Plus d’une demi-douzaine d’enquêtes ont été ouvertes sur les irrégularités dans l’attribution des contrats fédéraux, ont indiqué les hauts dirigeants de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) mardi. Cela inclut celle sur les dépassements de coûts entourant l’application ArriveCAN lancée dans la foulée du rapport de la vérificatrice générale. Il s’agit de nouveaux détails dans cette saga qui dure depuis des mois.

« La GRC enquête et utilise toutes les informations disponibles, y compris le rapport d’audit de performance de la vérificatrice générale et les informations de l’ombudsman de l’approvisionnement. La GRC a plusieurs enquêtes en cours sur ces affaires », a indiqué le commissaire du corps de police fédéral, Michael Duheme, lors de son témoignage au Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.

« Dans le cas d’ArriveCAN, la GRC peut confirmer qu’elle enquête sur toutes les questions connexes pour déterminer si une infraction criminelle a été commise », a-t-il ajouté.

Le sous-commissaire Mark Flynn a spécifié qu’une seule enquête avait été ouverte concernant ArriveCAN, mais que plusieurs autres ont également été lancées sur les irrégularités dans l’attribution des contrats fédéraux.

« Plus de six ? », a demandé le député conservateur Larry Brock.

« Je dirai oui, a répondu le sous-commissaire Flynn. Ce sera la seule précision que je donnerai. »

Il s’est gardé de révéler qui étaient les cibles de ces enquêtes et si elles touchaient de hauts fonctionnaires ou même des ministres, comme leur a demandé M. Brock. Les deux dirigeants de la GRC ont souligné à plusieurs reprises l’importance de protéger l’intégrité de ces enquêtes.

Le domicile de Kristian Firth, l’un des deux associés de GC Strategies, a fait l’objet d’une perquisition en avril la veille de son témoignage à la barre de la Chambre des communes. La GRC avait précisé qu’elle n’était pas liée à l’enquête ouverte dans la foulée du scandale ArriveCAN. Selon la vérificatrice générale, la firme de deux employés a reçu près du tiers des 60 millions qu’a fini par coûter l’application développée durant la pandémie.

La GRC a également ouvert une enquête à la suite des allégations soulevées par la firme montréalaise Botler AI, qui avait eu affaire à GC Strategies dans le cadre d’un autre projet antérieur à ArriveCAN. Ses dirigeants avaient lancé l’alerte auprès de l’Agence des services frontaliers du Canada en 2021 après avoir constaté des pratiques douteuses. Celle-ci avait par la suite avisé la GRC. Ils avaient dénoncé la « corruption systémique » dans l’appareil gouvernemental en comité parlementaire l’automne dernier.

Leurs noms auraient été utilisés à leur insu pour facturer du travail qu’ils n’ont pas exécuté. GC Strategies aurait aussi gonflé leur expérience dans leur curriculum vitæ soumis au gouvernement fédéral, une pratique qui permet d’obtenir un meilleur tarif.