De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

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La citation de la semaine

Scuse-moi, mais vous êtes pleins de marde.

Francis Drouin, député libéral de Glengarry—Prescott—Russell. L’élu de l’Est ontarien a lancé cette injure à deux témoins, durant une réunion du comité des langues officielles cette semaine, qui soutenaient que fréquenter une université ou un cégep anglophone augmente la probabilité de mener sa vie en anglais à Montréal. Ces propos ont été vivement condamnés par les partis de l’opposition à Ottawa et le gouvernement Legault. Le Bloc québécois réclame la démission de M. Drouin de son poste de président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.

Les chefs fédéraux mal-aimés

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Justin Trudeau, Pierre Poilievre et Jagmeet Singh n’ont pas beaucoup de choses en commun, sauf le désamour qu’ils semblent inspirer à la population. En fait, jamais trois chefs de parti fédéraux n’ont été aussi simultanément impopulaires en 50 ans, nous apprend un sondage de la firme Angus Reid. Le chef conservateur Pierre Poilievre est le plus « populaire », avec un -12 %, suivi de près par le leader néo-démocrate Jagmeet Singh, avec -14 %. Le premier ministre libéral Justin Trudeau remporte la palme avec -38 %. « De nombreux experts et observateurs ont émis l’hypothèse que la politique n’avait jamais été une telle source de division, avec des chefs de parti qui cherchent à exploiter les différences plutôt que de les surmonter », analyse la firme qui a réalisé l’enquête. « Cette frustration et la division semblent avoir créé les conditions parfaites pour le mécontentement politique, ce qui se traduit par un leadership historiquement impopulaire au niveau fédéral », y ajoute-t-on. La cote de popularité est l’écart entre les avis favorables et les avis défavorables.

Consultez le sondage dans le détail (en anglais seulement) 

L’avenir de Fitzgibbon, vu par Legault

Pierre Fitzgibbon restera-t-il jusqu’à la fin de son mandat ? Le superministre du gouvernement Legault a refusé mercredi de s’engager à le terminer, ce qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des journalistes. François Legault a même eu à assurer que son ministre serait là jusqu’en 2026. Le lendemain, M. Fitzgibbon a taquiné les courriéristes : « J’ai pensé à ça cette nuit, je pense que je vais faire un troisième mandat », a-t-il lancé le sourire aux lèvres. François Legault en a rajouté une couche au Salon bleu, talonné par les libéraux sur sa vision du développement énergétique. « Grâce au travail du ministre de l’Économie, qui va rester là pour un troisième mandat, bien, on va fabriquer de l’éolien comme jamais ! » M. Fitzgibbon est âgé de 69 ans et il est acquis qu’il ne sera pas sur les rangs en 2026.

La définition de la semaine

CAPTURE D’ÉCRAN DE PARLVU (DÉBAT DU 9 MAI)

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre

Décriminalisation [dekʀiminalizasjɔ̃] : action de soustraire à la juridiction criminelle un acte ou une omission qui était considéré comme une infraction criminelle, soit l’action de réduire la gravité d’une infraction ou de lui retirer tout caractère criminel ou pénal⁠1. À ne pas confondre avec légalisation [legalizasjɔ̃], qui est la dépénalisation par un texte de loi d’une activité ou d’un objet⁠2. Vite, un correcteur pour la motion déposée cette semaine en Chambre par Pierre Poilievre, qui s’intitule « Légalisation des drogues dures », et qui demande notamment de « rejeter de façon proactive la demande de la Ville de Toronto pour que le gouvernement fédéral rende légales les drogues dures mortelles comme le crack, la cocaïne, l’héroïne et la métamphétamine ».

⁠1 et ⁠2 Source : Juridictionnaire du gouvernement du Canada

« Sans droit, sans choix »

La ministre Soraya Martinez Ferrada a révélé une histoire toute personnelle lors de la période des questions jeudi. Elle s’est rendu compte à 18 ans qu’elle était enceinte alors qu’elle venait de retourner dans son pays natal, le Chili, où il était criminel d’obtenir une interruption de grossesse. « Pour une deuxième fois, le Canada m’a sauvée en me permettant d’obtenir un avortement légal, sécuritaire et un avenir que j’avais choisi », a-t-elle raconté avant d’accuser les conservateurs de « s’attaquer à la liberté de choisir des femmes ». Même si le chef Pierre Poilievre a déjà affirmé qu’il était pro-choix, plusieurs de ses députés ne le sont pas. Le même jour, deux élus conservateurs de l’Ouest canadien ont participé à la manifestation annuelle antiavortement devant le parlement.

Y en aura pas de facile pour Nadeau-Dubois

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

Depuis la démission d’Émilise Lessard-Therrien de son poste de co-porte-parole de Québec solidaire (QS), où elle montrait du doigt les professionnels « tissés serrés » qui accompagnent son homologue Gabriel Nadeau-Dubois, ce dernier a réussi à recadrer le débat pour qu’il concerne désormais la vision « pragmatique » qu’il veut insuffler au parti. Néanmoins, pratiquement chaque jour, un nouvel épisode de la crise qui secoue le parti a atterri à l’Assemblée nationale. Cette semaine, la Commission nationale des femmes (une instance officielle du parti) a affirmé qu’il fallait cesser de « museler » les idées et les interventions des membres féminines. Jeudi, une quarantaine de membres, dont d’ex-candidats et l’ancienne députée Catherine Dorion, se sont inquiétés que M. Nadeau-Dubois dénature le parti. Avant de quitter le parlement pour une semaine de travaux en circonscription, jeudi, c’est l’ex-co-porte-parole du parti, Manon Massé, qui a le mieux résumé la situation : ça sera aux membres de trancher, du 24 au 26 mai, au Conseil national à Saguenay.

Le chiffre de la semaine : 109 000

Le nombre de fonctionnaires qui ont été embauchés à Ottawa depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau en 2015. On comptait en 2023 quelque 357 000 fonctionnaires fédéraux, une hausse de 42 % des effectifs en huit ans.

Moment solennel au Salon bleu

Il y a déjà 40 ans que le caporal Denis Lortie a fait irruption à l’Assemblée nationale avec pour objectif de tuer le premier ministre de l’époque, René Lévesque, et des députés du Parti québécois. L’attentat, qui a marqué la démocratie québécoise, a fait 3 morts et 13 blessés. Le tireur s’était finalement rendu à la police après des heures de négociations avec le sergent d’armes René Jalbert. Ce triste évènement a été souligné dans la sobriété cette semaine. « À deux reprises dans notre histoire, notre formation politique a été ciblée par des tueurs qui voulaient causer énormément de dommage. Les menaces ont toujours été plus élevées à l’égard du PQ », a rappelé le député péquiste Pascal Bérubé. Tous les députés ont observé une minute de silence mercredi au Salon bleu. En tenue d’apparat, deux constables ont également déposé une gerbe de fleurs sur la table centrale.

« Sûr de payer trop cher »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien

C’est à croire que les contribuables se font plumer depuis des années. Le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, a mis le paquet pour démontrer que son nouveau mode « collaboratif » pour la gestion des projets est une « petite révolution ». Ce mode vise à faire participer les entrepreneurs dès l’élaboration des projets, contrairement à ce qui se fait dans le mode dit « traditionnel » largement utilisé jusqu’ici. « Pour une fonction publique, le mode traditionnel en termes de gestion, c’est parfait. Ce n’est pas compliqué ça : tu es sûr de payer trop cher ! Mais ce n’est pas compliqué à gérer. » Québec va créer un tableau de bord – un de plus ! – sur l’évolution des projets d’infrastructures. Il a répondu à La Presse qu’il est « assez ouvert » à ce que ce tableau permette de voir si la promesse d’économies de 15 % et la baisse des délais de réalisation de 25 % se concrétiseront. À suivre.