La refonte des circuits d’autobus annoncée dans le sud-ouest de Montréal cause des remous, de nombreux usagers dénonçant des temps de parcours plus longs. Les changements visent avant tout à augmenter la fréquence des passages vers le centre-ville, se défend la Société de transport de Montréal (STM).

« Quelle décision dégueulasse. » Sur la page de la mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, bon nombre de citoyens ne sont pas tendres à l’égard des nouvelles dessertes de bus annoncées au début de juin dans les arrondissements de Lachine, de LaSalle, du Sud-Ouest et de Verdun.

Au total, une trentaine de lignes sont touchées par la refonte qui entrera en vigueur le 26 août prochain. Deux nouvelles lignes locales seront créées pour assurer l’accessibilité au sein même des quartiers, à savoir les lignes 38 De l’Église et 114 Angrignon.

Deux dizaines d’autres lignes seront quant à elles « modifiées en termes de parcours, de plage horaire ou de fréquence », dont trois qui deviendront fréquentes en heure de pointe, soit la 107 Verdun, la 112 Airlie et la 496 Express Victoria. Enfin, sept lignes seront abolies, leur parcours devant être repris par d’autres lignes.

« Une grosse préoccupation »

Tout comme la refonte qui avait été faite à L’Île-des-Sœurs l’été dernier, avec l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM), les changements passent mal. « Pour me rendre à mon travail à Lachine, un trajet qui me prenait 15-20 minutes avec un seul autobus, maintenant les seules options, c’est deux autobus, sortir de Lachine, aller à LaSalle pour revenir à Lachine. Bravo l’efficacité », ironise par exemple Stéphane Bourdeau sur les réseaux sociaux.

Et il n’est pas le seul. Dans le réseau communautaire, on s’inquiète aussi des impacts de la refonte, particulièrement pour les plus vulnérables. « On a une grosse préoccupation par rapport à l’accessibilité universelle, parce que dans la forme actuelle, on va perdre l’accès aux stations McGill et Lionel-Groulx. Ça inquiète beaucoup de gens ici », note Simon Paquette, porte-parole d’Action-Gardien, qui regroupe plusieurs organismes communautaires du quartier Pointe-Saint-Charles.

On salue le fait qu’il y aura maintenant un lien vers l’hôpital de Verdun, c’était une de nos demandes, mais en même temps, on n’a pas l’impression de gagner quoi que ce soit avec les autres pertes.

Simon Paquette, porte-parole d’Action-Gardien

À la STM, la conseillère en développement des réseaux Fanja Rajesson affirme que les consultations ayant mené à cette refonte, lancées dès 2018, « avaient clairement montré que les gens étaient prêts à marcher un peu plus pour avoir davantage de fréquence ». « Et c’est exactement ce qu’on fait ici », dit-elle.

« Forcément, ça implique d’aller en enlever un peu à certains endroits pour en mettre plus à d’autres. On estime que c’est environ 5 % de notre clientèle qui verra une certaine dégradation et des temps de parcours un peu plus longs, donc un peu plus de marche, mais ce sera pour aller chercher une ligne plus fréquente », ajoute Mme Rajesson.

À l’inverse, toutefois, environ 15 % de la clientèle de ce secteur verra son temps de parcours « diminuer en pointe du matin », assure la gestionnaire.

Elle soutient d’ailleurs que la couverture potentielle au sens large du bassin d’usagers desservis par les autobus risque de bondir avec cette réforme. « On veut donner accès [au réseau] à environ 220 000 résidants du secteur avec les lignes fréquentes, contre 80 000 jusqu’ici. Le but, c’est aussi d’aller chercher des gens qui ne prennent pas l’autobus, mais qui pourraient l’essayer et trouver ça efficace. »

Son groupe s’engage néanmoins à s’adapter si l’insatisfaction persiste. « À l’instar de L’Île-des-Sœurs, on va surveiller ça de près dans les six premiers mois, on va bien regarder ce qui se passe. S’il y a des pétitions, des demandes et qu’on voit qu’il y a des enjeux, c’est sûr qu’on va revenir en arrière. On est prêts à ajuster les choses », conclut celle qu’on surnomme « le cerveau » des circuits de la STM.