Les revenus rapportés par les parcomètres de Montréal sont remontés au niveau prépandémique à Montréal, surpassant même celui-ci, après un creux marqué par la baisse de fréquentation au centre-ville. En 2023, la Ville a généré près de 63 millions avec le stationnement payant sur rue, un sommet inégalé depuis plusieurs années.

Un retour en force

C’est ce que révèle le rapport annuel de l’Agence de mobilité durable (AMD), paru mercredi. En 2022, un début de retour à la normale avait été observé avec 55 millions de revenus. Le tout survenait après des chutes en 2020 et en 2021, avec seulement 33,1 millions et 39,3 millions. Cela dit, même par rapport à 2019, avec 60,1 millions, la hausse est marquée pour 2023. « J’espère que cette augmentation va se poursuivre. Ça voudrait dire que les places tarifées sont bien utilisées, qu’elles génèrent de la rotation et un meilleur usage de l’espace », affirme le directeur général de l’AMD, Laurent Chevrot.

Et pourquoi ça augmente ?

Pour plusieurs raisons. D’abord, les tarifs des parcomètres augmentent chaque année, alors que l’usage du stationnement, lui, ne diminue pas. Mais surtout, « pour la première fois depuis plusieurs années, on a vu des places gratuites devenir payantes dans plusieurs arrondissements », note M. Chevrot. « Oui, la Ville retire toujours des places de stationnement pour d’autres usages, comme des voies réservées ou des pistes cyclables, mais il y a une prise de conscience de la tarification du stationnement pour stimuler l’attractivité commerciale », dit-il. De 2022 à 2023, le nombre de bornes de stationnement est d’ailleurs en hausse : il est passé de 1184 à 1268 dans l’île de Montréal.

Un centre d’appels surchargé

Outre le stationnement, l’AMD est aussi derrière plusieurs projets de gestion de la voie publique, dont son centre d’appels mis sur pied en avril 2023. Ayant pour but d’intervenir sur des entraves non autorisées – une responsabilité qui relevait jusque-là du 911 –, il a reçu l’an dernier 130 000 appels. « Il y a un très grand engouement qui nous oblige à nous adapter. Au départ, l’attente était plus longue qu’on espérait, mais là, c’est à trois minutes d’attente. Il y aura un ajout de ressources pour être encore plus rapide. On s’attend à recevoir entre 170 000 et 200 000 appels cette année », affirme le directeur général à ce sujet.

Deux projets au ralenti

Ce devait initialement être terminé d’ici la fin de 2024, mais l’inventaire de bordure de rue, soit le vaste répertoire de données mesurant l’occupation du domaine public en direct, devra finalement attendre. « Malheureusement, le fournisseur n’a pas livré la qualité attendue, donc le contrat a été résilié. On explore d’autres solutions, comme conclure des ententes avec des universités, voire le faire nous-mêmes. Tout le monde continue de penser que c’est extrêmement important pour le futur de Montréal », note le gestionnaire. L’idée d’implanter une tarification modulaire du stationnement, en fonction de la densité du milieu et de l’espace disponible, sera aussi vraisemblablement reportée.

Vers une lecture automatisée des plaques

Le projet de lecture automatisée des plaques, qui permettrait de collecter des données en temps réel sur la provenance des véhicules et leur circulation sur le territoire, est quant à lui toujours bien en selle. Un système intelligent est toujours en développement, mais l’AMD vise à mettre sur les routes ses premiers véhicules de lecture d’ici la fin de 2024, en commençant par les secteurs d’Outremont et de l’ouest du Plateau-Mont-Royal, où la pression sur le stationnement est particulièrement forte et la réglementation, assez complexe. D’ici la fin de 2026, l’objectif serait d’étendre le projet à l’ensemble de la ville.