Avec près de 350 kilomètres, la Société de transport de Montréal (STM) possède l’un des réseaux de voies réservées aux autobus les plus vastes dans le monde. Et le transporteur ne compte pas s’arrêter là : il ambitionne de passer du tiers à la moitié des déplacements avantagés par ces corridors uniques.

« Ça va continuer d’augmenter, mais à des endroits ciblés. On commence vraiment à avoir une belle trame de fond », a indiqué mercredi le directeur de la planification et de la gestion des réseaux de la STM, Michel Tremblay, lors d’un breffage technique portant sur les mesures préférentielles par bus (MPB).

Jusqu’ici, on compte 347 kilomètres de voies réservées à Montréal. Le tiers des citoyens utilisant l’autobus en empruntent. Il y a aussi 1400 feux prioritaires aux autobus, dont 1000 sont en temps réel, ce qui représente environ un tiers des feux dans la métropole. Environ 40 % des navetteurs peuvent en bénéficier.

M. Tremblay espère faire évoluer ces données rapidement. « On voudrait être à environ 50 %, donc au moins un déplacement sur deux qui passe par des voies réservées, d’ici quelques années. C’est ambitieux, on le sait », a-t-il dit.

Une carte diffusée par la société de transport, mercredi, donne d’ailleurs une idée des ambitions d’ici 2030, plusieurs voies réservées ainsi que des Services rapides par bus (SRB) étant déjà à l’étude pour une implantation au cours des cinq prochaines années.

PHOTO FOURNIE PAR LA STM

À court terme, plusieurs projets sont dans les cartons. Cet été, des voies réservées doivent être installées sur les axes Papineau, Notre-Dame Ouest et Ray-Lawson. Une troisième phase de voies dédiées est également prévue sur la rue Jarry, et une deuxième sur le boulevard Saint-Laurent. Plus au nord, sur le boulevard Henri-Bourassa, un SRB est aussi prévu d’ici 2027, comme c’est déjà le cas sur le boulevard Pie-IX.

Le transporteur montréalais projette par ailleurs d’ajouter des feux prioritaires sur les axes Henri-Bourassa, Beaubien, Sherbrooke Ouest, René Lévesque, Saint-Jean et Des Sources.

« Il y a de grands axes comme le chemin Côte-des-Neiges ou l’avenue du Parc qui n’ont pas encore de feux en temps réel, mais ça s’en vient prochainement », a dit le conseiller corporatif en infrastructures et équipements MPB, Olivier Notte. À terme, l’objectif sera de « développer une ossature » de feux intelligents autour des futurs segments du REM, a-t-il ajouté.

Plusieurs cas de figure

Il faut dire que les exemples du passé sont pour la plupart probants. Sur le chemin Queen-Mary, par exemple, la voie réservée implantée depuis novembre 2022 a fait bondir le taux de ponctualité de 35 % et les vitesses commerciales d’environ 17 %.

C’est le même principe sur l’axe Papineau, où on évalue aujourd’hui le gain de temps à environ 4 minutes supplémentaires par voyage, ce qui représente grosso modo 325 000 $ d’économies par année pour la STM.

PHOTO FOURNIE PAR LA STM

Selon son président, Éric Alan Caldwell, « si on veut que le transport collectif progresse dans une ville, il faut savoir y donner sa place ». « Nos autobus font 600 000 déplacements par jour. […] Quand on rentre dans le réseau, qu’on franchit la porte d’un autobus, il faut qu’on sente que c’est efficace », a-t-il dit.

« En financement du transport collectif, vous m’avez toujours entendu dire qu’il nous faut plus de ressources, mais le fardeau est aussi sur nous. On doit faire le plus efficace possible », a persisté M. Caldwell.

S’il reconnaît que les conséquences des voies réservées sont considérables pour certains usagers, il appelle les Montréalais à voir plus grand. « Oui, il y a des impacts, que ce soit en récupération d’une voie de circulation, des places de stationnement enlevées, mais c’est important de voir les bénéfices qui sont notables et fondamentaux. C’est pour ça que l’on continue d’en faire », a conclu M. Caldwell.