(Ottawa) Au moment où la Chambre des communes entame sa pause estivale mercredi, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, prend la route de Montréal où, après un discours devant des militants en soirée, il débutera une tournée avec son épouse et ses deux enfants qui l’amènera aux quatre coins du Québec.

« C’est comme des vacances en famille en même temps », a décrit son lieutenant politique pour le Québec, Pierre Paul-Hus, en entrevue avec La Presse Canadienne peu avant la dernière période des questions de la session.

M. Poilievre se déplacera à bord d’un véhicule récréatif qui exposera une photo de lui et de sa famille, les couleurs et le logo de son parti ainsi que son message de « gros bon sens » en français et en anglais.

L’objectif d’une tournée d’une telle ampleur est d’envoyer un « signal fort » que les conservateurs ont « à cœur » le Québec et qu’ils ont « beaucoup d’ambition » dans cette province, a insisté M. Paul-Hus.

« L’image que les gens se font actuellement de Pierre Poilievre, c’est le gars qui se bat à la Chambre des communes. C’est l’image qu’il y a à la télé, que les gens voient, mais l’homme, l’humain qui donne la main, qui jase avec toi. À chaque fois que quelqu’un le rencontre et jase avec lui, il dit : “wow, ce n’est pas comme ça que je le voyais” », a-t-il expliqué.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le conservateur Pierre Paul-Hus

Selon le parti, un millier de personnes sont attendues au rassemblement de mercredi soir durant lequel il sera annoncé que le candidat conservateur dans la circonscription de Mont-Royal sera l’avocat montréalais Neil Oberman, soit celui qui a récemment déposé la demande d’injonction contre le campement propalestinien à l’Université McGill.

M. Poilievre se rendra ensuite dans plusieurs circonscriptions qu’il croit pouvoir arracher lors des prochaines élections générales.

Selon l’horaire fourni par la formation politique, il prendra jeudi la route en direction de Richmond-Arthabaska où il visitera trois entreprises, dont la multinationale Cascades. Il ira ensuite à Trois-Rivières, jeudi, notamment pour assister à des courses de chevaux et à une partie de baseball.

Samedi, le chef conservateur roulera jusqu’à Rivière-du-Loup, puis Charlevoix. De l’observation de baleines et un rodéo sont au programme. Le lendemain, au Saguenay, il se rendra dans une ferme d’élevage, assister au Spectacle aérien international de Bagotville et pique-niquer dans un parc. Finalement, lundi, il célébrera la Saint-Jean-Baptiste à Québec.

Les sirènes conservatrices

Sondage après sondage, les conservateurs ont une avance majeure sur tout autre parti politique. À l’échelle du pays, cet écart est d’environ 20 points avec leur plus proche rival, le Parti libéral du Canada. Or, le Québec est la seule province qui n’a pas été séduite par l’offre de M. Poilievre et où le Bloc québécois maintient son avance.

Et M. Poilievre ne ménage pas ses efforts pour s’en prendre aux bloquistes dont il ne cesse de prétendre faussement qu’ils forment une « coalition » avec les libéraux, tout comme lorsqu’il prétend en anglais, tout aussi faussement, que le parti de Justin Trudeau forme une coalition avec le Nouveau Parti démocratique de Jagmeet Singh.

« Non, je ne me suis jamais senti autant sous attaque », a reconnu le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, lors de sa conférence de presse de fin de session.

Il a ensuite lancé une salve contre Pierre Poilievre et ses conservateurs qu’il accuse de n’avoir « aucune moralité, aucune éthique, aucune réserve, tous les coups sont permis, la vérité n’a aucun droit ».

« Je l’ai invité dix fois à débattre avec moi dans la langue de son choix, à l’endroit de son choix. Il n’a jamais répondu. Il se pousse et il a peur. Je me demande ce que ses électeurs pensent d’un Pierre Poilievre aux gros bras qui a peur de débattre. »

Chez les libéraux, la coprésidente de la campagne, la ministre québécoise Soraya Martinez-Ferrada, affirme ne pas être découragée par l’absence de mouvement dans les intentions de vote.

« Le jour de l’élection, j’étais 14 points derrière et j’ai gagné mon comté. Il y a les sondages, il y a une élection, il y a une campagne et on n’est pas en campagne », a-t-elle lâché à son arrivée à la réunion du caucus libéral.

Pour le lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, Pablo Rodriguez, il n’y a rien de surprenant à ce qu’un parti au pouvoir depuis plus de huit ans tire de l’arrière.

« Ça fait partie du défi. C’est normal. On est au troisième mandat, a-t-il dit aux journalistes. J’avais des cheveux noirs quand j’ai commencé. […] Mes cheveux blancs, ils ne reviendront pas en arrière et je ne les teindrai pas. »

Son collègue Jean-Yves Duclos a affirmé que la stratégie libérale pour convaincre autour du barbecue consiste à répéter qu’ils travaillent à s’attaquer à la hausse du coût de la vie « contrairement à Pierre Poilievre ».

« Sa stratégie, c’est de réduire les impôts pour les plus riches et de rendre la vie plus difficile pour tous les autres, a-t-il envoyé. Nous, on a une stratégie opposée. »

Au Nouveau Parti démocratique, le chef adjoint Alexandre Boulerice a plaidé que sa formation entend insister cet été sur les gains obtenus dans le cadre l’entente qui permet aux libéraux de se maintenir au pouvoir avec leur appui : la loi anti-briseurs de grève, le programme de soins dentaires et l’assurance-médicaments.

« Cela va démontrer que l’on obtient des résultats pour les citoyens, pour les Canadiens. Et je crois que l’on verra l’aiguille (des intentions de vote) bouger un peu […] en notre faveur », a-t-il dit.

Les élus reprendront le travail aux Communes le lundi 16 septembre.