C’est aux gouvernements Legault et Trudeau que devraient revenir le fardeau de financer « adéquatement » l’exploitation et le développement du transport collectif, juge la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui appelle à mettre de côté « les jeux politiques » des paliers supérieurs avec les villes.

« Le plus riche des trois acteurs politiques, on va se le dire, ça n’a jamais été les municipalités. Ce sont les gouvernements. Et ils doivent montrer l’exemple. C’est à l’État de financer l’essentiel de la facture », juge le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, en entrevue avec La Presse.

Son groupe tiendra ce jeudi un Forum national sur le financement du transport collectif et public, au centre-ville de Montréal. L’objectif : démontrer la force du « consensus actuel au Québec en faveur d’un financement public et pérenne » du transport collectif.

Aucune entente de financement n’est encore intervenue entre les transporteurs de la métropole et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Celle-ci avait dit il y a quelques semaines vouloir régler le dossier « avant l’été », qui commence théoriquement ce vendredi 21 juin. Une annonce semble donc imminente.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault

L’offre gouvernementale évoquée en coulisses est de 200 millions, soit environ 70 % du déficit « conjoncturel » attribuable aux recettes tarifaires ayant fondu pendant la pandémie de COVID-19. Face à un manque à gagner de 561 millions, les sociétés de transport, elles, réclament un minimum de 421 millions.

Mais selon M. Bolduc, c’est insuffisant. « On comprend les jeux politiques, mais en bout de compte, il va falloir s’entendre sur une formule pour augmenter l’offre au meilleur prix possible. Ça ne peut pas reposer uniquement sur le dos des municipalités. Et augmenter les tarifs nous ferait entrer dans un cercle vicieux qui découragerait les usagers d’embarquer », explique-t-il.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, doit prendre la parole lors du Forum, tout comme plusieurs présidents de sociétés de transport. L’artiste handicapée et intervenante communautaire Rosalie Campeau livrera aussi un témoignage sur le manque de mesures en matière d’accessibilité universelle. «  C’est un droit, surtout quand on est autant limité dans nos déplacements, d’avoir un service de transport adapté. On dépend de ça pour vivre une vie normale », affirme Mme Campeau.

Un enjeu de longue date

Dès 1989, rappelle son secrétaire général, la FTQ dénonçait le sous-financement et le « désengagement » des gouvernements en transport collectif. « À l’époque, on disait déjà que le transport urbain devait être favorisé et financé adéquatement. Ça fait 35 ans de ça, imaginez, et on en parle encore. »

En conférence un peu plus tôt, mercredi devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), la mairesse Valérie Plante, elle, a déploré « la fâcheuse tendance » que le Québec a « de ne pas faire de nouveaux projets, alors que dans toutes les villes, année après année, on rajoute une station, on garde le tunnelier, on s’en sert pour un autre projet ».

« Nous, on ne l’a pas fait ici. Et malheureusement, aujourd’hui, on est dans un déficit de l’offre. Les gens veulent se déplacer en transport collectif, mais il n’y a pas d’options », a-t-elle dénoncé.