(Tokyo) Lorsqu’il a commencé à plonger au Club aquatique de Pointe-Claire, il y a une dizaine d’années, Nathan Zsombor-Murray tentait d’imiter les mouvements de son idole. Vincent Riendeau.

Lundi après-midi, les deux jeunes hommes se sont retrouvés côte à côte. Sur la même plateforme. En finale olympique du 10 m synchronisé. Un moment précieux – d’autant qu’il s’agissait de la toute dernière compétition internationale de l’aîné. Riendeau, 24 ans, entend maintenant se consacrer à ses études en génie électrique.

Il n’a pas pris sa décision sur un coup de tête. Elle est mûrement réfléchie. Sa dernière année, marquée par la pandémie, fut particulièrement difficile. Ses genoux lui faisaient mal. Ses performances en duo n’étaient pas toujours à la hauteur de ses attentes. Puis, la semaine dernière, à quelques jours seulement de son chant du cygne, il s’est blessé à l’entraînement. Assez sérieusement pour envisager de céder sa place en finale. « Il y a eu une petite incertitude pendant deux jours », a-t-il reconnu.

Mais grâce aux soins spéciaux de son thérapeute et à une expertise acquise après « 10 ans de problèmes au dos », Vincent Riendeau a pu avoir droit à une sortie digne de sa carrière. Sous les projecteurs. Dans la compétition la plus relevée qui soit. Un dernier tour de piste pleinement mérité.

Il a savouré chaque moment. Bon, ce n’était pas une performance impeccable. Le cinquième saut les a fait passer du quatrième au sixième rang. Mais Vincent Riendeau et Nathan Zsombor-Murray avaient gardé leur meilleur saut pour la fin. Une très belle exécution leur a permis de terminer au cinquième rang.

Les deux jeunes hommes étaient très satisfaits de leur performance.

« On est très contents, a indiqué Riendeau. Très soulagés aussi. Ce fut une année difficile. Il y a eu plusieurs obstacles. [Aujourd’hui], ça n’a pas été parfait. Mais c’est un de nos meilleurs pointages [à vie]. On a fait de très bons plongeons. On sort de cette épreuve-là avec un sourire sur notre face. »

Vincent Riendeau a consacré 19 ans au plongeon. Il en a 24. Ça vous donne une idée de la place importante qu’a prise ce sport dans sa vie. Ça doit être difficile de quitter un milieu qui a défini toute notre adolescence et notre vie adulte.

« Étais-tu émotif ? », lui ai-je demandé.

« Émotif ? Pas tant que ça. J’ai beaucoup pensé [à ma retraite] dans les dernières semaines. À ce que ça voulait dire pour moi. À comment j’allais gérer tout ça. Ma copine [la plongeuse Caeli McKay] est dans le sport elle aussi. Elle fait le synchro avec Meaghan Benfeito. Elle va continuer. Moi ? Je sais que le plongeon va toujours faire partie de ma vie. J’ai hâte au futur. Je vais peut-être m’impliquer dans les clubs. Je suis content de savoir que je vais possiblement rester dans le plongeon. »

Sa retraite marque aussi la fin de sa collaboration étroite avec Nathan Zsombor-Murray. Une relation particulière. Les deux viennent de Pointe-Claire. Les deux ont grandi au sein du même club. Les deux ont eu le même entraîneur, Yihua Li.

« Quand j’étais petit, a confié Nathan, Vincent était mon idole. Je voulais faire du synchro avec lui tous les jours. Je m’amusais avec lui. Faire du synchro [à ses côtés], ça m’a permis de m’améliorer comme plongeur, mais aussi comme personne. J’ai appris tellement de choses de lui. Chaque jour que je plongeais avec lui, j’étais heureux. »

Vincent, souriant, a aussi rendu hommage à son jeune coéquipier, qui poursuivra sa carrière en synchro avec un nouveau partenaire, Rylan Wiens.

« Les deux, on a appris un de l’autre. Même si je suis plus vieux. Que j’ai plus d’expérience. Nathan, il a des nerfs d’acier. Ce fut un honneur de partager les deux dernières années avec lui, et de pouvoir participer aux Jeux ensemble. »

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Vincent Riendeau et Nathan Zsombor-Murray

Avant de se quitter, j’avais une dernière question pour Vincent Riendeau. Je voulais savoir ce qu’il avait le plus aimé dans toutes ses années de plongeon.

« C’est une grosse question ! »

Il a pris un instant pour y penser.

« La dernière année m’a beaucoup fait réfléchir. M’a fait apprécier le sport que j’ai fait. Puis les petites choses dans le sport. Comme les étapes qu’on surmonte. Jour après jour. Ça nous apprend la résilience. Je le réalise maintenant, ce sont des valeurs comme ça que j’ai apprises grâce au plongeon. Et que je vais retenir pour le reste de ma vie. »