(Rome) Le pape François 1er a qualifié lundi de criminelle la persistance de la faim dans un monde qui peut produire suffisamment de nourriture pour tous.

Le pape s’appuyait sur un avertissement du secrétaire général des Nations unies, qui soutenait plus tôt lundi que le changement climatique et les conflits étaient à la fois une conséquence et un moteur de la pauvreté et de l’inégalité des revenus.

Antonio Guterres a déclaré dans un message vidéo lors d’une rencontre internationale à Rome que le système alimentaire mondial génère un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Ce même système est responsable de 80 % de la perte de biodiversité, a-t-il déploré.

Cette rencontre a été organisée en préparation d’un sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires, en septembre prochain à New York.

Dans un message écrit qui a été lu aux participants à la rencontre, le pape François 1er a déclaré que la pandémie nous avait « confrontés aux injustices systémiques qui minent notre unité en tant que famille humaine ». Il a déclaré que les personnes les plus pauvres du monde, mais aussi la planète souffrent des « dommages que nous lui infligeons par l’utilisation et l’abus irresponsables des biens que Dieu y a placés ».

Le chef de l’Église catholique a ajouté que si de nouvelles technologies sont développées pour augmenter la capacité de produire de la nourriture sur Terre, l’activité humaine continue à endommager le patrimoine de la nature.

L’humanité continue d’exploiter la nature jusqu’à la stérilisation, élargissant ainsi non seulement les déserts extérieurs, mais aussi les déserts spirituels intérieurs.

Le pape François 1er

Le pape a qualifié ce « scandale » de la faim dans le monde de « crime qui viole les droits fondamentaux de la personne ».

Plus tôt ce mois-ci, un rapport des Nations unies a noté que jusqu’à 161 millions de personnes supplémentaires avaient souffert de la faim l’année dernière, comparativement à 2019 ; une grande partie de cette souffrance accrue est probablement liée à la pandémie de COVID-19.

« La pauvreté, l’inégalité des revenus et le coût élevé des aliments continuent de maintenir une alimentation saine hors de portée de quelque 3 milliards de personnes », a déclaré lundi M. Guterres.

L’idée du sommet a été lancée en 2019 quelques mois avant le début de la pandémie, mais le premier ministre italien, Mario Draghi, a déclaré lundi que cette crise sanitaire rendait encore plus urgentes les menaces à la sécurité alimentaire.

M. Draghi a souligné que l’indice des prix des matières premières agricoles avait bondi de 30 % par rapport à janvier 2020 — juste avant la pandémie.

Le Fonds international de développement agricole a appelé les décideurs à « remédier aux défaillances des systèmes alimentaires », qui laissent des centaines de millions de personnes pauvres et affamées. Le Fonds est une agence des Nations unies qui vise à aider l’agriculture à petite échelle. Il a lancé un appel pour une production alimentaire qui « protège l’environnement et la biodiversité, et où les personnes qui produisent notre nourriture sont payées décemment pour leur travail ».

En 2020, jusqu’à 811 millions de personnes dans le monde étaient confrontées à la faim, selon le rapport de l’ONU publié plus tôt ce mois-ci.

L’économiste en chef de l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, basée à Rome, a déclaré que pour sortir de la sous-alimentation chronique 100 millions de personnes, il faudrait 14 milliards US supplémentaires chaque année jusqu’en 2030 — et près du triple de ce montant pour atteindre l’objectif de l’ONU d’éliminer la faim dans le monde d’ici 2030.