De passage à Montréal pour une série d’annonces, Justin Trudeau a indiqué qu’il entendait garder le cap, malgré la défaite de son parti dans la circonscription de Toronto–St. Paul’s la semaine dernière. Le climat était cependant tendu : une manifestation propalestinienne a dégénéré dans la soirée, devant l’hôtel où il donnait une allocution devant des sympathisants du Parti libéral.

Mercredi, le chef du Parti libéral du Canada (PLC) s’est adressé pour la première fois aux médias depuis ce revers dans une circonscription autrefois considérée comme sûre pour sa formation politique. « Soyons très clairs. La défaite aux élections partielles de la semaine dernière est un défi. C’est quelque chose que nous devons prendre au sérieux », a-t-il alors déclaré.

Plus tard dans la journée, il a donné une allocution devant une centaine de sympathisants libéraux. Une manifestation propalestinienne donnée devant l’hôtel où se déroulait le cocktail, qui rassemblait quelques dizaines de personnes, a dégénéré au moment de faire sortir le premier ministre : une dizaine de manifestants ont été bousculés, puis gazés par des policiers avec des bombes au poivre.

Les manifestants protestaient contre la guerre en cours et appelaient le gouvernement à agir. « Mélanie Joly, Justin Trudeau et Soraya Martinez Ferrada sont en train de savourer leur cocktail alors qu’il y a un génocide à Gaza », lance Rand Hasan, porte-parole du Palestinian Youth Movement (PYM) à Montréal. « On veut un embargo sur les armes, du côté du Canada comme d’Israël. On n’accepte pas que nos taxes soient envoyées à des États génocidaires », a-t-elle ajouté.

Cette question n’a cependant pas été abordée pendant l’allocution.

Des résultats préoccupants pour le Parti libéral

Plus tôt dans la journée, Justin Trudeau s’est défendu de refuser de rencontrer le caucus national de son parti au moment où un groupe de neuf députés réclament une réunion d’urgence pour discuter des « résultats extrêmement préoccupants » pour les troupes libérales lors de cette élection partielle.

« C’est une course que le Parti libéral du Canada n’aurait pas dû perdre », écrit celui à l’origine de cette démarche, le député albertain George Chahal, selon ce que Radio-Canada a rapporté mardi.

Ce à quoi Justin Trudeau a répondu mercredi qu’il avait rencontré la veille le caucus exécutif du parti, un groupe beaucoup plus restreint que le caucus national. « On va continuer de s’engager et d’être engagé avec les députés à travers le pays », a-t-il insisté.

« [Dans] mes conversations avec l’ensemble des députés d’un bout à l’autre de ce pays, l’emphase, c’est comment on va présenter une vision positive, pour contrer cette montée du populisme de la droite, qu’on voit un peu à travers le monde, y compris dans la personnalité de Pierre Poilievre », a-t-il insisté.

« Plein de différentes opinions »

Puis, à ceux qui demandent dorénavant de façon ouverte sa démission, Justin Trudeau réplique qu’il « va toujours y avoir des gens avec plein de différentes opinions » au sein du PLQ. « C’est une de ses forces ».

Parmi ceux qui réclament son départ, le député libéral du Nouveau-Brunswick Wayne Long a écrit dans un courriel obtenu par La Presse Canadienne que « l’avenir de notre parti et pour le bien de notre pays, nous avons besoin d’un nouveau leadership et d’une nouvelle direction ». C’est aussi le cas de l’ancienne ministre libérale Catherine McKenna, bien que ce ne soit pas la première fois que cette dernière critique ouvertement Justin Trudeau.

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Le député du Nouveau-Brunswick Wayne Long

D’autres élus ont cependant offert leur appui à M. Trudeau.

Lors d’une mêlée de presse ayant eu lieu mardi au Nouveau-Brunswick, le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a notamment fait valoir que la défaite lors de l’élection partielle devrait être une occasion pour le gouvernement de faire un examen de conscience.

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Le ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc

Sur les élections en France

Questionné sur le résultat du premier tour des élections législatives en France, Justin Trudeau a dit constater une « montée de la droite populiste », sans toutefois nommer le parti du Rassemblement national de Jordan Bardella et Marine Le Pen, ressorti en tête.

« Il y en a qui voient que les gens sont anxieux et décident d’amplifier cette anxiété, en France et ailleurs. Il y en a d’autres qui offrent des solutions concrètes, a-t-il expliqué. Mais, c’est toujours plus difficile de passer positif et de livrer des solutions concrètes parce que la controverse et la furie, ça génère des clics et des manchettes. »

Le premier ministre n’est toutefois pas allé jusqu’à endosser un autre parti.

De son côté, Mélanie Joly a également évoqué la montée de l’extrême droite en Europe avant l’allocution de Justin Trudeau, dans la soirée.

« Ça brasse à travers le monde. Les régimes autoritaires en profitent. L’extrême droite, on lisait ça dans les livres d’Histoire. C’est maintenant une réalité », a-t-elle lancé.

« Lors des prochaines élections, la question de l’urne va être fondamentale. Dans quel pays on veut vivre ? », a-t-elle ajouté.

Avec La Presse Canadienne