L’intersection des rues Ontario et Berri est la plus dangereuse aux yeux des cyclistes montréalais, révèle une nouvelle étude menée le printemps dernier par l’Université McGill auprès de 1500 utilisateurs à deux roues, qui dressent le top 10 des pires secteurs.

« Les intersections sont les zones les plus vulnérables pour les collisions impliquant des cyclistes, des piétons et des voitures. Celles mises en évidence dans ce sondage doivent être redessinées pour améliorer la sécurité et le confort de tous », affirme Hisham Negm, doctorant à l’École d’urbanisme de McGill, qui est l’un des principaux artisans de la recherche.

Mené par le groupe Transportation Research de l’Université McGill (TRAM), le sondage réalisé en ligne auprès de quelque 1500 répondants révèle d’emblée que l’intersection Ontario-Berri est celle qui est jugée la plus dangereuse par les cyclistes, suivie de près par le carrefour entre les avenues du Parc et du Mont-Royal.

Les 10 intersections les plus dangereuses

  1. Ontario et Berri
  2. du Parc et du Mont-Royal
  3. Saint-Joseph Est et D’Iberville
  4. Papineau et Crémazie
  5. De Maisonneuve et Décarie
  6. De Maisonneuve et Berri
  7. Saint-Urbain et Président-Kennedy
  8. Sainte-Croix et de la Côte-de-Liesse
  9. Dickson et Notre-Dame
  10. De La Vérendrye et de l’Église

IMAGE FOURNIE PAR TRAM, UNIVERSITÉ MCGILL

Les dix intersections cartographiées

Sur l’ensemble de ces secteurs, l’équipe de TRAM recommande à la Ville de Montréal « d’analyser les zones où les vélos entrent en conflit avec les véhicules et les piétons pour identifier les raisons des collisions et des quasi-accidents », voire de « collecter et étudier les itinéraires préférés des cyclistes ».

L’objectif serait d’ultimement en venir à « redessiner les intersections dangereuses pour prioriser la sécurité et la fluidité des déplacements, en prévenant proactivement les collisions », persistent les chercheurs.

Déjà des projets

Chez Vélo Québec, le président et directeur général Jean-François Rheault rappelle que toutes les intersections ciblées « ont quatre voies de voitures ou plus ». « On voit aussi que ce sont des rues sans infrastructures cyclables, ou alors qui ont été faites il y a longtemps, comme Berri et Maisonneuve, qui sont bidirectionnelles et pas adaptées au flot de cyclistes », note-t-il.

« N’empêche, la bonne nouvelle, c’est que sur Berri, du Parc et Mont-Royal, il y a des projets de réaménagements cyclables prévus dans les prochaines années. La Ville a visiblement identifié plusieurs de ces endroits comme prioritaires », ajoute M. Rheault.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on fait également valoir que les résultats de cette étude « semblent déjà en phase avec les conclusions de la Ville, puisque plusieurs intersections mentionnées font actuellement l’objet de travaux de sécurisation ou le feront prochainement ».

La piste cyclable de la rue Berri doit par exemple être réaménagée dans les prochains mois afin d’y mettre sur pied deux voies unidirectionnelles de chaque côté.

« Nous allons continuer d’accélérer les initiatives à travers la ville pour garantir la sécurité de tous les usagers. […] On doit aussi intervenir davantage sur les intersections artérielles, où se produisent la majorité des collisions mortelles et graves », affirme l’attachée de presse de la mairesse, Béatrice Saulnier-Yelle.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

La piste cyclable de la rue Berri, au coin de la rue Ontario

M. Rheault, lui, estime que les investissements de la Ville en matière de sécurisation des rues « suivent surtout le rythme de réfection des infrastructures souterraines ». « C’est bien d’être opportuniste, mais il faut aussi faire des projets transitoires et développer de nouveaux axes. La Ville n’a pas encore trouvé la recette parfaite pour faire avancer les projets de façon rapide », estime-t-il.

« Concevoir pour le cyclisme ne se limite pas à ajouter des pistes cyclables. Pour assurer la sécurité de tous les usagers de la route et faciliter les déplacements des cyclistes, ces pistes doivent être bien conçues et connectées », a quant à lui rappelé M. Negm.