La Jordanie, en proie à une crise économique qui a provoqué début juin une vague de manifestations sociales, s'est dotée jeudi d'un nouveau gouvernement qui a prêté serment devant le roi Abdallah II.

Cette contestation populaire, inédite depuis des années, ciblant un projet de loi fiscale et une hausse des prix du carburant et de l'électricité, a contraint il y a dix jours le premier ministre Hani Mulqi à la démission.

Ce projet de loi très contesté a été officiellement retiré jeudi par les autorités, comme elles l'avaient promis la semaine dernière.

Le nouveau premier ministre Omar al-Razzaz a formé un gouvernement de 28 ministres, dont 14 ont conservé leur portefeuille. Il compte sept femmes.

Les ministres des Affaires étrangères Aymane Safadi et de l'Intérieur Samir Ibrahim al-Mabidine conservent leur poste.

Le portefeuille de la Défense revient à M. Razzaz, nouveau chef du gouvernement.

Le gouvernement compte notamment des nouveaux ministres des Finances, du Plan et de la Coopération internationale et du Développement régional.

Désigné le 4 juin, M. Razzaz est un économiste de 58 ans qui était ministre de l'Education dans le gouvernement sortant. Diplômé de l'université américaine Harvard, il avait représenté la Banque mondiale au Liban entre 2002 et 2006.

Le royaume jordanien, largement dépendant des aides étrangères et dépourvu de ressources naturelles, s'est engagé auprès du Fonds monétaire international (FMI) à réduire sa dette publique en échange d'un prêt de plusieurs centaines de millions d'euros.

Avec 18,5% de chômage, 20% des habitants vivant à la limite du seuil de pauvreté et des hausses de prix répétées, le projet de loi fiscale avait déclenché des manifestations de plusieurs jours à Amman et dans les grandes villes du pays.

Dès sa première réunion jeudi, le gouvernement de M. Razzaz a décidé de «retirer officiellement» ce texte, selon son site officiel.

Dans un discours, M. Razzaz  s'est engagé à lancer un «dialogue national» afin de «parvenir à un système fiscal juste pour tous».

Il a promis de tout mettre en oeuvre pour «instaurer une justice sociale» dans le pays, où la classe moyenne a été au coeur des récentes manifestations.

Le texte retiré prévoyait notamment une augmentation entre 5% et 25% de l'impôt sur le revenu pour les particuliers et imposait les personnes ayant un salaire annuel supérieur à 8000 dinars (environ 9700 euros).

Face à la contestation sociale, trois monarchies pétrolières du Golfe, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, sont venues à la rescousse en accordant à la Jordanie une aide de 2,5 milliards de dollars.

L'enveloppe, annoncée à l'occasion d'un sommet dans la ville sainte de La Mecque, comprend un acompte versé à la banque centrale de Jordanie, une garantie de la Banque mondiale, un soutien budgétaire sur cinq ans et le financement de projets de développement, selon l'agence officielle saoudienne Spa.

Donnant la réplique à Riyad et Abou Dhabi, avec lesquels il est en crise diplomatique, Doha avait annoncé mercredi la création au Qatar de 10 000 emplois pour des Jordaniens et une aide de 500 millions de dollars d'investissements à la Jordanie.

L'Union européenne avait elle annoncé dimanche une nouvelle aide de 20 millions d'euros à Amman, pour des projets en faveur des «plus vulnérables».