(Washington) Le président américain Joe Biden a jugé jeudi que les menaces russes d’utilisation de l’arme nucléaire dans le conflit en Ukraine faisaient courir au monde un risque d’« apocalypse » pour la première fois depuis la crise des missiles de Cuba, en pleine Guerre froide.

« Nous n’avons pas été confrontés à la perspective d’une apocalypse depuis Kennedy et la crise des missiles cubains » en 1962, a-t-il déclaré lors d’une collecte de fonds à New York, au cours de laquelle il a estimé que son homologue russe Vladimir Poutine « ne plaisantait pas » en proférant ces menaces.

« Il existe, pour la première fois depuis la crise des missiles cubains, une menace directe d’utilisation d’armes nucléaires si les choses continuent de suivre la voie qu’elles empruntent actuellement », a encore dit le président américain.

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Le président John F. Kennedy accompagné de l’ambassadeur soviétique Anatoli Dobrynine en avril 1962.

Du 14 au 28 octobre 1962, la crise des missiles installés à Cuba par l’Union soviétique et repérés par les États-Unis avait fait trembler la planète, laissant craindre une guerre nucléaire.

Confronté à une résistance ukrainienne tenace, alimentée par l’aide militaire occidentale, Vladimir Poutine a fait une allusion à la bombe atomique dans un discours télévisé le 21 septembre.

Il s’était dit prêt à utiliser « tous les moyens » dans son arsenal face à l’Occident, qu’il avait accusé de vouloir « détruire » la Russie. « Ce n’est pas du bluff », avait-il assuré.

Selon les experts, de telles attaques emploieraient probablement des armes nucléaires tactiques — plus petites en charge explosive qu’une arme nucléaire stratégique.

Mais Joe Biden a prévenu que même une frappe nucléaire tactique risquerait de déclencher une conflagration plus large.

« Je ne pense pas qu’on puisse facilement (utiliser) une arme nucléaire tactique sans finir par provoquer l’apocalypse », a-t-il dit.

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Le président russe Vladimir Poutine

Vladimir Poutine « ne plaisante pas quand il parle d’un usage potentiel d’armes nucléaires tactiques ou d’armes biologiques ou chimiques, car son armée, on pourrait le dire, est très peu performante », a encore jugé le président américain.

« Nous essayons de comprendre quelle est la porte de sortie de Poutine », a enfin confié Joe Biden.

« Comment peut-il s’en sortir ? Comment peut-il se positionner de façon à ni perdre la face, ni perdre une portion significative de son pouvoir en Russie ? »