Les sociétés de transport du Grand Montréal n’ont pas réussi à faire plier Québec et n’obtiendront finalement pas plus de 200 millions en 2025. Pour la suite, les transporteurs restent dans le flou, ignorant toujours ce qu’ils auront dans les prochaines années.

La Presse a pu confirmer qu’une entente avait été conclue ces derniers jours entre la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et le gouvernement du Québec. Ce dernier fournira, comme prévu dans son offre initiale, quelque 200 millions aux transporteurs du Grand Montréal.

Selon nos informations, la part couvrant les services dans l’île de Montréal sera de quelque 100 millions, d’environ 24 millions à Longueuil, de 23 millions à Laval, de 35 millions dans la couronne sud et de 18 millions dans la couronne nord. C’est l’Autorité régionale de transport métropolitain qui sera chargée d’investir les sommes au bon endroit.

L’entourage de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, laissait entrevoir depuis plusieurs semaines déjà qu’elle ne céderait pas sur son offre initiale de 200 millions. Cela représente environ 70 % du déficit « conjoncturel » des transporteurs, attribuable aux pertes pandémiques. Face à un manque à gagner de 561 millions, les sociétés de transport, elles, réclamaient 421 millions.

On ignore toutefois encore combien auront les transporteurs en 2026, 2027 et 2028. L’objectif serait d’arriver à une entente à long terme d’ici septembre. « Le problème n’est pas du tout réglé. On veut continuer à négocier avec le gouvernement pour avoir plus de prévisibilité », résume le président de la Table des préfets et élus de la couronne nord (TPECN), Denis Martin.

On met tous beaucoup de pression sur nos sociétés de transport en ce moment. Tout est étudié pour sauver des coûts. L’objectif demeure à tout prix de ne pas couper dans le service rendu aux citoyens.

Denis Martin, président de la TPECN

Déception et amertume

À court terme, l’entente pour 2025 risque de déplaire à beaucoup d’élus et de citoyens, puisqu’elle signifie que la hausse de la taxe sur l’immatriculation des véhicules (TIV), que les villes espéraient pouvoir réduire si l’aide de Québec était plus juteuse, restera de 150 %.

La taxe passera donc bel et bien de 59 $ à 150 $ par voiture dans le Grand Montréal en 2025. Pour les municipalités, cela signifiera des revenus de 320 millions de dollars supplémentaires par année. Jusqu’ici, la taxe de 59 $ générait 127 millions annuellement. Le reste de l’écart entre l’aide gouvernementale et le déficit, soit environ 40 millions, sera comblé par les nombreuses mesures d’optimisation financière.

Dans la couronne sud, qui s’était dès le départ opposée à l’augmentation de la TIV, on se dit « profondément déçu » par le dénouement de ce dossier.

« Cette décision affecte gravement notre région, déjà désavantagée en matière de transport collectif. […] Nos citoyens dépendent largement de leurs véhicules, faute d’alternatives viables comme les services d’autobus », a dit le président de la Table des préfets et élus de la couronne sud, Christian Ouellette.

Au cabinet du maire de Laval, Stéphane Boyer, on juge que « l’entente pour 2025 permet de fermer la parenthèse budgétaire, mais s’accompagne encore de choix difficiles, notamment certaines compressions dans les sociétés de transport qui atteindront leurs limites très bientôt, en touchant au service le moins possible ». « On cherche toujours avec le gouvernement un chantier sur les grandes optimisations sur le plan métropolitain, des réformes qui permettront de faire de vrais gains d’efficience », a-t-on ajouté.

« Nos discussions avec les villes sur les déficits des sociétés de transport se poursuivent et nous souhaitons toujours conclure une entente prochainement qui donnera de la prévisibilité pour les prochaines années », s’est de son côté contenté de répondre le cabinet de la ministre Guilbault.