Le métro de Montréal a été ralenti en 2023 par plus de 1000 interruptions de service, un cap qui n’avait pas été atteint depuis la période prépandémique. Selon des données obtenues par La Presse, tout indique que la tendance devrait se maintenir cette année encore.

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Selon des chiffres obtenus en vertu d’une demande d’accès à l’information, depuis 10 ans, c’est l’année 2017 qui a été marquée par le plus grand nombre d’interruptions, avec 1170 incidents. Suit de tout près l’année 2023 où quelque 1100 arrêts ont touché le réseau. Le nombre d’interruptions avait connu une baisse significative au cours des dernières années, marquées notamment par la pandémie de COVID-19, l’avènement du télétravail et les mesures de confinement. En 2020 et 2021, par exemple, il y en avait eu environ 800 chaque année. Pour les premiers mois de 2024, la Société de transport de Montréal (STM) recense 401 interruptions, non loin des 417 relevées à pareille date l’année précédente.

Adéquation avec la fréquentation

Ces chiffres traduisent en partie l’évolution de la fréquentation dans le métro puisque, selon la STM, « 60 % des interruptions sont liées directement ou indirectement à la clientèle et ont [donc] suivi la croissance de l’achalandage ». C’est d’ailleurs dans le métro de Montréal que l’on compte le plus grand nombre d’interruptions de service causées par la clientèle dans le monde entier, selon des données internationales. La STM avance par ailleurs que la pandémie a « exacerbé certains phénomènes sociaux » – dont l’itinérance, la toxicomanie et les enjeux de santé mentale – qui peuvent avoir une incidence sur les interruptions de service.

Durée constante

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Usagers du métro lors d’une interruption de service à la station Lionel-Groulx, en mai 2022

Entre 11 et 14 minutes : voilà la durée moyenne, année après année, des interruptions de service relevées dans le réseau. Or, il arrive que surviennent des incidents qui paralysent le réseau – en tout ou en partie – plus longtemps. Pour la décennie écoulée, l’interruption la plus longue est survenue le 14 janvier 2017, quand un train a endommagé des équipements de signalisation à la station Du Collège, entraînant un arrêt de plus de 11 heures sur une partie de la ligne orange. Depuis le début de l’année 2024, le pic a été observé le 28 mars, alors que la ligne orange, colonne vertébrale du réseau, a été en partie paralysée pendant plus de deux heures.

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Constats d’infraction

Alors que le nombre d’interruptions de service retrouve peu à peu son niveau prépandémique, il en va tout autrement pour les constats d’infraction remis aux usagers. De près de 15 000 en 2016, leur nombre a chuté à moins de 10 000 l’année dernière. La STM explique cette baisse en partie par la fréquentation moins élevée qu’avant la pandémie, mais surtout par la nature des interventions faites par ses constables spéciaux. Ceux-ci sont de plus en plus appelés à intervenir auprès de personnes vulnérables, parfois pendant de longues périodes. « Plus les constables sont occupés à intervenir dans ce type de cas, moins ils ont de temps à consacrer à l’application des règlements », résume le transporteur montréalais.

Intégrité des revenus

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Une portion importante des constats d’infraction sont remis à des usagers tentant d’utiliser les services de la STM sans titre valide.

Une part considérable des constats d’infraction a été signifiée à des usagers qui tentaient d’utiliser les services de la STM sans disposer de titre pour le faire. Ces infractions comptent pour environ 60 % des quelque 116 000 constats donnés lors des 10 dernières années. En comparaison, par exemple, un peu moins de 5000 constats ont été remis à des gens ayant consommé ou étant en possession de boissons alcoolisées. Depuis 2014, la STM a remis pour près de 16 millions de dollars en constats d’infraction. Seulement pour le début de 2024, en date de la mi-mai, l’organisme aurait réclamé plus de 450 000 $ aux contrevenants.

Avec la collaboration de William D’Avignon, La Presse