(Québec) « Le maillon faible du gouvernement actuel s’appelle François Legault », a lancé Denis Coderre vendredi, confirmant sa candidature à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ). Il a pourfendu son « nationalisme identitaire » et soutenu que l’avenir de la nation québécoise passe par l’immigration.

Denis Coderre a tiré dans toutes les directions avec son discours-fleuve devant l’hôtel du Parlement : il a plaidé pour la nationalisation de l’eau et l’ouverture des CLSC 24 heures sur 24, il a condamné le racisme systémique à l’égard des Autochtones, il a déploré qu’« on infantilise les aînés et qu’on les parque dans des cages à lapins », il a salué la gestion du gouvernement de Philippe Couillard (« Lâchez-moi avec l’austérité ! », a-t-il dit)… Mais surtout, l’ancien maire de Montréal et ex-ministre fédéral de l’Immigration s’en est pris à François Legault et son « nationalisme identitaire ».

« Ce n’est pas Maurice Duplessis qu’on est en train de voir, c’est Lionel Groulx ! », a accusé M. Coderre.

« Il n’y a pas trop d’immigrants », a-t-il ajouté en conférence de presse, alors que M. Legault fait pression sur Ottawa pour réduire de moitié le nombre d’immigrants temporaires. « L’immigration, c’est la main-d’œuvre. […] On ne peut pas dire d’un côté “il y a trop d’immigrants”, et après ça dire que ça n’a pas de bon sens, il manque du monde. Allô ! »

Selon lui, « l’immigration, c’est la clé de l’avenir de notre nation ».

Il condamne les propos de François Legault selon qui « 100 % du problème de logement vient de l’augmentation du nombre d’immigrants temporaires ». « Quand on se promène à La Pocatière, vous ne me ferez pas accroire que les problèmes de logement, c’est à cause de l’immigration. C’est parce qu’il y a 200 étudiants qui s’en vont au cégep de La Pocatière et qui ont besoin de logements. Ce n’est pas de l’immigration, ça. »

Denis Coderre accuse François Legault de parler à tort et à travers. « Il y en a qui parlent d’immigration, et il y en a d’autres qui connaissent ça. » Il a relevé que l’accord Canada-Québec sur l’immigration prévoit déjà à l’article 22 que « le consentement du Québec est requis » avant l’admission de tout étudiant ou travailleur temporaire étranger, sauf exception. Or Québec n’utilise pas cet outil.

Denis Coderre reconnaît que la question de l’« intégration » des immigrants est importante et se dit favorable à la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) – position contraire à celle du PLQ.

Oui, ils doivent parler français. Mais donnez-leur une job, réunifiez les familles, et ils vont être tellement heureux, ils vont vous en donner. Arrêtez de casser du sucre sur le dos des immigrants.

Denis Coderre, candidat à la direction du Parti libéral du Québec

L’expérience et le renouveau

Le politicien de 60 ans mise sur son expérience et avait une réponse toute prête pour ceux qui lui reprochent de ne pas incarner le renouveau. « Faudrait qu’on m’explique c’est quoi le renouveau quand vous avez un péquiste qui veut faire un troisième référendum sur l’indépendance du Québec ! » D’ailleurs, il dit briguer la direction du PLQ entre autres pour « mettre le holà » au projet souverainiste et à la « saveur du moment » que représente le Parti québécois.

« On a besoin de politiciens d’expérience. Ce que j’offre, c’est : j’ai déjà pris des décisions, j’ai déjà vécu des crises, je connais la game, et moi j’ai vécu des partis qui étaient à terre pour les remonter et revenir au pouvoir. Qu’on me sous-estime, c’est correct. Qu’on me regarde de haut, c’est correct. Mais ce qui est important, c’est sur le plancher, vous marchez. » Une allusion à son slogan de campagne, qui est probablement aussi un clin d’œil à son récent pèlerinage sur le chemin de Compostelle : « Avec Coderre, ça va marcher ! »

Il était entouré d’une dizaine de personnes, dont les anciens députés Norbert Morin et Raymond Bernier. « J’invite tous ceux qui se sentent tassés, tous les libéraux déçus, tous les libéraux qui sont restés chez eux parce qu’ils avaient honte de voter pour d’autres choses, à revenir », a affirmé M. Coderre. Il fera la tournée des 125 circonscriptions et veut organiser un « repas-spaghetti » dans chacune d’elles.

Qu’il gagne ou perde la course à la direction, l’ancien maire de Montréal veut se présenter dans Bellechasse, circonscription rurale de la Rive-Sud de Québec que la CAQ a ravie au PLQ en 2018. Il l’a choisie parce que « c’est un comté fédéraliste, à haute teneur francophone, bien connu dans le milieu agricole et industriel ». Son directeur de campagne, Christian Therrien, organisateur libéral de longue date, est conseiller municipal d’un village de Bellechasse.

« Je ne suis pas de la place, je suis un parachuté, mais je vais aller m’acheter une maison là, inquiétez-vous pas », a dit Denis Coderre.

Les citoyens de Bellechasse, « ça va me faire plaisir de les voir. Je suis allé une couple de fois chez Normandin, et ça a bien été ».

Il est favorable à un troisième lien autoroutier Québec-Lévis et reproche au gouvernement Legault sa piètre gestion du dossier. « On en a besoin, d’un [troisième lien]. [Jeudi], on est arrivés à minuit ici, et il y avait deux voies de bloquées sur trois sur le pont Pierre-Laporte. Minuit ! Puis il y avait une file. Ça n’a pas de bon sens ! » Et selon lui, « la seule façon de combattre les gaz à effet de serre, c’est aussi de confronter la question de la congestion ».

Résultats dans Bellechasse aux élections générales de 2022

  • CAQ : 45,7 %
  • PCQ : 35,3 %
  • PQ : 8,8 %
  • QS : 6 %
  • PLQ : 4,1 %

Projections électorales actuelles de Qc125

  • PCQ : 32 %
  • CAQ : 30 %
  • PQ : 23 %
  • QS : 7 %
  • PLQ : 5 %