Après les pluies torrentielles survenues dimanche, les inondations ont causé d’importants dégâts sur les routes de Chertsey, dans Lanaudière. Des dizaines de campeurs ont également dû être évacués.

Jessica Laporte-Mauceri se souviendra longtemps de cette fin de semaine de la Saint-Jean, où elle est venue de Terrebonne avec son compagnon pour camper dans la forêt Ouareau, à Chertsey. Mais quand le niveau de la rivière Ouareau s’est mis à monter, l’escapade s’est transformée en cauchemar.

En 36 heures, pas moins de 120 mm de précipitations sont tombés sur Chertsey. Avec ses 110 lacs et ses 58 barrages, de telles intempéries provoquent inévitablement des inondations.

À leur réveil, la tente de Jessica Laporte-Mauceri et de son compagnon était encerclée d’eau. Après avoir appelé les pompiers, ils ont dû emballer leurs affaires et partir en catastrophe, laissant derrière eux leur tente et leurs sacs de couchage détrempés.

La forêt était devenue un lac, on avait de l’eau jusqu’aux épaules, on trébuchait sur des roches. On était vraiment en conditions de survie.

Jessica Laporte-Mauceri

« Avoir su, on aurait pris un kayak », plaisante-t-elle, néanmoins toujours sous le choc.

Les pompiers ont dû évacuer une dizaine de campeurs qui, comme Mme Laporte-Mauceri et son compagnon, avaient planté leurs tentes près de la rivière Ouareau.

Non loin de là, à Rawdon, près de 200 jeunes qui célébraient leur après-bal ont dû être secourus dans la nuit de dimanche à lundi, après l’inondation du terrain de camping où ils passaient la nuit, selon le maire de Rawdon, Raymond Rougeau.

Neuf pompiers du service incendie de Rawdon ont été mobilisés pour aider les jeunes à quitter le terrain, dans cette opération de sauvetage, qui a duré plus de quatre heures. « Ils les ont évacués dans des petites embarcations, trois à la fois », a confirmé le maire, qui explique que les jeunes qui auraient voulu tenter de traverser et se réfugier sur la terre ferme par eux-mêmes risquaient de « partir avec le courant ».

Personne n’a cependant été blessé. « On peut dire “plus de peur que de mal” », a lancé le maire, en entrevue avec La Presse.

D’importants dégâts sur les routes

Au total, une trentaine de routes ont subi des dégâts. Lundi, de nombreuses routes étaient encore endommagées – voire impraticables –, a constaté La Presse sur place. Près d’une centaine de personnes étaient encore enclavées en milieu de journée, mais grâce aux travaux d’urgence effectués toute la nuit et au cours de la journée, 95 % d’entre elles pouvaient de nouveau circuler en fin d’après-midi, selon le directeur général de la ville, Marc-André Plante.

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La mairesse de Chertsey, Michelle Joly, et Marc-André Plante, directeur général et coordinateur des mesures d’urgence

Plusieurs chemins endommagés pourraient cependant nécessiter plus de travaux, ce qui pourrait prendre du temps, a précisé la mairesse Michelle Joly pendant un point de presse. « L’ensemble des ouvrages de nos lacs sont sous contrôle et sécuritaires », a-t-elle indiqué en fin de journée.

« C’était vraiment impressionnant, notre terrain était devenu un lac », témoigne Normand Dumas, un résidant de Chertsey qui vit rue de l’Église. La route près de chez lui a été endommagée en l’espace de « quelques minutes », lorsque le lac situé en amont de sa résidence a débordé. Un barrage a également cédé non loin de chez lui.

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Normand Dumas

C’est la cinquième fois que ça arrive. À chaque fois, la municipalité doit refaire la route. Ça n’a pas de sens.

Normand Dumas

Aucune résidence n’a été inondée à part quelques « situations mineures », a indiqué à La Presse Marc-André Plante. Il n’y a pas eu de malaise ou d’accident à sa connaissance, mais une jeune mère s’est retrouvée à court de lait pour son bébé. Les secours sont intervenus à VTT pour l’emmener dans une pharmacie et lui permettre d’en acheter.

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Lundi matin, de nombreuses rues étaient encore endommagées, voire impraticables.

De son côté, Richard, qui vit depuis une douzaine d’années sur le chemin Michel, s’est tout de suite attelé à la tâche pour déblayer l’allée devant chez lui. Il restera néanmoins à reboucher les trous béants laissés dans l’asphalte après le passage de l’eau. « Ça nous était déjà arrivé, mais jamais à ce point-là, précise-t-il. On est quand même chanceux. Ailleurs, c’est vraiment pire. »

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Richard déblaye l’allée devant chez lui

Des propriétaires rentrés en catastrophe

Jacques Forget est revenu de Montréal en catastrophe quand il a appris la nouvelle à la radio. Sa résidence, située au bord du lac des Cygnes, n’a heureusement subi aucun dégât majeur, mais l’eau est montée de près d’un mètre au niveau du déversoir du lac.

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Jacques Forget

On a été chanceux. Au printemps, ici même, on a eu de l’eau jusqu’aux chevilles.

Jacques Forget

Un voisin croisé près de chez lui a ajouté qu’il n’avait jamais vu le niveau d’eau de la rivière Ouareau aussi haut. « Ce qu’on redoute, c’est qu’un jour, la digue ne tienne plus », confie-t-il.

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Le niveau d’eau de la rivière Ouareau est très haut après les pluies des derniers jours.

Marc-André Plante a indiqué que des mesures seraient prises pour éviter que la situation se reproduise à l’avenir, en abaissant notamment le niveau d’eau du lac des Cygnes. Une décision qui pourrait soulager les résidants vivant en aval, mais mécontenter ceux en amont.

« Dans un contexte de changement climatique, il est difficile de gérer la variation des niveaux d’eau. On est en train de réaliser une étude indépendante sur les différents bassins versants, dont le lac des Cygnes, pour trouver un compromis acceptable et éviter les débordements », a-t-il indiqué en entrevue avec La Presse.

Les citoyens sont encouragés à signaler tout dommage, notamment au niveau des fosses septiques, auprès de la municipalité.

Avec Thomas Emmanuel Côté, La Presse et La Presse Canadienne