(Ottawa) Une avance de 15 à 20 points dans les sondages nationaux depuis un an, ça donne de l’énergie ? Ça permet de rêver au jour où on s’installera au pouvoir ?

Ce qu’il faut savoir

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, entreprend une tournée des régions du Québec en VR en compagnie de sa famille.

Malgré une avance confortable dans les sondages depuis un an, il affirme que cela ne veut rien dire.

Les prochaines élections fédérales sont prévues en octobre 2025.

Cela ne veut absolument rien dire, répond du tac au tac le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui affirme ne rien tenir pour acquis malgré les projections très favorables des firmes de sondage. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il prend la route afin de livrer son message « du gros bon sens » directement aux électeurs dans une poignée de circonscriptions au Québec.

Quelques heures seulement après la fin de la session parlementaire, mercredi, M. Poilievre a mis le cap sur Montréal afin de mettre en relief les ambitions d’un éventuel gouvernement conservateur durant un important rassemblement dans la circonscription de Mont-Royal, détenue depuis 2015 par le député libéral Anthony Housefather.

Jeudi, le chef conservateur a repris la route en compagnie de sa petite famille à bord d’un VR pour se rendre successivement à Victoriaville, à Trois-Rivières, à Rivière-du-Loup, dans la région de Charlevoix, au Saguenay et à Québec au cours des prochains jours.

« C’est ma première aventure en VR. C’est un peu turbulent. Tous les trucs bougent à l’intérieur. Il faut faire attention qu’il n’y ait pas quelque chose qui va nous tomber sur la tête. C’est différent. Il faut s’ajuster », a lancé au bout du fil M. Poilievre alors que sa fille aînée lance un petit cri d’approbation.

« C’est comme à la Chambre des communes ici ! », a-t-il ajouté en riant.

« Un vote en arrière »

Caracolant en tête dans les intentions de vote depuis plusieurs mois, M. Poilievre a déclaré à La Presse qu’il ne se laisse pas distraire par les nombreux sondages qui sont, selon lui, une photo du jour de l’humeur des électeurs. Beaucoup d’eau va couler sous les ponts d’ici les prochaines élections, qui sont prévues en octobre 2025. Et d’ici à ce que les Canadiens soient convoqués aux urnes, son plan de match est d’agir comme si le Parti conservateur accusait un certain retard sur les libéraux de Justin Trudeau.

« Je me comporte comme si on était un vote en arrière. Je ne tiens rien pour acquis. Les Canadiens ne me doivent rien. Je dois mériter leur confiance pour remporter la victoire. Je dois travailler fort, rester modeste et continuer à vendre notre message », a exposé le chef conservateur.

Son message, il demeure le même depuis sa victoire sans appel durant la course au leadership il y a près de 18 mois. S’il remporte les prochaines élections, il compte réduire la taille du gouvernement fédéral, rétablir l’équilibre budgétaire, stimuler la construction de logements et lutter contre la criminalité en imposant des peines plus sévères.

Mais en ce début de tournée des régions du Québec, il est évident que M. Poilievre n’attendra pas le déclenchement de la campagne électorale pour jeter les gants.

« Les Québécois veulent empocher un plus grand chèque de paie et de pension, qui leur permettra d’acheter de la nourriture, de l’essence et des maisons abordables dans des communautés sécuritaires. Et nous sommes le seul parti qui est capable de livrer cela. Car voter pour le Bloc, c’est voter pour Justin Trudeau », a-t-il soutenu.

Il ajoute que le gouvernement Trudeau, au fil des ans, est devenu « morbidement obèse » en dépensant sans compter, en augmentant la taille de la fonction publique d’une manière excessive et en s’immisçant sans vergogne dans les champs de compétence des provinces.

Le Bloc « complice »

Pis encore, selon lui, le Bloc québécois est complice de tout cela.

« On est à l’écoute des Québécois. Je pense que le gouvernement centralisateur de Justin Trudeau enlève de l’argent, de l’autonomie et des pouvoirs aux Québécois pour les concentrer à Ottawa. Mais voter pour le Bloc québécois, ce n’est pas une solution parce que le Bloc appuie toutes les politiques de Justin Trudeau. […] Il a voté en faveur de la récente hausse de taxe sur le gain en capital. Une taxe sur les fermiers québécois, les entrepreneurs québécois, des médecins québécois en pleine pénurie de médecins », a-t-il décliné en entrevue.

M. Poilievre a souligné que le Parti conservateur a toujours préconisé un gouvernement fédéral de petite taille et une fédération décentralisée. Il a affirmé que le gouvernement Trudeau s’est permis d’envahir les champs de compétence des provinces parce que la bureaucratie fédérale a pris du poids, beaucoup trop de poids.

« Le gouvernement fédéral avale l’argent des Québécois pour nourrir une bureaucratie qui est 50 fois plus coûteuse, qui compte 100 000 fonctionnaires fédéraux, qui a doublé les dépenses pour les consultants externes. Ça dépasse les 21 milliards de dollars ou 1400 $ pour chaque famille québécoise. Le Bloc a voté pour tout cela parce qu’il a voté pour tous les crédits budgétaires qui financent la bureaucratie et les consultants », a-t-il avancé.

« Donc si vous voulez un gouvernement obèse à Ottawa qui prend votre argent, et qui double le coût de logement, votez pour le Bloc-Libéral. Si vous voulez un plus petit gouvernement fédéral pour réduire les taxes, bâtir les logements, réparer le budget et stopper le crime, votez pour le Parti conservateur du gros bon sens », a-t-il ajouté.