En matière d’habitat, la chanson est bien connue. Quand les enfants quittent le nid, les parents cherchent plus petit. Mais pas toujours. Apparemment, Marissa et Joseph Nuss ne connaissent pas la ritournelle. Quand leurs deux fils aînés ont quitté la maison familiale, les parents ont cherché plus grand !
« Notre cadet demeurait encore avec nous. Il nous a semblé normal d’acheter une maison spacieuse. En plus, il nous fallait un endroit pour accueillir la famille qui s’agrandirait », explique Marissa le plus sérieusement du monde.
Car voyez-vous, la propriété qu’ils ont dénichée il y a 21 ans fait plus de 6000 pi2. Oui, vous avez bien lu. Sept chambres, cinq salles de bains, trois salons, une immense salle à manger et un sous-sol qui, autrefois, logeait les sept membres du personnel lors de sa construction, au début du XXe siècle. Tout ça réparti sur quatre niveaux. Pourquoi si grand ? « On ne pensait pas qu’elle le serait autant, avoue Joseph. Surtout qu’elle est un peu plus vaste que la précédente où on a élevé nos trois fils. Mais on s’en est très bien accommodés. Nous occupons tous les espaces. »
Et puis, la maison venait avec plein de promesses. « Good bones », explique Marissa, qui apprécie les cachets anciens. On pourrait traduire par une maison solide, avec du potentiel, mais qui n’a pas besoin d’être transformée. Effectivement, de chaque côté du seuil, on a l’impression de se laisser transporter dans le temps.
Mais d’abord, il faut la trouver.
Le charme discret de la bourgeoisie
La maison du couple est assise dans une cour intérieure du centre-ville qui comprend 17 maisons de ville. Ce quartier avoisinant le Musée des beaux-arts de Montréal compte quelques-unes de ces cours discrètes. De petites oasis à l’abri du monde garantissant la quiétude alors qu’on est à moins de 100 mètres de la rue Sherbrooke.
Le quartier lui-même est au cœur du Mille carré doré, où logent de luxueuses propriétés urbaines bâties au tournant du XXe siècle, nommé ainsi en raison de ses propriétaires et de sa surface qui fait environ un mille carré. À cette époque, il regroupait les plus grandes fortunes du Canada. On raconte que durant l’âge d’or du quartier, entre 1870 et 1900, 70 % de la richesse du pays était détenue par une cinquantaine de familles : des propriétaires de chemins de fer, de transporteurs maritimes, de mines, de l’industrie de la fourrure ou de la finance.
La plupart des propriétés aux allures britanniques ont été construites entre 1850 et 1930. Celle qui nous intéresse a été érigée en 1923. C’est la plus vaste du complexe. Son charme d’époque a séduit la famille Nuss.
Charme et souvenirs
« On n’aime pas beaucoup les constructions modernes, confirme l’énergique septuagénaire. Ici, on se sent bien. » Pour appuyer ses propos, Marissa nous décrit ses meubles et objets qui lui sont chers. Au fil du temps, le couple marié depuis 51 ans a rempli son univers avec des pièces ayant appartenu à la famille. Des porcelaines et de jolies pièces héritées ou dénichées dans des brocantes ou lors de voyages, et des éléments personnels telles les photos de famille. Les pièces de la maison leur servent de vitrines. Des espaces qui ont leur histoire.
Les gens rénovent les maisons en retirant les cloisons et en uniformisant les pièces. Je préfère que chaque pièce ait sa vocation, son utilité qui lui est propre.
Marissa Nuss, propriétaire
Le couple a choisi de conserver des éléments d’origine. Ainsi, dans chacune des trois pièces-penderies (dressings) rattachées à la chambre principale se trouvent encore les tiroirs et les armoires intégrés du début. La salle à manger est séparée de la cuisine et est accessible par une porte battante, comme autrefois. Le couple a conservé les quatre foyers au bois de la maison, qui pourraient être convertis au gaz ou à l’électricité. Toutes les portes sont d’origine.
Seules les salles de bains (il y a aussi une très intéressante salle d’eau dans le vestibule) et la cuisine ont connu un lifting complet. « J’aimais bien l’ancienne cuisine, confie Joseph, qui a fini par céder aux insistances de sa femme. On l’a finalement rénovée, il y a deux ans. » Mais pas question de lui donner des airs de laboratoire stérile (Marissa n’aime pas beaucoup les cuisines blanches), les armoires de la cuisine ont des façades gris foncé, presque anthracite. Le compromis : les surfaces de travail en quartz et en marbre sont blanches.
Cette maison et son environnement ont comblé le couple, mais avec ses 55 marches, du sous-sol au troisième, il est temps de passer à un milieu de vie sur un seul niveau. Où iront les Nuss ? Le plus près possible de leur chère maison, dans un condo, idéalement avec « une intégrité architecturale ». Lire, avec du charme.
> Consultez la fiche de la propriété
La propriété en bref
Prix demandé : 4 495 000 $
Année de construction : 1923
Pièces : 13 pièces, 7 chambres, 5 salles de bains, 1 salle d’eau, 4 foyers. Cuisine et SDB entièrement rénovées.
Superficie de l’appartement : 6000 pi2
Évaluation municipale : 2 529 000 $
Impôt foncier : 16 791 $
Taxe scolaire : 2198 $
Courtière : Alfee Kaufman, Sotheby’s International Realty Québec LK