(Montréal) David Lemieux a battu Maksym Bursak. On ne peut pas dire pour autant qu’il a réussi sa rentrée chez les super-moyens.

Lemieux (41-4, 34 K.-O.) a remporté une décision partagée même s’il a visité le tapis deux fois, contre une seule pour Bursak (35-6-2, 16 K.-O.). Les juges Richard Blouin et Pasquale Procopio ont remis des cartes de 94-93 en sa faveur. Jean Gauthier a aussi vu le combat 94-93, mais en faveur de l’Ukrainien.

PHOTO PETER MCCABE, LA PRESSE CANADIENNE

« Ça m’a pris une couple de rounds pour faire passer la rouille causée par mes 15 mois d’inactivité, a mentionné Lemieux. Ça a été long avant que j’entre dans le combat, mais au fur et à mesure que les rounds passaient, je me sentais de mieux en mieux. »

« Notre plus grosse erreur a été de le laisser 15 mois sans boxer, a pour sa part indiqué Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management. Nous avions une date en septembre, mais les négociations ont achoppé. Ç’a retardé le tout. C’est difficile pour un boxeur de se motiver à l’entraînement quand tu n’as pas une date et un adversaire. David est très consciencieux, il fait tout ce qu’il a à faire. Mais s’entraîner pour s’entraîner, ce n’est pas la même chose. »

Le boxeur de l’Ukraine a surpris Lemieux dès le premier round, l’envoyant au tapis une fois en plus de voir le Québécois être sauvé par les câbles en une autre occasion. En plus de cette chute, Lemieux a de nouveau été envoyé au canevas au cinquième, une gauche au corps couronnant une combinaison violente de l’Ukrainien.

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« Il est solide, a admis Lemieux. Il m’a surpris avec quelques bons coups. Dans le coin, Marc [Ramsay, son entraîneur] n’était pas content, car je ne suivais pas le plan de match. […] Je ne suis aucunement satisfait de ma performance. Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. On a vraiment sous-estimé les 15 mois d’inactivité. C’est ce qui m’a fait le plus mal. »

« Une fois que tu vas au tapis aussi tôt, t’es obligé de passer au plan B, a expliqué Ramsay. Mais nous n’étions pas en mode panique : nous étions déjà passé par là et j’ai dit à David qu’il nous restait encore neuf rounds.

« C’était toutefois un combat très serré, a-t-il ajouté. Tellement serré que j’ai "bluffé" David en lui disant après le septième que nous avions absolument besoin d’un K.-O. »

Ce n’est pas que Lemieux n’a pas connu de bons moments, au contraire. Le quatrième avait été le sien, puis au sixième, Lemieux a été incisif. Il a d’abord solidement ébranlé Bursak d’un crochet de gauche. Bursak en est ressorti l’œil droit tuméfié. Quelques secondes plus tard, Lemieux a soulevé le Centre Bell en envoyant Bursak au tapis d’une violente gauche au menton, de loin sa meilleure arme samedi.

Aux huitième et neuvième, Lemieux a semblé oublié qu’il avait une main droite. Allez savoir pourquoi. Le boxeur a confirmé après le combat qu’il n’était pas blessé.

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« C’était d’autant plus frustrant que je lui demandais de s’en servir davantage, a indiqué Ramsay. Quand il plaçait sa droite avant de lancer sa gauche, nous marquions des points. Quand il lançait sa gauche pour obtenir un coup de circuit, Bursak avait l’avantage de la distance avec sa droite. »

Au 10e, il a livré un round endiablé, passant bien près de niveler la marque au niveau des chutes au tapis, mais Bursak a su résister.

Reste à savoir à quel point cette performance affectera la suite des choses pour le Québécois, qui a assurément beaucoup de pain sur la planche. De demeurer à 168 livres pourrait même être remis en question.

« C’est une décision qu’on va prendre en équipe », a insisté Estephan, qui avait pourtant juré il y a quelques mois que Lemieux ne se battrait plus jamais à 160 livres.

« On voulait un bon test et on l’a eu, a ajouté Ramsay. Il va falloir s’asseoir et en discuter. Pas seulement au niveau du poids, mais au niveau de la performance qui a été offerte. Je pense qu’on aurait besoin d’un autre combat de ce type-là afin de bien évaluer ce qu’on a. L’inactivité de David nous a joué un bon tour. »

Accorder une revanche à Bursak est-il dans les cartes ?

« Ce n’est pas une méchante idée, a dit Ramsay. C’est un gars qui apporte beaucoup de choses. C’est ce qu’on veut pour nos gars : une problématique globale, pas des boxeurs qui ne sont qu’unidimensionnels. »