Ce n’est vraiment pas pour me vanter, mais ma pression artérielle est vraiment exemplaire. Chaque fois qu’un infirmier, une infirmière, un médecin ou une doctoresse font la lecture de ma pression, leurs éloges sont unanimes.

Pour mon cholestérol, c’est une autre histoire, que je vous raconterai peut-être quand j’aurai besoin d’une autre métaphore dans cette chronique, quoique je ne sais pas trop comment le cholestérol pourrait être une fable pour quoi que ce soit.

Ma pression artérielle est donc exemplaire…

Sauf quand je lis sur l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

L’OCPM est un organisme paramunicipal qui fait des consultations publiques, comme son nom l’indique. L’OCPM avait aussi des règles de remboursement de dépenses dignes d’une république bananière, a révélé l’an dernier Le Journal de Montréal, révélation confirmée récemment par la Vérificatrice générale de Montréal.

Je résume : les hauts dirigeants avaient transformé l’OCPM en club de voyages payés par les fonds publics.

Il n’y a que le congrès annuel des Scouts de Papouasie qui échappait à l’intérêt des dirigeants de l’OCPM, toujours immensément curieux des façons de consulter le citoyen de par le monde, tant que ça leur permettait d’acheter un billet d’avion aux frais de mes taxes municipales.

Le scandale a entraîné la démission de Dominique Ollivier comme présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal : cette orgie de dépenses avait eu lieu alors qu’elle présidait l’OCPM.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Ollivier, ancienne présidente de l’OCPM

Si vous travaillez au privé et que vous avez déjà soumis des factures à rembourser sur votre compte de frais, vous savez que vos factures sont généralement l’objet d’une rigoureuse coloscopie, question d’éviter d’engager une dépense non permise.

C’était tout le contraire à l’OCPM, comme l’a démontré l’enquête du Journal de Montréal, une lecture qui a considérablement fait augmenter ma pression artérielle à l’époque, ce qui avait modérément inquiété mon médecin.

J’avais à peu près oublié cette histoire jusqu’à ce que Dominique Ollivier décide de poursuivre Québecor pour 1,7 million, en février dernier. C’était avant que la Vérificatrice générale de Montréal ne démontre que les règles de remboursement de dépenses de l’OCPM quand Mme Ollivier était aux commandes étaient déficientes…

Puis, il y a quelques jours, le JdeM a obtenu le détail d’autres dépenses discutables remboursées par l’OCPM, concernant des factures de restaurant.

Je résume : il semble que les hauts dirigeants de l’OCPM aient eu bien de la difficulté à tenir une réunion qui ne se déroule pas dans un restaurant, où l’alcool et la bouffe étaient remboursés par les contribuables.

Le Journal n’avait pas réussi à obtenir ces informations dans son enquête initiale parce que le responsable de l’accès à l’information de l’OCPM, Guy Grenier, était un des dirigeants qui étaient constamment en voyage ou au restaurant aux frais du contribuable. Ça ne s’invente pas…

Perle numéro 1 : Café Ferreira, Chez Alexandre et Damas : les Guy Grenier, Isabelle Beaulieu, Luc Doray et Dominique Ollivier n’hésitaient pas à manger aux meilleures tables de Montréal, alcool en prime, probablement pour que les brainstorms soient plus productifs.

Perle numéro 2 : Luc Doray a réclamé (et obtenu) des remboursements de factures de restaurant à 125 reprises alors qu’il était seul… Probablement pour réfléchir calmement à la meilleure façon de consulter le citoyen montréalais.

Ironie des ironies : en 2022, il se fait rembourser 51 $ pour un repas au restaurant au cours duquel il a écrit une lettre à la Ville de Montréal pour que le budget de l’OCPM soit augmenté…

La lettre fut productive : l’administration Plante a augmenté le financement de l’OCPM de 500 000 $ !

Depuis des années, Valérie Plante est au front avec d’autres maires pour un nouveau « pacte fiscal » avec le gouvernement du Québec, pour que les villes soient mieux financées… 

Je regarde la saga de l’Office de consultation publique de Montréal et je trouve que la Ville de Montréal devrait peut-être faire le ménage dans sa cour avant de tendre la main à Québec. Ce serait plus crédible.

Voici une ville qui a de plus en plus de fonctionnaires de mieux en mieux payés et qui reçoivent des bonis même quand ceux-ci avaient été suspendus en vertu d’une alchimie comptable présidée par la même Mme Ollivier…

Et qui a un Office de consultation publique qui fait des recommandations que cette même Ville de Montréal ne suit pas, quand ça ne fait pas son affaire, comme dans le cas du réaménagement de la voie Camillien-Houde du mont Royal !

Mais il faut toujours augmenter les taxes du citoyen, ça, c’est chaque année une « décision difficile » à prendre pour la Ville de Montréal vu « les besoins grandissants »…

J’écris ça et je pense à la face souriante de Guy Grenier dans un bar de Londres, bière payée par mon compte municipal devant lui, et je sens que quelque chose danse dans mon artère carotide.