La Ville de Montréal a procédé vendredi au démantèlement du campement installé par des manifestants propalestiniens au square Victoria. Une décision « qui n’a pas été prise à la légère », a assuré la mairesse, Valérie Plante, qui a notamment invoqué des motifs de sécurité.

Ce qu’il faut savoir

  • Le campement propalestinien installé au square Victoria a été démantelé vendredi dans le calme.
  • La mairesse a invoqué des motifs de sécurité pour justifier la décision, qui n’a pas été prise à la légère.
  • Elle a lancé des flèches au ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui avait critiqué l’inaction de la Ville dans le dossier des campements.

« C’est une opération qui était délicate et qui s’est faite de façon professionnelle et dans le calme, ce que l’on souhaitait », a déclaré la mairesse quelques heures après le démantèlement, vendredi après-midi.

Vers 5 h, un employé de l’arrondissement de Ville-Marie s’est présenté près du campement muni d’un mégaphone.

Lisez la chronique de Maxime Bergeron : « Un démantèlement, enfin »

« Il disait qu’on était sur un terrain public et qu’on devait décamper », a raconté une manifestante, pour qui l’opération était une « surprise ». « J’ai couru à l’intérieur, essayé de réveiller les gens. »

Peu après, une dizaine de policiers ont pénétré à l’intérieur du campement où dormaient une quinzaine de personnes.

« On a monté une petite barricade, mais il n’y avait rien à faire, a relaté un autre manifestant. Ils étaient plus nombreux que nous. » Les manifestants ont finalement accepté de quitter les lieux.

Soulignant l’importance de protéger le droit de manifester, la mairesse a expliqué qu’« on ne peut pas occuper de façon statique un lieu public, et ce, peu importe la cause que l’on défend ».

Le campement posait également des enjeux de sécurité, a-t-elle ajouté, citant notamment le risque d’incendie.

« [Il] ne permettait pas la libre circulation et le libre accès à la population, mais également aux cols bleus, aux pompiers et aux policiers qui sont là pour assurer la sécurité de tous et de toutes. »

  • La Ville de Montréal a procédé tôt vendredi matin au démantèlement du campement installé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    La Ville de Montréal a procédé tôt vendredi matin au démantèlement du campement installé par des manifestants propalestiniens au square Victoria.

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Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a salué le dénouement de l’opération, ajoutant qu’il « était temps d’agir ».

« Nous espérons que le même traitement sera appliqué pour les autres camps existants et à venir », a-t-il réagi sur les réseaux sociaux.

Avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, il avait critiqué plus tôt cette semaine l’inaction de la mairesse dans le dossier des campements.

« J’aurais vraiment souhaité [qu’ils] daignent prendre le téléphone pour nous parler plutôt que d’envoyer un tweet. Ça m’aurait fait plaisir de leur expliquer quel était le plan de match sur lequel on travaillait », a rétorqué la mairesse vendredi.

Le recteur de l’Université McGill, Deep Saini, s’est lui aussi réjoui de l’opération, y voyant un « signe encourageant ».

« Après l’intervention de ce matin, j’ai bon espoir que la Ville de Montréal et le SPVM agiront avec cohérence en démantelant sans tarder le campement érigé sur notre campus », a-t-il déclaré dans un avis transmis aux médias.

Questionnée à ce sujet, Mme Plante a rapidement écarté cette éventualité.

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Valérie Plante

Moi, la mairesse, j’interviens sur l’espace public via un règlement d’utilisation de l’espace public. McGill, c’est un espace privé.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Elle a profité de l’occasion pour dénoncer le « manque total de leadership » de l’administration depuis l’apparition du campement propalestinien sur son terrain, il y a plus de deux mois.

« Je suis contente qu’on parle de McGill, parce qu’elle est la seule institution universitaire avec un campement où il n’y a pas eu de solution », a-t-elle souligné.

La mairesse a rappelé que l’université avait décidé « dès le début » de prendre la voie judiciaire, un choix qu’elle doit maintenant « assumer ».

« L’Université McGill doit revoir sa stratégie parce que, clairement, c’est la seule université qui échoue présentement », a poursuivi Mme Plante.

Le Service de police de la Ville de Montréal a confirmé qu’aucune arrestation n’avait eu lieu durant le démantèlement.

Le ménage aura finalement été complété en moins d’une matinée.

Au passage de La Presse, une cinquantaine d’employés de la Ville terminaient de démonter les tentes, jetant tapis de sol, banderoles et chaises pliantes dans les camions à ordures stationnés à proximité.

Plus d’une centaine de policiers supervisaient l’opération de nettoyage, qui s’est déroulée sous le regard des manifestants tenus à l’écart.

Le campement avait été installé par des manifestants propalestiniens réclamant que la Caisse de dépôt et placement du Québec mette fin à ses relations avec des établissements « complices de l’occupation israélienne ».

Le collectif demandait aussi à Québec de fermer son bureau en Israël.

De son côté, le chef de l’opposition officielle de la Ville, Aref Salem, a critiqué « la gestion chaotique de ces occupations ».

« Il est déplorable de voir qu’il a fallu autant de pression et une dispute entre l’administration Plante et des ministres du gouvernement du Québec pour que le démantèlement soit finalement déclenché », a-t-il réagi.