Que reste-t-il à Québec de l’espoir de revoir les Nordiques ? La Presse a fait un voyage en autocar jusqu’à New York avec 200 fous de hockey de la capitale. Après 20 heures d’autocar aller-retour, le verdict est sans appel : l’espoir a quasiment disparu et le chandail des Nordiques se fait rare.

(Québec et New York) Il est 4 h 45 du matin jeudi à Québec, et le stationnement du Boston Pizza Lebourgneuf grouille de monde.

Dans la noirceur, des silhouettes se détachent. On aperçoit d’abord les autocars, puis des dizaines de passionnés de hockey avec leur petite valise. Direction New York, pour voir les Islanders de Patrick Roy affronter le Canadien de Montréal.

La scène rappelle les plus beaux jours de la Nordiques Nation, lorsqu’au tournant des années 2010, des centaines de partisans de Québec voyageaient en autocar aux quatre coins de la Ligue nationale de hockey (LNH) avec un objectif commun : le retour des Nordiques.

  • L’instigateur du voyage, l’animateur Jérôme Landry, flanqué de Nella Basque et de Florent Gobeil, se font immortaliser devant l’autocar dans une halte routière en direction de New York.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’instigateur du voyage, l’animateur Jérôme Landry, flanqué de Nella Basque et de Florent Gobeil, se font immortaliser devant l’autocar dans une halte routière en direction de New York.

  • Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

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    Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

  • Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

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    Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

  • Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

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    Les amateurs de Québec arrivent au UBS Center.

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« Ça me rappelle des souvenirs. À ce temps-ci de l’année, il y a 14 ans, on était partis voir les Devils du New Jersey à 31 autobus. Il y avait 1500 personnes. On avait acheté un panneau à Times Square », se souvient Jérôme Landry, qui avec d’autres animateurs de la station FM93 a lancé l’idée de ce voyage de deux jours.

Cette fois-ci, « seulement » quatre autocars sont partis de Québec. Mais Landry assure qu’il aurait pu en remplir dix, seulement il manquait de chauffeurs et de véhicules.

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Patrick Roy avant le match contre le Canadien à New York

Le but a aussi changé : il est question cette fois-ci d’aller encourager l’ancien entraîneur des Remparts. À ce chapitre, le voyage a été réussi. Roy a remporté son match, les partisans de Québec semblaient satisfaits.

Mais Landry admet qu’il est difficile de ne pas faire de parallèles avec les nombreux voyages de la Nordiques Nation.

« De voir 200 personnes qui se lèvent comme ça à 4 h du matin et vont voir Patrick Roy coacher, veux, veux pas, même si ce n’est pas ça l’objectif, ça prouve que Québec est un des meilleurs marchés de hockey au monde. »

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L’ambiance a changé du tout au tout depuis les voyages de 2010. Le rêve semblait à portée de main. Maintenant, plus personne ne se berce d’illusions.

Tout a changé

Mais là s’arrêtent les parallèles. L’ambiance a changé du tout au tout depuis les voyages de 2010. À l’époque, la LNH comptait 30 équipes, les partisans de Québec espéraient un déménagement des Coyotes de l’Arizona et la construction du Centre Vidéotron commençait tout juste.

Le rêve semblait à portée de main. Maintenant, plus personne ne se berce d’illusions.

« Il y a 10 ans, j’y croyais. Quand il y avait eu l’affaire de la pelle bleue. Me semble qu’on était beaucoup, c’était encourageant. On attendait le nouvel amphithéâtre », se souvient Lili Arbour, 63 ans, qui a fait le voyage avec sa mère de 90 ans.

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Durant ce voyage, peu de partisans arboraient le chandail des Nordiques.

« Là, on l’a, l’amphithéâtre. Mais je pense qu’il a été construit trop vite. »

Le Centre Vidéotron va fêter ses 10 ans l’année prochaine. Il prend de l’âge. Un audit récent d’une firme d’ingénierie a conclu que le système de contrôle d’accès des portes et des ascenseurs était « en fin de vie utile ». L’agglomération de Québec vient de débloquer 350 000 $ pour le mettre à jour.

À l’époque de la Nordiques Nation, les partisans de Québec se faisaient un point d’honneur de porter leur plus beau chandail des Nordiques. Près de 15 ans plus tard, dans ce voyage, ils se font rares.

Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails bleu poudre. Le but est de soutenir Patrick Roy, soit. Mais l’image est frappante.

  • Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

  • Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

  • Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

  • Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

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    Les quelque 200 partisans de Québec ont des chandails des Remparts, des Islanders, du Canadien… et quelques très rares chandails des Nordiques.

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« Je pense que les gens ont abandonné. Ce n’est plus la Nordiques Nation. C’est plate, parce qu’on avait du fun, on était des fois 15, 16 autobus », se souvient Michel Tremblay.

Avec son frère Alain, il avait participé aux expéditions des années 2010 à New York, au New Jersey, à Detroit… Jeudi soir, il portait encore son chandail des Nordiques, bien assis dans le UBS Arena. Mais même lui admet qu’il a un peu abandonné…

« Au bureau, je disais comme joke que j’allais prendre ma retraite quand les Nordiques reviendraient, raconte l’homme de 66 ans. J’en ai encore pour un petit bout, on dirait ! »

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Dans l’autocar en direction de New York, Jérôme Landry joue son rôle de guide.

Une claque de plus

Dans l’autocar en direction de New York, Jérôme Landry joue son rôle de guide. « Je ne suis pas certain d’avoir téléchargé mon billet sur mon téléphone », lui indique un participant. L’animateur l’aide à régler son problème.

À un autre moment, avec New York en vue, il tente de dérider l’auditoire aux traits tirés par le départ matinal. « On va emprunter un des 122 liens pour entrer à New York. Mais c’est vrai que ce n’est pas Québec, et c’est encore moins Lévis », lance-t-il, une allusion au troisième lien qu’il défend depuis des années sur ses tribunes.

  • Ambiance au UBS Center durant le match

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    Ambiance au UBS Center durant le match

  • Des partisans du Canadien dans les gradins du UBS Center

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    Des partisans du Canadien dans les gradins du UBS Center

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L’atmosphère est aux rires. On va voir un match de hockey après tout, et vendredi matin, ce sera la visite de New York. Mais Landry ne peut s’empêcher de sourire devant les coups du destin.

Mercredi, la veille du départ, la nouvelle est tombée comme une bombe dans la LNH : la Ligue serait en négociation pour déplacer les Coyotes de l’Arizona à Salt Lake City. Le prix de la franchise ? Un mirobolant 1,8 milliard de dollars canadiens.

Les Coyotes… Les amateurs de Québec ont longtemps salivé à l’idée de voir cette franchise maudite déménager dans le Centre Vidéotron alors tout neuf. Une autre piste qui s’éteint.

« Je ne suis pas surpris de ça, je n’ai pas de déception, dit-il. Ce qui me décevrait le plus, c’est qu’Atlanta entre dans la Ligue nationale avant nous autres, qu’Atlanta ait une troisième chance avant que nous autres, on en ait une deuxième. »

« Ça se pourrait très bien que ça se passe. Honnêtement si ça arrive, je me demande si je vais encore suivre la Ligue nationale. Je me demande si je vais encore encourager cette ligue-là », lâche celui qui était hier encore un des militants les plus acharnés pour un retour des Nordiques.

  • Florent Gobeil, 80 ans, avait revêtu sa plus belle veste des Nordiques.

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    Florent Gobeil, 80 ans, avait revêtu sa plus belle veste des Nordiques.

  • Jérôme Landry en compagnie de Nella Basque et de Florent Gobeil

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    Jérôme Landry en compagnie de Nella Basque et de Florent Gobeil

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Pour les plus vieux, ce nouveau revers pour Québec prend une dimension presque dramatique. « On espérait. Mais on espère de moins en moins. Ça nous fait de la peine, parce qu’à l’âge qu’on a, on ne les verra peut-être jamais », lâche Florent Gobeil, 80 ans, qui avait revêtu sa plus belle veste des Nordiques pour le voyage.

« Quand ils sont partis, moi, j’ai eu l’impression que Québec avait régressé de 10 ans » rajoute sa femme, Nella Basque.

Mathieu Boutin a quant à lui vécu ce voyage vers New York comme une espèce de rite de passage. Il a amené avec lui son fils Alex, 12 ans.

Mathieu a connu les trois dernières saisons des Nordiques. Son père l’amenait aux matchs. Mais son fils est né bien après le départ de l’équipe en 1995. L’amener voir Patrick Roy, les Islanders et le Canadien, c’est une façon de lui faire goûter à l’intensité d’une Ligue qui a depuis belle lurette quitté la capitale.

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Patrick Roy a remporté son match, au grand bonheur des partisans de Québec.

Mathieu Boutin voit bien que le souvenir des Nordiques s’effrite avec les années qui passent.

Ceux de plus de 40 ans ont encore un attachement aux Nordiques. Mais chez les jeunes à Québec, c’est le Canadien. Le souvenir se perd un peu avec le temps.

Mathieu Boutin

Mathieu Boutin esquisse un sourire dépité, replace sa casquette des Nordiques et remonte dans l’autocar.