(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, s’est dit mardi « assez tanné que les gens soient en train de toujours blâmer les immigrants pour absolument tout », après que le premier ministre du Québec, François Legault, eut attribué « 100 % du problème de logement » à la hausse du nombre de personnes arrivant sur une base temporaire.

Interpellé à sa sortie d’une réunion du conseil des ministres au sujet des propos de M. Legault, M. Miller a pris soin de diriger son apparente exaspération à l’endroit des « gens ».

« L’augmentation des hypothèques, des prix des hypothèques, ça n’a rien à voir avec les immigrants », a-t-il dit.

Au terme d’une rencontre tenue lundi dans la capitale québécoise avec son homologue fédéral, Justin Trudeau, le premier ministre du Québec s’est dit « déçu » malgré « certaines avancées ». « M. Legault, je pense qu’il est sorti en bougonnant », s’est avancé M. Miller, mardi.

Ottawa s’est engagé à verser 750 millions à Québec pour compenser l’accueil des demandeurs d’asile sur son territoire. M. Legault a souligné qu’il avait demandé une somme d’un milliard de dollars.

Entre autres mesures, le fédéral a aussi promis de traiter plus rapidement les dossiers des demandeurs d’asile et de favoriser leur « déplacement volontaire » vers d’autres provinces canadiennes. Ottawa a aussi soutenu qu’il souhaitait renvoyer plus rapidement les « étrangers interdits de territoire ».

Le premier ministre du Québec ne cesse de marteler qu’il y a eu une « explosion » du nombre d’immigrants temporaires établis dans la province et que cela met beaucoup de pression sur les services publics et le logement.

« 100 % du problème de logement vient de l’augmentation du nombre d’immigrants temporaires », a-t-il dit lundi.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

François Legault et Justin Trudeau

Appelé mardi à répondre aux commentaires de M.  Miller, le cabinet de M. Legault a soutenu que le gouvernement du Québec «  ne blâme pas les personnes qui veulent venir au Québec pour améliorer leur vie ».

« Le problème, c’est l’explosion du nombre d’immigrants temporaires, créée par le fédéral. Ça met une pression insoutenable […] sur nos services publics, sur le français », a-t-on déclaré.

M. Legault a signalé que son gouvernement exige une baisse de 50 % du nombre de demandeurs d’asile et de travailleurs étrangers temporaires en provenance du programme de mobilité internationale (PMI), deux catégories qui sont dans le giron de compétence d’Ottawa.

Questionné sur ce pourcentage avancé par Québec, M. Miller a soigneusement évité de répondre par une autre proportion.

« Ce que je ne voulais certainement pas faire, c’est d’induire les Québécois, les Canadiens en erreur, en mettant des cibles qui n’étaient pas basées dans la réalité, a-t-il dit. Je n’ai pas lieu de questionner ce que M. Legault voulait. Je pense qu’il voulait des chiffres concrets. »

Selon M. Miller, les quelques semaines d’existence du comité de travail se penchant sur la répartition des demandeurs d’asile au pays donnent des « élans positifs » et il a « une certaine confiance de pouvoir mettre un plan devant le public en début de septembre ».

Avec des informations de Thomas Laberge