrate dans LaSalle – Émard – Verdun, Craig Sauvé

Et plus le temps passe, plus des aspirants candidats à l’investiture libérale s’inquiètent.

À titre comparatif, dans le bastion que viennent de se faire ravir les libéraux, Toronto–St. Paul’s, la candidate Leslie Church a été investie le 1er mai – soit un peu plus de deux semaines avant l’annonce de la date de l’élection partielle, le 19 mai.

« Ça commence à me préoccuper un peu. Je me demande ce qui retarde le tout. On est rendu en juillet, et on ne peut même pas se présenter comme candidats à l’investiture », se désole Lori Morrison, une commissaire scolaire qui fait campagne depuis des mois malgré l’incertitude.

Ce sentiment est partagé par Christopher Baenninger, qui aspire lui aussi à porter les couleurs libérales. « En toute franchise, ça se passe à l’aveuglette. Mon équipe et moi sommes sur le terrain depuis le 22 février », dit cet entrepreneur.

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Christopher Baenninger, lors de l’élection partielle provinciale dans Saint-Henri–Sainte-Anne, en 2023

Les deux aspirants n’en sont pas à leurs premières armes en politique. La première a tenté de se faire élire, en 2019, sous la bannière néo-démocrate. Le deuxième a voulu succéder à Dominique Anglade lors de l’élection partielle dans Saint-Henri–Sainte-Anne, en 2023.

Le duo a un autre point en commun : l’inquiétude que le Parti libéral du Canada parachute un candidat plutôt que de passer par un processus d’investiture. « Ils pourraient placer un candidat, ce qui serait évidemment un immense défi pour les aspirants candidats », argue Christopher Baenninger.

Le NPD espère surprendre

D’autant que le Nouveau Parti démocratique a un « candidat fort » en la personne de Craig Sauvé, note-t-il. En plus d’avoir une notoriété dans le secteur, le conseiller municipal de l’arrondissement du Sud-Ouest détient une longueur d’avance, ayant été élu par acclamation dès avril dernier.

Celui-ci pense pouvoir « créer la surprise », et progresser plutôt que de reculer, comme ce fut le cas lors du scrutin partiel à Toronto, le 24 juin dernier. Les néo-démocrates y ont perdu des plumes, récoltant 11 % des suffrages comparativement à 16,8 % aux élections générales de 2021.

« Le vent de changement est vraiment présent », affirme Craig Sauvé. Et c’est sans compter que la « fatigue généralisée qui s’est installée » à l’égard de Justin Trudeau pourrait l’amplifier. « Je pense qu’il y a un facteur émotif », avance le candidat, qui a récemment reçu la visite du chef Jagmeet Singh.

Le Bloc québécois et le Parti conservateur n’ont pas encore désigné de candidat en vue de l’élection partielle.

Les autres joueurs

Il se pourrait que certains viennent brouiller les cartes, ou à tout le moins retarder l’annonce des résultats. Par « certains », on entend les adhérents au mouvement du « plus long bulletin de vote », dont la présence sur les bulletins a considérablement retardé le dépouillement à Toronto–St. Paul’s.

« Grande annonce à venir bientôt », lit-on dans un message publié sur un compte du réseau X, samedi passé.

Autre variable inconnue : une initiative propalestinienne orchestrée par Alex Tyrrell. Aucun candidat n’en sera le porte-étendard, mais on compte placarder plus de 900 affiches dans l’objectif d’inciter les électeurs à avoir en tête la cause palestinienne au moment de se rendre aux urnes.

IMAGE TIRÉE DU SITE LEV 4 PALESTINE

Plus de 900 affiches seront placardées dans LaSalle – Émard – Verdun.

« Le but, c’est de remettre en question le soutien du Canada envers Israël », dit Alex Tyrrell, agent financier de la campagne, aussi connu pour son rôle de chef du Parti vert du Québec. Les électeurs de confession juive et musulmane représentent une petite minorité dans LaSalle–Émard–Verdun.

Une lutte à trois ?

Les trois dernières élections dans la circonscription ont été remportées de façon décisive par David Lametti, avec plus de 40 % des voix. Une lutte à trois entre les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes semble s’y dessiner, selon 338Canada, le site web d’agrégation de sondages.

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David Lametti en 2022, alors ministre fédéral de la Justice

D’où l’impatience des aspirants candidats à l’investiture libérale de passer à la prochaine étape. Au cours des derniers jours, Lori Morrison et Christopher Baenninger ont été reçus en entrevue par des autorités du Parti libéral.

Au parti, on explique avoir été « approché par de nombreux leaders communautaires talentueux souhaitant devenir le candidat », en faisant valoir que le processus se déroulerait « conformément aux règles ». Celles-ci n’empêchent pas la formation de choisir son propre candidat.

La date la plus tardive à laquelle l’élection partielle dans LaSalle–Émard–Verdun peut se tenir est le lundi 16 septembre 2024, a confirmé Élections Canada dans un courriel.

Le bureau du premier ministre n’a pas voulu dire à quel moment les hostilités seront déclenchées.

Rectificatif 
Dans une version précédente de ce texte, il était écrit que Leslie Church avait été investie le 1
er mars, donc plus d’un mois et demi avant l’annonce de la date de l’élection partielle, le 19 mai. Elle a plutôt été investie le 1er mai, soit un écart d’un peu plus de deux semaines entre les deux évènements. Nos excuses.