(Washington) Les Émirats arabes unis ont menacé mardi d’annuler leur achat d’avions de combat F-35 auprès des États-Unis, en protestant contre des conditions jugées trop strictes, sur fond de méfiance américaine à l’égard de la Chine.

Les deux pays ont toutefois dit espérer parvenir à résoudre leur désaccord.  

« Les Émirats ont informé les États-Unis qu’ils allaient suspendre les discussions » pour acquérir la cinquantaine de F-35, a indiqué un responsable émirati.

« Des exigences techniques, des restrictions opérationnelles souveraines et une analyse coûts/bénéfices ont conduit à cette réévaluation », a-t-il ajouté.

L’alternative : des Rafale français

Cette annonce intervient après que les Émirats ont signé début décembre un accord pour une commande record de 80 avions de combat français Rafale pour 14 milliards d’euros (15,8 milliards de dollars américains) lors d’une visite du président Emmanuel Macron, démontrant que l’État du Golfe possède des alternatives.

Mais selon le responsable émirati, les États-Unis restent « le fournisseur préféré des Émirats » pour les équipements avancés et, malgré la suspension annoncée des discussions sur les F-35, une délégation émiratie visite Washington cette semaine pour des pourparlers.

« Nous espérons pouvoir résoudre tous les problèmes en suspens », a dit un porte-parole du département d’État.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a de son côté affirmé qu’il était d’usage de discuter des exigences avant tout transfert de technologie.

Ces exigences « et la protection des équipements de défense américains sont universelles, non négociables et non spécifiques aux Émirats », a-t-il dit.

Des élus du parti démocrate de M. Biden avaient tenté, en vain, de bloquer la vente, arguant notamment de la participation des Émirats à l’offensive au Yémen par la coalition emmenée par l’Arabie saoudite.

La Chine de plus en plus présente

Des responsables américains sont également de plus en plus préoccupés par l’implication de la Chine auprès de cet allié américain, notamment avec des travaux dans un port près de la capitale Abou Dabi.

Selon le Wall Street Journal, les États-Unis insistent sur certaines conditions pour s’assurer que les F-35 ne soient pas vulnérables à l’espionnage chinois.

Les Émirats souhaitaient depuis longtemps acquérir des F-35 et des drones MQ-9 « Reaper », mais Israël s’y opposait pour maintenir sa supériorité technologique. L’État hébreu a reçu des assurances de la part des États-Unis à ce sujet.

La vente, approuvée dans les dernières semaines du mandat de Donald Trump, après l’accord de normalisation des relations entre les Émirats et Israël, porte sur 50 chasseurs furtifs F-35, 18 drones armés MQ-9 et des missiles air-air et air-sol, pour un montant de 23 milliards de dollars.