Montréal réfléchit à la possibilité de piétonniser toute l’année la rue Sainte-Catherine Est dans le Village, du parc Émilie-Gamelin jusqu’au pont Jacques-Cartier, a appris La Presse.

Ce scénario, qui en ferait la plus longue artère piétonnière permanente à Montréal, a été mis sur la table mardi soir dans une rencontre houleuse entre la Ville et une association citoyenne du quartier, selon trois personnes qui y ont assisté. Le tronçon ferait environ un kilomètre.

Deux autres options ont été présentées : piétonniser à l’année un plus petit tronçon central, à l’est de la rue Atateken, ou encore maintenir le statu quo, avec une piétonnisation uniquement estivale.

« C’est la première fois que moi j’en entendais parler », a indiqué Michel Samson, un résidant du Village de 66 ans.

Pour Gabrielle Rondy, présidente de la Société de développement commercial (SDC) du Village, l’hypothèse existe toutefois depuis longtemps. La gamme des options a d’ailleurs été officiellement présentée à ses membres il y a quelques semaines.

« On va envoyer un sondage [aux commerçants] d’ici la fin de la semaine », a-t-elle dit. « C’est très difficile pour nous et pour nos membres de statuer. C’est très gros comme décision. »

Un échéancier a aussi été présenté au public : la décision devrait être prise et annoncée dès cet été par la Ville, pour une implantation après la réfection complète de la rue Sainte-Catherine Est. Ce chantier est prévu de 2025 à 2030 selon un « phasage exact à développer ».

Le cabinet de Valérie Plante a refusé de nous accorder une entrevue ou de confirmer nos informations. « Le réaménagement de Sainte-Catherine dans le Village est d’ailleurs bien en marche », s’est borné à affirmer l’attaché de presse Simon Charron, par écrit. « La semaine dernière, le comité exécutif a octroyé un contrat de 16 millions pour la conception et la réalisation du projet et nous sommes impatients de présenter le concept final dans les prochains mois. »

« Très en colère »

La rencontre de mardi soir portant sur l’avenir de la rue Sainte-Catherine a été houleuse, certains résidants jugeant que les autorités municipales devaient se concentrer sur la sécurité dans le Village, plutôt que sur des plans d’aménagement.

« Ma sensation, c’est que les gens étaient très en colère », a rapporté M. Samson.

« C’est comme aller voir un médecin qui nous dirait : “Tu as un cancer en phase 3, et pour t’aider, on va te faire un lifting” », a-t-il déploré. « Ils n’ont pas de solution au problème. Est-ce qu’ils pensent vraiment qu’en embellissant le quartier, ils vont résoudre les problèmes ? »

Younes El-Moustir, résidant et courtier immobilier dans le Village, a rapporté les mêmes inquiétudes. « Les gens, leur enjeu numéro 1, c’est la sécurité et l’itinérance », a-t-il dit. « Même si l’aspect visuel est très intéressant, très joli, le problème n’est pas réglé. »

Daniel Brault, au contraire, estime que les critiques envers l’administration municipale étaient limitées mardi soir et appelle ses concitoyens à accueillir la piétonnisation positivement. « Ce sont deux enjeux différents selon moi. Qu’il y ait de la piétonnisation ou non, l’itinérance est un problème dans la Ville de Montréal, comme dans plusieurs autres villes du pays », a-t-il dit.